Nous étions en Espagne au printemps et nous vous avons déjà entretenu longuement de la grave crise que traverse l’Espagne. Les évènements récents ont confirmé notre diagnostique, y compris les manifestations de la jeunesse. Nous sommes venus marier Fiorella et Florent ; c’est la fête !

Mais nous ne serons plus là pour le mariage prochain de la Duchesse Cayetana d’Alba dont je vous avais parlé dans la chronique 116 que vous pouvez relire (« L’argent attire l’argent » ). Cette très riche héritière d’une des plus grandes familles d’Espagne fait la Une des journaux car elle s’est mise en tête de se marier prochainement. Cela vous semble banal, mais quand je vous aurais dit qu’elle est la propriétaire de sept somptueux palais, qu’elle est en outre la plus grande fortune d’Espagne et qu’enfin elle a déjà l’âge respectable de 85 ans, vous serez plus étonnés. Elle se marie donc avec un roturier vingt-quatre ans plus jeune qu’elle ! Vous imaginez la tête de la famille et surtout de ses enfants qui craignent pour l’héritage. Le roi Don Carlos lui aurait même dit : «Cayetana, que ya no estamos en edad… ». Mais rien n’y fit ! Quoiqu’il en soit nous ne sommes pas invités et ils sont peu nombreux ceux qui jalousent le roturier en question !
Hélas, la crise économique est aussi têtue que Cayetana et persiste dans la même direction qui consiste à nous faire comprendre qu’il nous faudra boire le calice jusqu’à la lie ! Le chômage continue de croître et dépasse déjà les 20% de la population active. Aucun signe d’amélioration ne pointe à l’horizon ! Les caisses d’Epargne n’ont pas été épargnées par la crise immobilière et tente de fusionner entre elles pour affronter la tempête : mais additionner des dettes n’a jamais enrichi qui que se soit. Les prix de l’immobilier ont à nouveau baissé de 22% et celui des terrains de 46.7% ! Ceci diminue d’autant les actifs des banques. A cela s’ajoute la banqueroute de très nombreux promoteurs qui se retrouvent incapables de payer les intérêts qu’ils doivent et encore moins de rembourser le capital. Ainsi, l’Espagne doit affronter une double crise, financière et économique. De ce fait, depuis notre dernière visite la situation de l’Espagne face aux marchés financiers s’est considérablement aggravée et le Gouvernement se retrouve dans l’obligation de faire des promesses qui semblent mirifiques sur le papier: faire des économies et augmenter les impôts, ce qui est toujours un aveu de faiblesse et toujours plus facile à dire qu’à faire. En attendant, plusieurs régions autonomes sont déjà dans l’incapacité de payer leurs fournisseurs en particuliers les prestataires de santé comme les pharmaciens ou les laboratoires d’analyses. L’Espagne se fissure. Il faut donc se résoudre maintenant à vendre les bijoux de famille, c’est- à dire privatiser les entreprises dans lesquelles l’Etat est actionnaire, à commencer par les aéroports ce qui devrait rapporter plus de 10 milliards d’Euros.
Face à ces difficultés immenses, les partis politiques espagnols ont fait quelques progrès pour

essayer de s’entendre sur un programme minimum. Le socialiste José Luis Zapatero a réussi à convaincre son rival Mariano Rajoy de voter la fameuse règle d’or constitutionnelle qui doit contraindre, à l’avenir, chaque gouvernement à voter des budgets équilibrés. Bien sûr, cela ne règle pas le problème des dettes actuelles, néanmoins la majorité des grands pays européens s’y sont engagés, à l’exception de la France, puisque le parti socialiste s’oppose à cette règle du plus élémentaire bon sens. Il n’est donc pas étonnant que ses homologues européens qualifient les socialistes français de « dinosaures ».