Qu’on le veuille ou non, l’économie gouverne le monde depuis les premiers échanges, à l’aube de l’humanité. Aujourd’hui, dans un monde globalisé dans lequel les échanges, le commerce, les voyages et les connections n’ont jamais été aussi importants, l’économie est devenue la base de nos relations.
L’économie devrait donc être enseignée dès le plus jeune âge et tout au long de la vie. Mais on frémit lorsque l’on constate le degré d’ignorance et d’incompétence de ceux qui prétendent nous gouverner. C’est à leur intention que j’ai rédigé ce petit cours inaugural d’économie de base :
1 -Parlons tout d’abord de l’endettement. A titre individuel nous empruntons pour acheter un bien durable, par exemple un appartement, et nous vérifions que nous pouvons rembourser au fil des années et payer les intérêts, sinon le logement peut nous être repris par le prêteur. De la même façon un Etat peut s’endetter pour investir pour le futur afin d’améliorer l’économie d’un pays. Il va ainsi construire des routes, améliorer les infrastructures, créer des centres d’enseignement et de recherche ou rendre ses services plus performants et plus économes. Ce sont des dépenses nobles dites « d’investissement ».
Lorsque l’Etat emprunte pour payer ses fonctionnaires ou leur retraite, pour financer les déficits de l’assurance chômage ou de l’assurance maladie, ce sont des dépenses dites de « consommation », c’est à dire qui ne permettent pas d’acquérir un bien durable et qui risquent de se reproduire et de s’accumuler d’année en année. Ce sont des « dépenses non productives ». C’est actuellement la position du gouvernement français qui emprunte même pour payer les intérêts de sa dette ! Celle-ci atteint le chiffre astronomique de 2000 milliards d’Euros… Mais le plus incroyable, c’est que ce gouvernement prétend guérir d’une crise de sa dette… par plus de dettes !…
2 – Vous pouvez vous poser la question de savoir pourquoi il existe des institutions financières qui prêtent encore à des pays qui seront à jamais tout à fait incapables de rembourser leurs dettes monstrueuses. La France continue même d’emprunter et d’augmenter chaque jour sa dette, pour payer son train de vie, avec des taux d’intérêts très faibles. Comment est-ce possible ? Qui est donc le garant d’une pareille dette pour que les créanciers continuent d’avoir confiance ? Les garants qui rassurent les créanciers, ce sont les français eux-mêmes, détenteurs d’une Assurance vie. Car le jour venu, l’Etat fera un « emprunt obligatoire », forcé, pour honorer ses créances, c’est-à-dire qu’il confisquera les dépôts de l’Assurance Vie et versera une rémunération symbolique, mais vous ne reverrez jamais le capital !
Ne croyez pas qu’il s’agit d’un scénario imaginaire sorti de la tête d’un pessimiste invétéré. Cela fait partie des recommandations du FMI, similaires à ce qui a été mis en place à Chypre. Il est difficile de fixer une date exacte pour ce scénario, mais il est fort vraisemblable que cela interviendra en France, avant la fin de l’actuelle législature. Si j’ai donc un conseil à vous donner, souscrivez une assurance vie dans un autre pays européen où vous mettrez aussi vos avoirs bancaires. C’est légal et ils doivent bien sûr être déclarés, mais ils seront à l’abri.
3 – Pourquoi les riches deviennent-ils chaque jour plus riches ? C’est une constatation irritante, dans une économie que l’on dit moribonde où le chômage explose et où les salaires se rétractent, il devient en effet inconvenant d’apprendre que les gens fortunés le sont chaque jour davantage. Que font-ils donc de frauduleux ? Vous serez peut-être étonnés d’apprendre qu’ils ne font rien : ils attendent, tout simplement. Ils attendent que les Banques Centrales, celles qui fabriquent la monnaie, ouvrent les vannes du crédit bon marché pour soi-disant stimuler l’économie. La Banque Fédérale Américaine et la Banque Centrale Européenne ont créé des milliers de milliards qu’elles ont déversés dans le réseau bancaire, à des taux d’intérêt proches de zéro, pour faire plaisir aux gouvernements surendettés.
