362 – ROME SERA T-ELLE SAUVEE?

Nous vivons une époque durant laquelle toutes les hiérarchies vacillent. A la chute de l’empire romain, l’Eglise Catholique hérita du pouvoir et domina l’Europe pendant des siècles. Aujourd’hui elle est menacée à son tour.

L’EMPIRE ROMAIN ET L’EUROPE CHRETIENNE

Dans notre précédente chronique nous évoquions le sermon de Saint Augustin à la suite de la chute de Rome et comment il su réconforter ses fidèles bouleversés. « Rome est tombée. Elle a été prise mais la terre et les cieux n’ont pas été ébranlés ». Augustin comprit combien cette chute de l’empire signait l’ascendant que la Rome ecclésiastique allait prendre sur tout l’occident désormais chrétien. En effet, durant quinze siècles, la chrétienté étendit son influence,  défricha, cultiva, enseigna, fit les lois, construisit des cathédrales, couronna les rois et inspira les peuples d’Europe désormais soudés par les mêmes rites, les mêmes valeurs et les mêmes croyances en un seul Christ sauveur.

L’histoire de la chrétienté se confond avec l’histoire de l’Europe dont elle constitue le fondement, le socle fondateur. Elle connut comme l’Europe ses heures de gloire et de rayonnement, mais aussi ses heures sombres d’aveuglement et de tyrannies. Tel fut notre creuset dans lequel se forgea l’âme européenne. L’empire romain avait disparu mais les romains étaient toujours là et Rome, capitale de la chrétienté, rayonnait à nouveau sur le monde… 

 Mais une nouvelle fois Rome est menacée d’effondrement car elle a refusé de se réformer et reste crispée sur une vision centralisée, absolutiste et quasi monarchiste de la papauté. Tel est le reproche adressé à l’Eglise romaine par le théologien catholique Allemand, Hans Küng dans son livre intitulé « Peut-on encore sauver l’Eglise ? » dans lequel il propose d’administrer « une thérapie de la dernière chance » à une Eglise qu’il juge « moribonde ». Trop de juridisme, de cléricalisme, trop d’hostilité envers la sexualité et envers les femmes. 

Hans Küng ne propose pas de faire de l’Eglise une démocratie soumise aux fluctuations aléatoires de la majorité. Si elle eut été une démocratie, elle n’existerait plus depuis longtemps. Mais il propose de revenir à l’enseignement du Jésus historique, celui qui n’aurait jamais interdit aux divorcés de se remarier, qui n’aurait pas imposé aux prêtres le célibat, ses apôtres l’étaient tous, Il vivait entouré de femmes et Il ne les aurait jamais écartées du sacerdoce. 

Il rappelle aussi que cette domination romaine inflexible, traditionaliste et dogmatique, conduisit au fil de l’histoire à la division de la chrétienté. Le Protestantisme s’est développé à partir l’intransigeance de Rome. Nous pouvons ajouter que parmi ceux qui sont de culture catholique, c’est-à-dire ceux qui appartiennent à des familles traditionnellement catholiques, nombreux ne se reconnaissent plus aujourd’hui au sein de l’Eglise romaine et ne parviennent même plus à se définir comme étant catholiques. 

Il est symptomatique que les pays européens n’aient pas jugé bon d’inscrire dans la constitution européenne l’origine chrétienne de leurs peuples. L’Europe a ainsi voulu couper ses racines dès sa fondation et s’étonne maintenant de ne pouvoir s’enraciner dans l’esprit et dans l’âme des peuples ! L’Europe laïque et sans âme vacille tandis que Rome est exsangue, vidée de ses ouailles et en proie au doute. Si rien n’est entrepris, nous pouvons nous attendre à une nouvelle chute de Rome qui pourrait bien accompagner la chute de l’Europe toute entière qui est son œuvre à travers les siècles. L’univers souvent fonctionne par « synchronicité ». Il n’y a rien d’étonnant donc que l’une et l’autre soient aujourd’hui sur le fil du rasoir. Si Rome sombre, elle risque d’entrainer dans son naufrage sa fille ainée.

« Ce que l’homme fait, l’homme le détruit » affirmait Augustin en la cathédrale d’Hippone, lorsqu’il philosophait sur la chute de Rome, annonciatrice de l’extraordinaire puissance de l’Eglise qui suivit. D’autres, sur les mêmes rivages de la Méditerranée, se réjouiront sans doute de la nouvelle chute de Rome, annonciatrice cette fois du pouvoir d’une autre religion totalitaire dont l’essor frappe déjà les esprits. A moins que dans un sursaut de sauvegarde nous préférions suivre l’exemple des Evangélistes américains !…

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3 commentaires

  1. Lecture nocturne pour ma part… la fatigue ne rime pas toujours avec le laisser aller. Je ne suis pas trop d’accord avec ce point de vue pessimiste (si je lis bien entre les lignes). Le catholicisme ou plus largement le christianisme est la religion qui met le plus en avant la femme… d’Ève à Marie en passant par la femme adultérine… nous sommes toutes représentées et appelées à la sainteté. Nous sommes aussi les dernières à accompagner le Christ à la Croix (les apôtres ne se sont t-ils pas barrés… mis à part Jean ?).
    Il y a certes de la poussière sur certaines épaules mais qui n’en a pas ? Il y a aussi des trésors à découvrir dans les paroisses, les communautés nouvelles, les lieux comme Medjugorgie… Que les aveugles voient et que les sourds entendent. il y a de belles choses autour de nous, même si nous avons tous à grandir encore et encore. Je suis frappée par la faculté d’un grand nombre à voir les choses de façon négative. Je m’occupe depuis très peu de temps de jeunes de 13/14 ans et je vois combien les personnes qui les encadrent ont du mal à les valoriser, à voir ce qu’il y a de beau en eux. Une lecture donnée devient une punition… quelle drôle de méthode ! C’est comme dire à une plante “puisque tu ne pousses pas assez vite, je te noie… et tu ne diras pas que je ne t’ai pas arrosée !”. Apprenons à discerner nos propres talents et acceptons de partager nos faiblesses pour entrer en communion les uns avec les autres.

    1. Merci pour cette très belle mise au point.
      Mon point de vue c’est que la hiérarchie catholique est aujourd’hui coupée de sa base. Le renouveau ne peut venir que d’un retour aux sources qui se fait déjà ici ou là.

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