209 – VIVRE LE CHANGEMENT

Nous vivons une époque mouvementée, dans laquelle les structures sont ébranlées jusqu’à la base et vacillent. Nous sommes les témoins et les acteurs de bouleversements historiques exceptionnels.

  Le but de la chronique-libre est de tenter de comprendre ce qui se passe, d’appréhender les conséquences et d’envisager le futur. Tout changement a deux faces, l’une de destruction de ce qui est obsolète, l’autre de construction en vue d’un monde nouveau. Il s’agit d’un processus de « destruction créatrice » pour reprendre un terme cher aux économistes. Disons, de façon lapidaire, que pour renaître, il faut d’abord mourir. Les changements auxquels nous assistons, et dont nous sommes aussi les artisans, ne doivent pas nous faire peur car ils préparent l’avenir. Ils nécessitent néanmoins une remise en question globale de notre façon de penser et d’agir, au niveau individuel, comme au niveau collectif.

La crise économique et financière qui se développe actuellement nous préoccupe au premier chef car elle concerne notre porte-monnaie. Néanmoins, cette crise n’est que la partie émergée et visible d’une crise beaucoup plus profonde et globale concernant notre civilisation. Nous avons été pris dans la frénésie du toujours plus, de la consommation, du confort, de l’assistanat. Disons-le en bref : nos sociétés occidentales vivent très largement au-dessus de leurs moyens. Nous sommes simplement rattrapés par la réalité, à savoir que l’on ne peut impunément dépenser plus que ce que l’on gagne. C’est ce qu’ont fait nos gouvernants et il faudra au moins une génération pour apurer les dettes que nous laissons à nos enfants.

Cette folie consommatrice s’est accompagnée d’un gaspillage généralisé des ressources et d’un saccage de notre planète. Il faut bien comprendre que l’occident s’est enrichi en puisant dans le capital commun à toute l’humanité et constitué d’énergie, de matières premières et de main d’œuvre à bas prix. Cette période est révolue car ce capital s’est amenuisé et parce qu’il est aussi convoité par d’autres. Finalement nous n’avons créé aucune richesse, nous n’avons fait que vivre sur un capital humain et des ressources à bas prix. Il nous faut maintenant trouver d’autres voies alternatives.

La crise actuelle est aussi une crise de la démocratie. Les gouvernements sont partout contestés, car ce sont eux qui, au fil des années, ont dépensé sans compter pour flatter le peuple et acheter nos voix. La démocratie représentative a été prise en otage par une oligarchie qui se partage le pouvoir. Elle tient le peuple en laisse et ne lui permet pas de s’exprimer. Il ne suffira pas de changer les équipes en place pour résoudre la crise. Le peuple ne se contentera pas de voir Monsieur Papandréou quitter le pouvoir en Grèce ou de constater la démission de Monsieur Berlusconi en Italie. En 2012, il ne suffira pas de changer le gouvernement en Espagne, en France et même aux Etats-Unis, car ce sont des changements de façade. Les promesses démagogiques permettront aux nouveaux venus d’accéder au pouvoir, mais ils seront dépourvus face à la dette et à la ruine des Etats, et ils ne feront pas mieux que leurs prédécesseurs. Devant des évènements aussi graves, les peuples veulent la parole, ils veulent s’exprimer sur des questions précises et concrètes, comme ils le font chaque jour dans les réseaux sociaux.

Mais nous vivons aussi une crise encore plus grave : il s’agit d’une crise morale. L’occident manque d’ambition et d’audace, il lui manque une pulsion de vie, un désir de s’épanouir pleinement. Nous avons tout misé sur le matériel, sur le niveau de vie, sur notre petite santé physique, sur le PIB. Nous avons voulu asseoir notre bonheur sur la réussite économique. Lorsque celle-ci se dérobe, il ne nous reste plus rien, sauf la « dépression », dans tous les sens que l’on donne à ce mot !… La réponse va consister à aller au-delà du matériel.

Tels sont les enjeux, qui sont autant de défis à relever. Il nous faut déjà penser à demain et préparer notre esprit à changer notre système de valeurs et, sans doute, y ajouter un supplément d’âme. Nous sommes co-responsables du monde dans lequel nous vivons. Il va changer et nous sommes les acteurs du changement, en pensées, en paroles et en actes…

Je vous renvoie aussi à une analyse plus argumentée sur la crise de l’occident, dans le livre que j’ai écrit : « Démocraties en péril, Déclin de l’Occident », publié chez L’Harmattan.

Ce livre est disponible en version papier ou bien e-book chez l’éditeur

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