845 – GUERRE DE CIVILISATION

L’Occident est en guerre avec lui-même. C’est comme une maladie auto-immune, une autodestruction, lorsqu’une partie de la population attaque l’autre partie. Cela commence par la violence verbale, les accusations, l’exclusion et enfin l’extermination.

D’un côté les libéraux traditionalistes, blancs hétérosexuels, héritiers du capitalisme, de la science, de la religion et de la démocratie. Ceux qui, avec leurs ancêtres, ont bâti le monde d’aujourd’hui avec ses forces et ses faiblesses. Ce sont les héritiers de l’histoire tourmentée de l’Occident qui donne autant de raisons d’être fiers que de raisons d’avoir honte…

De l’autre les justiciers progressistes,mondialistes, transhumanistes, défenseurs des minorités, féministes, antiracistes, LGBT, transgenres et intégristes de l’écologie. Ils veulent renverser la table et les fondements de notre société occidentale, à commencer par la famille avec le mariage pour tous, la fécondation pour autrui etc… Ils veulent réécrire l’Histoire, combattre les injustices et châtier tous les coupables passés et présents. Ils représentent une nouvelle version du puritanisme sans pardon et établir un nouvel ordre mondial.

La nouvelle religion sans Dieu

« Dieu est mort », nous le savons, et nos sociétés ressentent comme un vide, une angoisse existentielle, un manque de sens à donner à la vie. Nous ressentons combien nos sociétés sont déboussolées et l’épisode de la pandémie au covid nous fait prendre conscience d’une certaine absurdité de nos vies.

J’aime bien ces deux remarques d’Alexis de Tocqueville. Dans un premier temps il écrit : « Dans le même temps que la loi permet au peuple américain de tout faire, la religion l’empêche de tout concevoir et de tout oser ». Puis il ajoute : « Quand la religion est détruite chez un peuple, le doute s’empare des portions les plus hautes de l’intelligence et il paralyse à moitié toutes les autres. »

Autrement dit, la démocratie, qui donne beaucoup de libertés, a plus besoin que d’autres de valeurs spirituelles et morales qui encadrent et rassurent les citoyens. Au contraire, l’absence de religion ou de spiritualité conduit au doute fondamental, à l’absence de fil directeur et sans doute à l’anarchie destructrice. La faim spirituelle conduit à la violence parce que plus rien n’a de sens.

C’est sur ces bases que nous voyons poindre une nouvelle religion sans Dieu, une sorte de puritanisme contemporain dont le fondement est le salut des âmes par la justice sociale. La génération « woke », dont le mot vient de « éveillé », prétend rien moins qu’établir une théologie de la justice sociale.

Le programme est plein de bonnes intentions. Il s’agit donc de défendre la veuve et l’orphelin, les minorités brimées, les féministes, les LGBT, le mouvement Black Lives Matter. Pour cela ils ne reculent devant rien.

Comme le fait remarquer Joseph Bottum, auteur de « An anxious Age », ce mouvement reprend les codes, les stigmates et même les pires travers des religions. Ils excommunient et leurs condamnations sont sans pardon et sans appel. Ils peuvent, dans un même mouvement, laver les pieds des noirs en signe d’expiation comme le fait l’Eglise Catholique le Vendredi Saint ou saccager le centre-ville de Portland.

Ils instillent le poison d’une culpabilité blanche historique qu’il serait impossible de pardonner. C’est donc le fondement même de notre civilisation occidentale qu’il convient de condamner et de détruire, c’est-à-dire, symboliquement, l’homme blanc hétérosexuel. D’où l’idée de déboulonner les statues de tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à l’Histoire de l’Occident.

Rien n’est plus dérisoire et stupide que de juger l’Histoire avec la vision et les préjugés d’aujourd’hui. C’est comme si l’on jugeait la mode vestimentaire de jadis avec les critères de 2020. La colonisation ne fut certes pas toujours reluisante mais elle fut aussi portée par des gens qui avaient un idéal élevé et qui voulaient transmettre les bienfaits de la civilisation occidentale en dehors des frontières.

