Les Hommes, de tous temps, ont aimé se rassembler pour fêter ensemble les évènements qu’ils trouvent importants. Ainsi, dans un lointain passé, se réunissaient ils pour fêter l’arrivée des 4 saisons. Nous fêtions également les mariages et toutes les fêtes religieuses. Bref, nous fêtions ensemble des évènements collectifs … Les autres, plus privés, comme les anniversaires, se fêtaient en petits comités, avec nos très proches, ou bien pas du tout ! Fêter son anniversaire, par exemple, est très récent.
Aujourd’hui, pourtant, fêter son anniversaire devient quasiment l’évènement de l’année ! les “festivités” peuvent parfois s’étaler sur plusieurs jours … Nous le fêtons dans l’intimité, puis avec la famille, avec les amis, parfois même avec les collègues : certains anniversaires ressemblent à une fête de mariage et l’heureux “survivant” (comment appeler celui ou celle qui fête avec tant d’enthousiasme le fait de s’engager dans une nouvelle année de vie supplémentaire ???) reçoit moult cadeaux et compliments.
Par contre, nous nous réunissons beaucoup moins, voire plus du tout, au nom d’évènements collectifs qui -pourtant- nous concernent tous : il reste encore Noël comme fête de famille (mais cela tend à disparaitre au profit de voyages lointains dans l’autre hémisphère), et le 1er de l’an … Si nous trouvons d’autres occasions pour nous réunir dans une année, c’est bien plus à l’occasion de “ponts”, ou autre jours de congés, que pour fêter quoique ce soit !
Bref, je me faisais la remarque que nos “fêtes” étaient toujours à l’image de notre société : et, comme aujourd’hui l’individualisme prime sur le collectif, nous “nous” fêtons allègrement !
Simplement, et c’est toujours une question d’équilibre, ces festivités autour de nos petits “moi” ne développent elles pas encore plus notre nombrilisme galopant ?? Et l’apprentissage commence très tôt : ainsi, existe-t’il une industrie de l’anniversaire qui offre ses services dès le plus jeune âge ! Pour les quatre ans de votre petit prince ou princesse, vous pouvez louer salles, clowns, traiteurs et autres impédimentas et vous organiserez alors une fête digne d’un mariage … C’est peut-être d’ailleurs pourquoi lesdits mariages, jaloux des anniversaires, en rajoutent aujourd’hui dans le grandiose.
Car si, en principe, nous ne nous marions qu’une ou deux fois (enfin, dans la majorité des cas !), nos anniversaires pointent leurs nez tous les ans. Puisque nous sommes plusieurs milliards à vivre sur notre belle planète … réjouissons-nous ! Nos agendas vont vite se remplir avec, chaque semaine, encore et toujours des anniversaires à fêter : chacun voulant “sa” fête, et la comparant à celle du voisin, deviendront-elles de plus en plus grandioses ? Bien sûr, comme tout est symbole, il se peut que nous nous mettions à mesurer notre “importance” ou, autrement dit, notre valeur, à l’importance que les autres prêtent à notre anniversaire ! Je suis important, ou je ne le suis pas. Je suis aimé, ou je ne le suis pas …
Et c’est le serpent qui se mord la queue : pour me prouver que je suis important et aimé, j’attend encore plus de cet anniversaire.
Nous ne fêtons donc presque plus les dates symboliques de nos calendriers : toute notre énergie est tournée vers celles qui nous appartiennent en propre. Je ne sais pas si nous aurons encore le temps, l’énergie ou les moyens financiers pour fêter ensemble les quelques fêtes collectives qui avaient subsisté jusqu’ici …
Toutefois, gardons quand même un peu de temps libre pour apprécier, sans tambour ni trompette, le temps qui passe chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde … Quand fêterons-nous ensemble la joie de revoir le soleil chaque matin ?