191 – LA GRIVE MUSICIENNE

En Provence c’est l’époque de la chasse à la grive. Elles viennent en bandes s’éparpiller dans les vignes pour picorer quelques grains de raisins oubliés par les vendangeurs.

Grive musicienne

   Il existe quatre variétés de grives : la musicienne, la grive draine, la grive mauvis et la litorne. A l’automne, elles migrent vers le sud de L’Europe pour passer l’hiver. Les chasseurs du pays en profitent pour tirailler à qui mieux mieux sur ces pauvres petites bêtes délicates. Nous n’osons plus nous promener dans la campagne tant les tirs sont nourris et menaçants. Jadis, je fus aussi un chasseur endiablé, je ne m’en vante pas, mais je dois avouer que j’y ai pris du plaisir ! Aujourd’hui, c’est une pratique qui me paraît surannée, voire même archaïque. Il me paraît difficile de prétendre être un protecteur de la nature et dans le même temps décimer des vols d’oiseaux migrateurs. J’y vois comme une dysharmonie fondamentale, une sorte d’aberration, une insulte à la beauté du monde.

La chasse illustre parfaitement le conservatisme de l’espèce humaine qui ne parvient pas à se

Chasseur de grives

débarrasser de ses coutumes obsolètes, sous le prétexte du respect de la tradition. Cela fait des civilisations figées, incapables de s’adapter aux temps nouveaux. Il va pourtant falloir accepter les changements qui sont en cours et penser autrement. Le souvenir des ancêtres ne doit pas nous transformer en statues immobiles, regardant vers le passé. Face à un futur incertain et menaçant, la tentation peut consister à se réfugier dans la répétition des gestes du passé. Mais au contraire, si le futur annonce de profonds changements, il vaut mieux se tenir prêt à s’adapter plutôt que s’arque bouter sur la tradition.

Mais rien n’empêche n’écouter en silence le chant de la grive musicienne. Pourquoi interrompre son chant par un coup de fusil cruel ? Je vous laisse écouter ; vous saurez ensuite le reconnaître.

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   La vigne m’inspire d’autres pensées qui a rapport à notre santé. Vous avez certainement entendu parler du « French paradox ». Les épidémiologistes ont remarqué que la relative plus grande longévité des français était dûe au fait qu’ils buvaient du vin… modérément, bien -sûr ! Les chercheurs ont découvert dans la pulpe du raisin rouge une molécule très simple, le resvératrol, qui serait responsable des effets bénéfiques du vin, ou du jus de raisin.

Les lecteurs de cette chronique libre ne savent peut-être pas que ma vraie spécialité se situe dans le domaine de la santé et plus particulièrement dans l’étude des molécules naturelles protectrices du métabolisme. Le resvératrol apparaît comme ayant une formidable efficacité pour éviter un grand nombre de maladies, du cancer aux maladies cardiovasculaires. J’envisage d’écrire prochainement une chronique consacrée à cette molécule « miracle ». Mais, ces derniers mois, nous avons été souvent accaparés par des soucis géopolitiques et économiques extrêmement inquiétants. Néanmoins la santé mérite bien quelques chroniques…

Il se peut que la gentille grive musicienne vienne chercher dans les vignes sa dose de resvératrol pour avoir les forces suffisantes pour continuer sa route. Elle peut parcourir, à tire d’aile, 300 kms dans une seule nuit ! Dites aux chasseurs d’envoyer leurs casquettes en l’air et de tirer dedans ; c’est certainement aussi amusant que de tuer en plein vol une belle grive musicienne.

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2 commentaires

  1. Je teste pour voir si ces quelques mots peuvent s’inscrire sur le site, jusqu’à présent je n’ai jamais réussi…
    Merci pour les chroniques

  2. Bonjour;

    Dans l’occurrence faisant l’objet de la présente chronique (la grive), on ne peut qu’être d’accord avec Yves; par contre étendre la condamnation de la chasse à la grive à toutes formes de chasse me parait excessif: indépendamment du plaisir qu’elle procure , la chasse , intelligemment conçue, peut permettre de limiter la prolifération de prédateurs, et par conséquent améliorer l’équilibre naturel de la faune; bref , mêler l’utile à l’agréable….

    On peut d’ailleurs étendre ce principe aux relations humaines: le fraternité est un devoir que tout homme civilisé se plait à reconnaître , mais qui trouve néanmoins sa nécessaire limite , dans l’indispensable traque aux malfaisants de tout poils qui, par les temps qui courent, ont une fâcheuse tendance à proliférer….

    Quand aux vertus du résveratrol , j’adhére pleinement! Est-ce d’ailleurs vraiment un hasard si resvératrol rime avec Pomerol?

    A trés bientôt sur d’autres sujets, pour d’autres aventures!

    D.Brianchon

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