Joseph Bottum ajoute « Dans la religion chrétienne, le péché originel est l’idée que vous êtes né coupable, que l’humanité hérite d’une tache qui corrompt nos désirs et nos actions. Mais le Christ paie les dettes du péché originel, nous en libérant. Si vous enlevez le Christ du tableau en revanche, vous obtenez… la culpabilité blanche et le racisme systémique. » 

Tout est dit, la messe est dite si je puis dire… Bottum précise que les woke utilisent des termes semblables lorsqu’ils condamnent « une tache reçue en héritage » qui « infecte votre esprit ».

Selon la génération woke, il n’y a pas de pardon ou de rédemption possible pour la civilisation occidentale supposée raciste, esclavagiste et dominatrice. Il faut donc saper ses fondements en s’attaquant à la famille, à l’hétérosexualité, au capitalisme, à l’Etat-nation, à la science, à l’Histoire et à tout ce qui rappelle l’ordre ancien.

L’enjeu des élections américaines


Telle est la toile de fond et l’enjeu des élections américaines. L’Amérique, phare avancé de l’occident, va-t-elle céder sous les attaques de la minorité woke qui a réussi à réduire au silence les milieux intellectuels et universitaires qui ont peur d’être excommuniés s’ils ne se soumettent pas à ses diktats, censés représenter la modernité et l’ordre nouveau ? 

Trump qui, malgré tous ses défauts, n’est pas un idiot, a compris intuitivement et parfaitement les enjeux de la civilisation américaine. Il a compris qu’il s’agit d’une guerre de civilisation qui peut emporter tout l’Occident dans la tourmente. Il est le symbole du protestant blanc hétérosexuel qui accepte que l’humanité soit faillible.

Les apôtres d’une nouvelle religion sans Dieu et sans pardon veulent prendre le pouvoir pour instaurer une purge radicale, à la fois libératrice et destructrice, un « reset » global ! Ils ont la prétention de vouloir bâtir une société sans tache et sans péché. Une intransigeance qui ressemble à celle de Saint Just ou de Robespierre devant le Comité de Salut Public ! Il suffit de lire la presse américaine, violemment anti-Trump et totalement acquise aux thèses progressistes woke. Ce qui a permis à Trump de répliquer cette phrase choc, à l’intention des électeurs américains : « Ils n’en ont pas après moi, mais après vous » ! Tout est dit, et cela peut nous mener à la guerre civile.

Ce sont des révoltés confrontés au dilemme soulevé par Albert Camus dans L’Homme révolté: « L’homme est la seule créature qui refuse d’être ce qu’elle est. La question est de savoir si ce refus ne peut l’amener qu’à la destruction des autres et de lui-même. Si toute révolte doit s’achever en justification du meurtre universel, ou si, au contraire, sans prétention à une impossible innocence, elle peut découvrir le principe d’une culpabilité raisonnable. » En effet, nous devons aussi accepter et en même temps combattre notre inhumanité…

Nous sommes à un tournant et nous savons déjà, depuis longtemps, que Trump ne sera pas réélu, les astres lui sont très défavorables en cette fin d’année et son hospitalisation ne va pas arranger ses projets. Compte tenu de la tension actuelle dans le ciel et sur la terre, des affrontements ne sont pas à exclure aux USA, après les élections.

Pour la génération woke, il n’y a pas de « culpabilité raisonnable », il faut extirper le mal à la racine ! En tant qu’Européen je déteste Trump et son attitude odieuse vis-à-vis du reste du monde, mais si j’étais américain je ne sais pas pour qui je voterais car la génération woke me fait peur… Je le répète, l’enjeu c’est l’avenir de notre civilisation et Trump, avec tous ses défauts, était peut-être le dernier rempart avant le renoncement et la chute…

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6 commentaires

  1. Intéressant article. J’ignorais cette expression de « culture wok ».
    Choix entre la peste et le choléra ?!

    1. Oui, ce qui se passe aujourd’hui en Occident est un tournant majeur de notre civilisation…

  2. I agree the new woke culture is a type of religion. The left in the US loves to portray the right as a type of “Handmaid’s Tale” (novel by Margaret Atwood) but in fact they themselves will also create a type of dystopian puritanism.

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