871 – LA FABRIQUE DU CONSENTEMENT

Il ne vous a pas échappé que l’époque est propice à l’endoctrinement. Les nouveaux moyens de communication permettent à l’idéologie dominante d’imposer ses doctrines et sa vision du monde de façon universelle. Dans ces conditions, comment rester un penseur libre sans être l’objet de discriminations ?

Depuis des décennies nous avons été l’objet de manipulation de la part des agences de publicités pour nous vendre des biens et des services. La base de cet exercice de persuasion consistait à flatter notre ego et à solliciter nos désirs. Ceci a parfaitement été décrit en son temps par Vance Packard et vous pourrez lire à ce sujet la chronique 549 intitulée « La persuasion clandestine ».

Au fil des années, les experts en manipulation des foules ont considérablement perfectionné leurs techniques et ont, localement, offert leurs services aux politiciens et aux détenteurs du pouvoir. Les media de masse, dominés par les puissants, ont joué un rôle déterminant dans la fabrication du consentement.

C’est en 1988 qu’est paru le livre culte, signé par Edward Herman et Noam Chomsky et intitulé : « La fabrique du consentement : de la propagande en démocratie ». Selon leur thèse, les media diffusent avant tout une propagande au service d’une élite politique et économique afin de manipuler les foules crédules, prêtes à avaler n’importe quelle information pourvu qu’elles aient leur dose de divertissement, de football, de jeux télévisés et de fictions !

A la réflexion, on en vient à se demander si la manipulation des masses n’est pas le prix à payer pour un bon fonctionnement de la démocratie, afin qu’elle ne sombre pas dans l’anarchie puis dans la dictature…

Les exemples abondent de manipulation des foules de grande ampleur, comme nous avons pu le voir en direct lors de l’intervention américaine en Irak ou celle de la France en Libye, et pour lesquelles personne ou presque n’a protesté. Je laisse le lecteur juger s’il estime que, dans le moment présent, il existe des manipulations comparables à propos d’une autre guerre contre les virus…

La fenêtre d’Overton

La manipulation des citoyens ne concerne pas que la politique ou la guerre, elle est aussi active dans le domaine des idées, des mœurs et des faits de société. Il suffit d’avoir vécu un peu pour avoir été le témoin de la dérive des mœurs et de l’inversion des valeurs.

En quelques années l’opinion des gens a changé sur bien des valeurs, à propos de ce qui est beau ou laid, bien ou mal. Suite à d’habiles manipulations, nombreux sont ceux qui pensent et disent exactement le contraire de ce qu’ils ressentaient, et pensaient, il y a encore peu de temps ! Autrement dit, suivant l’expression du politologue Joseph Overton, de nombreuses fenêtres fermées se sont ouvertes…

En l’espace d’une génération, l’avortement et l’euthanasie sont passés de crimes à un droit fondamental. Diverses pratiques sexuelles, considérées jadis contre nature et décadentes, sont désormais tout à fait à la mode et de bon goût. La Transsexualité, par exemple, qui était jugée aberrante et du ressort de la psychiatrie, est de plus en plus couramment pratiquée… Vous pourrez lire ou relire la chronique 861 intitulée « La civilisation des non binaires ».

Selon Overton, il est possible de changer l’opinion et les idées des gens en 5 étapes, et arriver à une inversion totale de la hiérarchie des valeurs, même à partir d’un préjugé et d’un tabou majeur comme nous l’avons vu à partir des exemples qui précèdent. A la fin du XXème siècle, Joseph Overton donnait l’euthanasie comme tabou majeur… cela n’est déjà plus le cas !

Il reste néanmoins un quarteron de tabous qui résistent encore au laxisme ambiant : l’inceste, la pédophilie, la zoophilie et le cannibalisme. Combien en restera-t-il dans une génération ?

Première étape : de l’impensable au radical

Prenons l’exemple du cannibalisme, tabou total et absolu en 2021 : pas d’ouverture possible, la fenêtre est fermée !

Mais grâce à la liberté d’expression, c’est un sujet que l’on peut discuter. Il faudrait commencer par un symposium scientifique ou se réunissent quelques ethnologues qui vont débattre du sujet et des coutumes ancestrales de civilisations cannibales tout à fait respectables. Un comité d’experts en cannibalisme, financé par une ONG de bien-pensants, va se réunir régulièrement et soumettre ses conclusions au media qui feront relai…

Ainsi, le premier verrou est sauté, l’impensable devient l’objet de discussions !

