321 – INVESTIR POUR L’UNIVERSITE

Les universités américaines rayonnent à travers le monde par la qualité de leur enseignement et de leur recherche. Certaines de ces prestigieuses universités constituent un atout énorme pour aider l’Amérique à surmonter la crise. Mais elles ne sont pas à l’abri des vents mauvais qui traversent les USA.

L’arrivée à Stanford

 Je suis souvent venu en Californie et, chaque fois, je ne peux m’empêcher de faire un petit pèlerinage dans l’une ou l’autre de ces universités d’excellence. J’ai toujours beaucoup aimé Berkeley, à une encablure de San-Francisco, mais naturellement ma préférence va à Stanford, située sur les collines de Palo Alto, dominant la Silicon Valley, dans un cadre merveilleux. Je garde encore la nostalgie de n’avoir jamais étudié dans une de ces prestigieuses universités et j’imagine volontiers que tous les étudiants du monde rêvent d’y venir ! Je ne peux m’empêcher d’être admiratif par la fécondité et la richesse de la recherche universitaire et j’éprouve quelque honte en comparaison des universités européennes. Il se trouve que je consulte régulièrement les publications scientifiques qui concernent la médecine nutritionnelle et il n’est pas exagéré de dire que 90% de ces publications sont américaines !…

Néanmoins, les universités américaines rencontrent aujourd’hui de graves difficultés financières. On distingue aux USA, deux types d’universités : les universités publiques qualifiés de « non-profit » et les « for-profit universities ». Les unes et les autres vivent des donations et des frais de scolarité payés par les étudiants. Bien entendu, les universités les plus célèbres reçoivent plus de donations et peuvent demander des frais plus élevés ce qui renforce leur pouvoir d’attraction pour accueillir les meilleurs élèves et les meilleurs professeurs et chercheurs. C’est en partie dans cette recherche de l’excellence que réside l’énorme succès des universités américaines en comparaison des universités européennes qui favorisent la quantité au détriment de la qualité. Le fabuleux succès du véhicule « Curiosity » sur Mars, illustre parfaitement l’excellence de la recherche et de la technologie Américaine.

Hélas, la crise a entrainé une réduction assez drastique des donations dont le montant a

– Harvard prévoit de mettre en place une surveillance de nuit pour les enfants d’étudiants Postdoc.

atteint 32 milliards de dollars pour les seules « for-profit universities ». L’Université privée de Stanford, par exemple, reçoit plus d’un milliard de dollars de dons chaque année ! Les Universités publiques comme Berkeley ont vu leurs subsides baissés drastiquement à cause des difficultés financières de l’Etat de Californie. Pour boucler leurs budgets, de nombreuses universités ont dû augmenter les fees, c’est à dire les annuités payées par les étudiants. Ces derniers ont dû emprunter davantage pour payer leurs études. Mais la crise a aussi réduit le nombre de jobs disponibles et beaucoup d’étudiants sont lourdement endettés et ne peuvent rembourser. Ceci fait que la totalité des prêts étudiants atteignent aux USA la somme astronomique de mille milliards de dollars (un trilliard) et constituent une gigantesque bulle qui menace d’éclater.

-Le problème des prêts étudiants doit être réglé.
Touts les étudiants pensent que les dettes sont une mauvaise chose

 La situation est à ce point tendue que beaucoup commencent à se demander si cela vaut la peine de payer 100.000 dollars pour obtenir un diplôme qui ne mène nulle part. Est-ce qu’un meilleur diplôme apporte une plus value qui vaut le supplément de coûts ? C’est un hurricane qui se prépare et qui risque de balayer les universités les plus faibles, souvent mal préparées à subir le gros temps ! Elles ne peuvent augmenter davantage les annuités qui ont progressé trois fois plus vite que l’inflation depuis 30 ans et elles risquent même de manquer d’étudiants. Ce même hurricane peut aussi emmener certaines banques très impliquées dans les prêts étudiants. Plusieurs universités commencent à réduire la voilure et à supprimer certains départements. D’autres se regroupent pour être plus fortes et affronter la compétition dans de meilleures conditions. C’est cela aussi l’adaptabilité américaine !

John Rockefeller finança la construction de l’université de Chicago, et il affirma plus tard que ce fut « le meilleur investissement que j’ai jamais fait ». Investir dans les universités, c’est en effet investir pour l’avenir. C’est comme cela que l’Amérique acquit son prestige. Mais il se peut que les restrictions indispensables hypothèquent le futur.

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