316 – LE CHANGEMENT EST DOULOUREUX

Pourquoi l’Amérique est-elle devenue la première puissance économique du monde et pourquoi a-t-elle tant fascinée les Européens pendant longtemps ?

Lorsque j’étais un « jeune cadre dynamique », cette question m’intriguait énormément. Je savais déjà que les Américains ne sont pas plus intelligents, mais je voulais savoir pourquoi ils étaient plus efficaces. Afin de répondre à cette question j’ai postulé pour faire un MBA à la Western University, près de Chicago, où je fus accepté mais où, pour des raisons personnelles, je ne suis pas allé. Lors des cours préparatoires qui eurent lieu en Europe, j’ai eu la réponse à ma question. Les américains sont plus efficaces car ils sont plus mobiles, plus flexibles, c’est à dire plus adaptables.

En tant que biologiste, j’ai été très marqué par Darwin et son extraordinaire théorie sur la sélection naturelle : à l’intérieur d’une même espèce, ce sont les individus les plus adaptables qui survivent le mieux et prolifèrent. Les changements climatiques et environnementaux auxquels les espèces doivent s’adapter se déroulent sur plusieurs générations. Mais les humains contemporains doivent s’adapter à plusieurs changements majeurs au cours d’une seule vie, principalement au niveau économique. Les énormes progrès technologiques qui ont eu lieu depuis un siècle, et qui se sont accélérés depuis une génération, ont rendu extrêmement vulnérables ceux qui n’ont pas pu ou pas voulu s’adapter, c’est-à-dire changer de mentalité, de manière de faire et de penser, de travail ou de lieu de vie.

 S’adapter, c’est être plus souple, plus flexible, plus rapide dans l’adaptation. A cet égard les Etats-Unis disposent d’un avantage énorme en comparaison de l’Europe qui demeure plus conservatrice et dont les structures sont plus rigides. Ceci tient sans doute à l’histoire de ces deux continents, l’un cultivant l’esprit pionnier, tourné vers l’avenir, l’autre ayant hérité d’un lourd et riche passé, souvent encombrant, car il rend difficile de porter son regard vers le devant. Le poids de l’administration demeure en Europe un handicap majeur pour évoluer avec souplesse et flexibilité. De ce fait l’Europe est toujours en retard d’un temps sur l’Amérique où la liberté d’entreprendre et de s’adapter demeure primordiale.

Les évènements récents illustrent parfaitement ce que je veux dire. L’industrie automobile américaine a traversé il y a deux ans une très grave crise qui ont amené General Motor, premier fabricant au monde, et Chrysler jusqu’à la faillite. Ces deux entreprises, au prix d’un très douloureux plan de restructuration ont réussi à éviter leur disparition. Elles ont dû procéder à des licenciements massifs et à la fermeture de 12 sites de production aux Etats-Unis. Aujourd’hui l’industrie automobile américaine fait des profits et engage du personnel.

L’Europe est aujourd’hui confrontée à une crise du même ordre car il y a un excès de capacité de fabrication. En France, par exemple, les usines automobiles ne tournent qu’à 60% de leurs capacités, ce qui signifie qu’elles travaillent à perte. C’est dans ce contexte que la direction de Peugeot a décidé de fermer une usine et de se séparer de plusieurs milliers de salariés. Cette décision douloureuse est probablement sage car elle conditionne la survie de l’entreprise. Mais l’Etat Français a contesté cette décision et traité les dirigeants de l’entreprise comme des délinquants, alors qu’ils ne font que s’adapter à de nouvelles conditions économiques : la surcapacité de production. C’est la seule fermeture d’usine automobile française en 20 ans. Les américains en ont fermé 18 ! Retarder cette décision ne fait que fragiliser encore un peu plus un groupe qui a déjà trop tardé à s’adapter. L’administration et les politiciens se liguent pour mettre des freins aux changements nécessaires et vitaux. Ils sont lourdement coupables.

 Ce manque de flexibilité dans l’adaptation constitue un des plus grands handicaps de l’industrie européenne. Les politiques vont jusqu’à financer, avec l’argent des contribuables, la survie d’usines ou d’entreprises obsolètes, c’est-à-dire condamnées à disparaître. Il serait bien préférable d’aider ces entreprises à s’adapter et de financer les projets de demain plutôt que de subventionner des entreprises non rentables ou non compétitives. La meilleure façon d’aider l’industrie consiste à la laisser faire son travail et à baisser ses impôts et ses charges. Les gouvernements font généralement tout le contraire, comme nous pouvons le constater en France actuellement, ce qui rend l’avenir sombre

Le changement est souvent douloureux, mais il fait partie intégrante de la vie. S’opposer aux changements nécessaires est coupable car c’est s’opposer aux adaptations qui conditionnent la survie. Si l’Europe persiste dans son refus de l’adaptation, elle disparaitra …

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2 commentaires

  1. Nous sommes entièrement d’accord avec vous. La banque public d’investissement que veut mettre M. Hollande en place servira malheureusement à subventionner les entreprises qui ne fonctionnent pas tout en amenant celles qui fonctionnent vers la faillite par des charges encore plus élevées. Nous avons tiré des conclusions similaires sur l’article suivant : http://www.ladroitesilencieuse.fr/?p=204

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