L’Europe libérale et démocratique est fragile et vulnérable, face à trois géants hégémoniques. Nous avons sans doute besoin, simplement pour exister, d’un nationalisme européen, comme du temps de Charlemagne…
Lorsque je discute avec des américains, des russes ou des chinois, je suis impressionné par la fierté qu’ils éprouvent pour leur pays. Ils imaginent un avenir brillant et ils soutiennent leur pays dans les moments difficiles.
Face à l’immense défi de l’immigration de masse, l’Europe traverse actuellement d’énormes turbulences qui peuvent la mettre à terre. Je vois bien peu d’Européen prendre sa défense et je suis triste de lire, sur les réseaux sociaux, de nombreux messages de dépit et de haine à son encontre. Tout se passe comme si on reportait sur l’Europe la faute de tous nos manquements et notre incapacité à se réformer, à s’améliorer, à regarder en face la réalité du monde et à anticiper l’avenir.
Trump réveille l’Europe
Avec sa politique à la hache, le Président américain a le mérite de sortir l’Europe de la léthargie dans laquelle elle se complait depuis la guerre, à l’abri sous le parapluie militaire Américain.
Dans le même temps, l’Europe accepte le joug américain sur le plan commercial et financier. La suprématie du dollar constitue un avantage compétitif extraordinaire pour l’Amérique afin d’asseoir son hégémonie.
Les sanctions commerciales vis-à-vis de la Russie et de l’Iran pénalisent principalement les entreprises européennes au profit de la Chine. Pour se plier au diktat de l’Amérique, nous sacrifions des amis et des marchés.
Les mesures de rétorsion utilisées par le gouvernement américain, à l’égard des pays ou des entreprises qui ne respecteraient pas les embargos qu’il a décidés, sont extravagantes et démesurées. Elles prouvent que l’Europe n’est pas souveraine et que l’on ne peut plus faire confiance aux États-Unis.
La zone euro doit sortir des dissensions dans lesquelles elle est engluée, afin de pouvoir défier le dollar. Elle doit envisager d’édifier à Francfort une place financière européenne qui puisse rivaliser avec Wall Street et la City. A partir de là, elle pourrait émettre des bons du trésor européens et non plus nationaux, pour créer un marché unique assez vaste… Il est permis de rêver.
Diviser pour mieux régner
Depuis une génération, l’Europe est dirigée par des politiciens sans ambition et des technocrates sans vision. Nous avons assisté à des querelles de boutiquiers et personne ne semble avoir pris conscience de l’importance des enjeux.
Ce qu’il y a de plus symbolique dans la défaillance de l’Union Européenne, c’est son incapacité à définir des frontières et à élaborer une politique commune et cohérente face aux vagues migratoires qui menacent de la balayer.
En outre, les européens, enivrés par le lyrisme de la mondialisation, se sont laissés dépecer de leur savoir-faire par les divers dragons asiatiques. Des pans entiers de leur industrie se sont délocalisés. Malgré cela, les européens ont cru qu’ils pouvaient continuer à dépenser comme s’ils étaient encore riches. En fait, ils ne sont riches que grâce à la montagne de dettes qu’ils continuent allègrement d’accumuler, afin d’acheter les produits qui sont dorénavant fabriqués ailleurs !…
Pendant ce temps-là, l’Europe subit les coups de butoirs des trois puissances hégémoniques qui cherchent à la diviser. Les derniers assauts de Donald Trump illustrent parfaitement ce processus. Si l’Europe ne répond pas fermement et d’une seule voix, et pas seulement avec des mots, aux provocations du président Américain, elle peut faire une croix sur son destin et ses ambitions.
Nationalismes étriqués
Au lieu d’être fiers d’eux-mêmes et de le faire savoir, les européens rasent les murs et subissent passivement la loi des autres. Au lieu de se rassembler pour mieux affronter l’adversité, ils se replient sur eux-mêmes, autour de leurs vieux nationalismes étriqués, dans un chacun pour soi suicidaire.
La contagion nationaliste gagne du terrain car les peuples sont fatigués de constater combien ils sont mal défendus à la fois par l’Europe et par leurs élus nationaux. Ils se sentent mal protégés et extrêmement vulnérables face à l’insécurité sur deux aspects importants : la défense de l’emploi et la défense de leurs valeurs fondamentales.