Deuxième étape : du radical à l’acceptable

Les scientifiques continuent leurs travaux et insistent sur le fait qu’il ne faut pas avoir de préjugés et considèrent que ceux qui ne veulent pas étudier le phénomène sont des intransigeants ou des fanatiques qui s’opposent à l’esprit des Lumières.

Les intolérants sont condamnés publiquement par quelques leaders d’opinion jugés progressistes.

A ce stade, il convient de changer les mots. Le cannibalisme deviendrait de la simple anthropophilie. On créera un précédent historique, mythologique, qui servira de référence, comme preuve que l’anthropophilie est parfaitement acceptable. A l’appui de cette affirmation, des groupes de pression citeront des personnes très éduquées qui ont déjà recours à l’anthropophilie en certaines occasions.

Et finalement, cet axiome irréfutable verra le jour: « Un homme libre a le droit de décider ce qu’il mange » !

Troisième étape : de l’acceptable au raisonnable

Une fois la chose devenue acceptable par certains leaders d’opinion, il devient indispensable de marginaliser ceux qui pensent différemment et qui prétendent contester ce prétendu droit.

Ces réfractaires seront traités de réactionnaires et on les accusera de chasse aux sorcières et de vouloir brûler sur le bûcher, s’ils le pouvaient, non seulement les anthropophiles mais aussi tous ceux qui appartiennent à une minorité.

Lentement, l’anthropophilie devient alors une pratique raisonnable.

Quatrième étape : du raisonnable au populaire`

A ce stade, les media, secondés par des gens célèbres et les autorités, parlent ouvertement de l’anthropophilie comme une pratique possible. Elle devient un sujet de prédilection de l’industrie du divertissement. Le phénomène commence à apparaitre dans les films, dans les chansons, les romans, les spectacles à la télévision. On y invite des anthropophiles, on cite des personnages célèbres qui étaient anthropophages.

Le phénomène devient incontrôlable et collectif. Les anthropophiles sont montrés comme des victimes de l’intolérance d’une société répressive qui leur refuse le droit de manger ce que leur corps demande, dans une sorte de communion d’amour de l’autre…

Après tout, le christ à dit : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang, buvez et mangez-en tous en mémoire de moi».

Cinquième étape : du populaire au politique

La dernière fenêtre est sur le point de s’ouvrir.

Il manque encore l’action politique pour légaliser la pratique. Des enquêtes d’opinion, aux questions biaisées, doivent montrer un fort pourcentage de partisans de la légalisation.

De nouveaux dogmes émergent dans la conscience collective : « Est interdite, l’interdiction de manger des personnes ». « Manger des personnes est un droit inaliénable » et « Qui s’oppose à l’anthropophilie encourt un délit d’anthropophobie ».

On peut faire la même démonstration à propos de l’inceste ou de la pédophilie ou de n’importe quel autre tabou. Il suffit d’une petite équipe de départ, très au fait de la manipulation des masses et très déterminée. Nous sommes déjà tous le témoin d’une dérive semblable des valeurs à propos d’autres tabous qui deviennent la normalité !…

L’insensé est devenu du domaine du possible à la suite d’une manipulation et du retournement des valeurs en cinq actes. Il se peut, si vous avez assez vécu, que vous ayez déjà été le témoin d’un tel retournement. Vous en connaitrez d’autres. Si vous êtes vigilants, vous avez le choix de résister ou de vous soumettre. Si vous n’êtes pas vigilants, vous n’avez pas de choix, vous serez soumis et vous assisterez à la dégradation de la société et à des aberrations en tout genre… au nom de la liberté individuelle et du progrès !

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2 commentaires

  1. Si vous limitez l’anthropophagie à ce qui se mange vous ignorez une partie, certes peu visible du problème, mais qui existe hélas. Pourquoi l’anthropophage mange sa victime ? Pour s’approprier sa vitalité. Or, il existe une façon de s’approprier la vitalité de quelqu’un d’autre : c’est une greffe d’organe. Tant que c’est un don, c’est beau. Mais quand un grand peuple vent les organes de ses prisonniers pour des greffes payées en devises, c’est pour moi une nouvelle forme d’anthropophagie… On s’approprie toujours la vitalité d’une victime, diminuée ou trucidée !
    Cordialement. En vous remerciant en pensée à chacune de vos parutions.

  2. Merci pour cette remarque très pertinente… Le vol d’organe peut être assimilé à une sorte d’anthropophagie !

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