Une tête bien faite, vaut-elle mieux qu’une tête bien pleine ? Jusqu’au 19ième siècle, les savants étaient des humanistes, à la fois des scientifiques et des philosophes. Leurs savoirs étaient vastes et embrassaient tous les champs de la connaissance.
La somme des connaissances acquises au cours des cent dernières années est si considérable qu’il a été nécessaire de la morceler en centaines de spécialités de plus en plus étroites. Il n’existe plus de physiciens au sens stricte, mais des physiciens des particules, des physiciens quantiques, des astrophysiciens, des électrophysiciens, des magnétophysiciens, etc. Mais aucun d’entre eux n’est en mesure d’appréhender la totalité de son domaine. Il a donc fallu les scinder en une multitude de spécialités de plus en plus étroites et pointues. Dans le domaine de la biologie, la segmentation est telle qu’un spécialiste ne connaît qu’un pourcentage infime de la biologie. Il est en fait ignorant de plus de 99,9% des connaissances en biologie !
Le champ de la connaissance est aujourd’hui si vaste que même un spécialiste chevronné ne peut bien connaître la totalité des publications scientifiques de sa spécialité. Chaque jour son expertise est de plus en plus étroite. Le problème s’aggrave lorsque l’on considère qu’une question résolue soulève dix nouvelles questions. En quelque sorte, ce que l’on ignore croit plus vite que la connaissance. Il n’est donc pas exagéré de dire qu’un chercheur est, par la force des choses, chaque jour plus ignorant… Telle est la remarque de Stuart Firestein, professeur à Columbia University, dans son livre récent intitulé : « Ignorance : How it drives science ».

avec un pare-feu d’ignorance
Il peut sembler paradoxal de penser que l’ignorance conduit la science. Bien sûr, un scientifique doit connaître beaucoup de choses, mais ce n’est pas la somme des connaissances qui fait un bon scientifique. Je dirais qu’un bon scientifique est celui qui pose les bonnes questions, c’est à dire qui formule bien ce qu’il ne sait pas. Il est donc doué d’une ignorance de haute qualité, c’est à dire mue par la curiosité. Ce qui fait la différence entre un bon scientifique et les autres, c’est qu’il sait ce qu’il ne sait pas, il en est conscient et sa curiosité va le pousser vers la recherche de savoir, en posant les bonnes questions. Les autres ne savent pas qu’ils ne savent pas, puisqu’ils ne se posent pas de questions. Le grand physicien Maxwell n’a t-il pas écrit : « L’ignorance profondément consciente est un prélude à toute réelle avancée de la connaissance».

– Alors, pourquoi diable tu veux toujours tout savoir?
Finalement les questions sont plus intéressantes que les réponses. La réponse est la fin du processus, mais c’est la question qui fascine, c’est le sel de la vie. Nous venons de voir qu’un spécialiste ne connaît pas grand-chose en dehors de sa spécialité. Néanmoins, il en sait suffisamment pour comprendre les questions qui taraudent ses confrères. Il n’est pas nécessaire d’être immunologiste pour comprendre les questions que les spécialistes de ce domaine se posent. L’avantage de faire l’éloge de l’ignorance, c’est que cela met tout le monde sur un pied d’égalité… Il est souvent bien difficile et ennuyeux de comprendre le jargon d’un scientifique lorsqu’il nous parle de ce qu’il sait, mais il est souvent passionnant de partager avec lui ses questionnements.

– NON, vous ne pouvez pas poser de questions
En ce qui me concerne, l’inconnu ne m’a jamais fasciné… mais bien au contraire, cela m’a toujours fait “peur”…. Cela est dû à mon parcours de vie je pense….Par ex. l’informatique, j’ai eu un mal fou à prendre confiance en moi, et Internet, il n’y a que très peu de temps que je m’y suis mise….. Par contre, ce que j’ai pu souffrir (même encore) de certaines de mes ignorances !…