Depuis l’aube de l’humanité, le commerce s’est développé seulement en certains lieux et à certaines époques. En effet, le développement économique ne peut se faire que si l’environnement est favorable. Or, de tous temps, l’économie a eu deux ennemis implacables : la guerre et l’étatisme qui génèrent l’un et l’autre des entraves à la liberté.
Dans un célèbre discours, prononcé en 1819, sur « La liberté des Anciens comparée à celle des Modernes », Benjamin Constant fait cette constatation : « La guerre est antérieure au commerce ; car la guerre et le commerce ne sont que deux moyens d’atteindre le même but : celui de posséder ce que l’on désire. Le commerce est une tentative pour obtenir de gré à gré ce que l’on n’espère plus posséder par la violence. Un homme qui serait toujours le plus fort n’aurait jamais l’idée du commerce ». Il ajoute : « Chez les Modernes, une guerre heureuse coûte infailliblement plus qu’elle ne vaut ».
Dans ce même exposé, Benjamin Constant montre combien la liberté individuelle est devenue l’apanage des sociétés modernes: « Notre liberté, à nous, doit se composer de la jouissance paisible de l’indépendance privée. Enfin, le commerce inspire aux hommes un vif amour pour l’indépendance individuelle. Le commerce subvient à leurs besoins, satisfait à leurs désirs, sans l’intervention de l’autorité. Toutes les fois que les gouvernements prétendent faire nos affaires, ils les font plus mal et plus dispendieusement que nous ».
Il convient de replacer ce discours dans son contexte. La France sortait d’une longue suite de bouleversements, après la Révolution et l’Empire. En 1819 s’affrontaient deux partis farouchement opposés : les Libéraux, héritiers des Lumières, auxquels appartenait Benjamin Constant et les Ultras, conservateurs, partisans de l’ordre ancien et d’un pouvoir central omnipotent. Il n’est pas inintéressant de faire l’analogie avec la société d’aujourd’hui où s’affrontent, d’un côté, les partisans du libéralisme et de la liberté d’entreprendre, très minoritaires, et de l’autre les tenants du socialisme étatique qui veulent tout contrôler et se retrouvent les héritiers du centralisme monarchique de l’Ancien Régime !
Benjamin Constant poursuit son analyse : « Chez les Anciens, leurs