Hélas, on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. Tout cet argent créé à partir de rien ne stimule pas une économie qui n’a pas besoin d’investir. Quelle entreprise va construire des usines ou des centres de recherches lorsque les perspectives économiques sont mauvaises et que les clients achètent moins ? Où va donc tout cet argent ? Il est tout d’abord emprunté par les Etats déficitaires, pour payer leurs fonctionnaires, ce qui aggrave le surendettement. Ensuite, il permet aux banques d’investir en bourse, d’acheter des actions, des immeubles de rapport etc… Enfin, les sociétés peuvent emprunter à très bon marché pour racheter leurs propres actions. Ainsi, en 2014, les sociétés ont dépensés 2500 milliards de dollars pour racheter leurs actions, c’est l’équivalent du PIB de la France ! Donc, tout naturellement, mécaniquement, les prix des actions montent, et sans rien faire, les propriétaires d’actions ou de biens immobiliers, c’est-à-dire les riches, continuent de s’enrichir en dormant.
4 – Il faut bien comprendre que c’est l’excès de dettes qui a créé la crise économique. Quand l’essentiel des ressources d’un pays est confisqué, à travers les impôts, pour payer les intérêts de la dette des gouvernements, il ne reste plus rien pour que les ménages ou les entreprises continuent à dépenser et stimulent l’économie. La réponse qui consiste à s’endetter davantage pour prétendre stimuler l’économie, est une attitude tout à fait suicidaire. Cela revient à servir un verre supplémentaire d’alcool à celui qui prétend qu’il fait une cure de désintoxication. Donc, tant que la dette continuera de croitre, comme en France, il est mensonger de prétendre que la croissance peut revenir, c’est impossible. Combien de temps tout cela peut-il encore durer ? Le jour où les taux d’intérêts vont recommencer à monter, les Etats trop endettés verront se resserrer inéluctablement le nœud coulant qui les étouffera. C’est pour quand ? Il est plus difficile de répondre à cette question. Disons, globalement, lorsque les créanciers auront perdu confiance dans les emprunteurs ou perdu confiance dans la monnaie…
Restez à l’écoute, dans notre prochaine chronique nous en reparlerons, nous écrirons sur l’inflation et la déflation et nous poserons la question fondamentale : où va l’Euro ? Ces questionnements sont importants car ils vont venir rapidement d’actualité… N’oubliez pas que, contrairement à tout ce que vous pouvez entendre dans les media et dans la bouche des gouvernants, en Europe la crise économique est toujours devant ! Nous verrons pourquoi.
Excellent article auquel je souscris totalement, en rapport avec nos échanges passés.
Intéressant aussi de mettre en perspective ces commentaires avec la décision prise par la Banque du Japon la semaine dernière… Cette dernière entend littéralement assécher le marché des bons du trésor japonais en engageant des moyens encore accrus… Les montants sont astronomiques et… cela ne fonctionne pas… (l’économie japonaise ne redécolle plus…).
Je pense que le Japon a quelques années « d’avance » sur la France, l’Europe, mais aussi les Etats-Unis… Là-bas, les QE sont devenus perpétuels, la dette, en % du PIB, est bien supérieure encore à ce que l’on observe chez nous (y compris en Grèce…) et les taux d’intérêt sont encore plus bas… privant ainsi ce pays de rentiers des revenus légitimes qu’ils devraient percevoir…
Si je cite le Japon, c’est parce que c’est de ce pays que, peut-être, pourrait venir la première crise de confiance frappant un état « majeur »… Pas certain que dans ce contexte, les obligations d’Etat françaises se maintiennent à leur niveau actuel…
Merci pour vos commentaires toujours très précieux. Avec mes meilleures salutations
Bonjour Monsieur Ponroy,
Excellent article auquel je souscris totalement, en rapport avec nos échanges passés.
Intéressant aussi de mettre en perspective ces commentaires avec la décision prise par la Banque du Japon la semaine dernière… Cette dernière entend littéralement assécher le marché des bons du trésor japonais en engageant des moyens encore accrus… Les montants sont astronomiques et… cela ne fonctionne pas… (l’économie japonaise ne redécolle plus…).
Je pense que le Japon a quelques années « d’avance » sur la France, l’Europe, mais aussi les Etats-Unis… Là-bas, les QE sont devenus perpétuels, la dette, en % du PIB, est bien supérieure encore à ce que l’on observe chez nous (y compris en Grèce…) et les taux d’intérêt sont encore plus bas… privant ainsi ce pays de rentiers des revenus légitimes qu’ils devraient percevoir…
Si je cite le Japon, c’est parce que c’est de ce pays que, peut-être, pourrait venir la première crise de confiance frappant un état « majeur »… Pas certain que dans ce contexte, les obligations d’Etat françaises se maintiennent à leur niveau actuel…
Merci pour vos commentaires toujours très précieux. Avec mes meilleures salutations
Pascal Roux