Les démocraties européennes ont fait preuve de mollesse et de faiblesse coupables dans ces deux domaines et les peuples ont dû accepter de voir leur travail menacé, leur sol foulé par d’innombrables émigrés sans ressource et leurs valeurs bafouées par ceux-ci.
Il ne faut donc pas s’étonner du retour en force de ce renouveau du nationalisme et du populisme qui rappelle toujours de mauvais souvenirs. Les peuples ont été poussés à bout par des politiciens inconscients qui n’ont pas su écouter leurs craintes.
Hélas, aucun pays européen ne parviendra à se sauver tout seul, sauf à accepter d’être le vassal docile d’une grande puissance. Pour comprendre cela, il suffit de constater combien la faiblesse du monde musulman est due à ses rivalités internes et à son incapacité à constituer un front uni. L’Europe en est là.
N’en déplaise aux esprits chagrins, je pense qu’Emmanuel Macron est un des rares dirigeants européens à avoir pris la mesure de l’enjeu. Il sera rejoint par Angela Merkel si elle parvient à sortir du chantage politicien dont elle est l’objet. Nous n’avons pas d’autre choix que de leur faire confiance et de souhaiter qu’ils réussissent.
Malgré les difficultés et les déconvenues, je rêve encore d’une Europe fière d’elle-même et de ses valeurs. Je demeure un nationaliste européen convaincu et je n’ai pas perdu espoir, mais je sais que le temps presse. L’Europe avait peut-être besoin des humiliations infligées par Donald Trump pour prendre conscience qu’il ne fait que mettre en lumière notre propre faiblesse…
Le nationalisme est une tare qui est à l’origine des grandes guerres – il faut l’abandonner au profit d’un socialisme à visage humain, non politique. D’autre part, le “nationalisme européen” n’a aucun sens puisque l'”Europe” n’est qu’une entité économique et chaque pays s’attache à ses traditions nationales. Avant de parler de nationalisme européen, il faudrait que les peuples d’Europe partagent d’abord la même langue et que les cultures différentes se lysent dans des échanges culturels et festifs. Ne suivons pas l’exemple de ceux que nous critiquons.
On peut imaginer une Europe fédérale qui respecte l’identité et la langue de chacun, sur le modèle Suisse qui fonctionne bien. en Outre, les Suisses sont nationalistes dans le sens qu’ils sont fiers de leur pays et le défendent dans un monde difficile. Mais ce n’est pas pour cela qu’ils sont agressifs!
Yves , l’Europe des patries, voilà le fondement de la coexistence paisible des pays européens . Charles De Gaule nous l’a enseigné . Ensuite réaliser , par étapes ,l’harmonisation de l’Europe économique -vaste chantier , certes ….
Bonjour Jean, Je continue de penser que la civilisation européenne ne subsistera que si l’Europe est unifiée et forte. De Gaule a fait beaucoup pour l’Europe et surtout pour la réconciliation avec l’Allemagne, mais il avait la vision de son temps sur ” l’Europe des nations”, comme il disait. Aujourd’hui, les petites nations européennes n’ont aucun poids dans le monde si elles ne sont pas unies. Elles se feront laminer par les trois grandes puissances qui lui dicteront leurs lois. On voit bien aujourd’hui à quel point nous sommes les vassaux des américains!…
But it was a different time, even for de Gaulle.
In 1962 during the Cuban Missile Crises an American diplomat was sent to show him photographic evidence of the missiles, de Gaulle replied “I don’t need to see pictures of the weapons of mass destruction, the word of the president of the United States is good enough for me.”
Can you imagine this response by Macron to Trump today? It is impossible.
Europe should become a nation because it doesn’t really have a choice. “Evolve or die” is true for business and can be applied to countries as well.
Merci Andy pour cet intéressant commentaire. J’adore la réponse de de Gaulle et elle démontre la confiance que l’Europe avait envers l’Amérique. Avec Trump, cette confiance est rompue!
Je suis d’accord avec toi, l’Europe doit devenir une nation. C’est tout simplement vital: “evolve or die”, “”union or die”…