Nous rêvons tous d’être riches ! Mais riches de quoi ? Nous ne savons même pas ce qu’est la richesse. Et quel prix sommes-nous prêts à payer pour être riches ?
Richesse économique
Nous aimons la richesse matérielle car elle donne du confort, mais surtout du prestige et du pouvoir. Nous aimons posséder de l’argent et des biens, souvent au-delà de nos besoins. Nous constatons qu’il n’y a pas de limites à l’appétit insatiable des riches pour posséder plus. Nos sociétés modernes sont basées sur la croissance économique.
Autant que nous en sachions, il y a toujours eu des riches et des pauvres, depuis l’aube de l’humanité. L’inégalité est au cœur des sociétés humaines pour plusieurs raisons : nous n’avons pas tous les mêmes talents, nous n’avons pas tous les mêmes goûts pour la possession, nous n’avons pas tous la même chance et le même destin, et, enfin, nous naissons dans des régions et des familles différentes, avec un capital éducatif et économique différent.
Avant l’ère industrielle, les humains vivaient en osmose avec la nature dans laquelle ils puisaient l’essentiel de leurs besoins, sans en modifier l’équilibre général. La richesse globale disponible était relativement constante. Les chasseurs-cueilleurs vivaient de façon assez égalitaire, avec peu de possession.
Lorsque l’humanité s’est sédentarisée, elle a pris goût à la possession de la terre et des cheptels animaux. Le phénomène s’est aggravé dans les périodes historiques au fur et à mesure de la complexification des sociétés. Le pouvoir et l’argent ont souvent été accaparés par une minorité dont la richesse s’est accrue de génération en génération.
L’ère industrielle
Les inégalités se sont encore accentuées lors de la révolution industrielle. Il est coutume de dire qu’il y a eu depuis cette époque « création de richesse ». Mais, si on y regarde de plus près, on s’aperçoit que cette augmentation de la richesse collective ne fut pas une création mais un transfert !
C’est en effet en puisant dans les richesses naturelles (charbon, pétrole, métaux, déforestation, épuisement des terres) que les hommes se sont enrichis. Ils ont donc puisé dans le capital commun, mais n’ont réellement créé aucune richesse nouvelle…
Depuis la fin du XXème siècle, les sociétés ont créé de la monnaie à partir de rien. Aujourd’hui, l’ensemble des sociétés industrielles ont des milliers de milliards de dettes qui leur donnent l’impression de richesse. Mais il s’agit d’une fiction. Dans la réalité, la création de richesse est en grande partie une illusion. Globalement l’humanité s’est appauvrie, d’une part en épuisant le capital naturel et, d’autre part, en polluant la planète !
Dans la nouvelle ère post-industrielle qui s’est ouverte avec le début du nouveau millénaire, nous pouvons espérer obtenir enfin une véritable création de richesse en utilisant des énergies renouvelables comme le soleil et le vent et, d’autre part, grâce à l’intelligence artificielle qui peut être supérieure à celle de l’homme. Hélas, le problème des inégalités restera entier.
Richesse culturelle
Nous savons tous combien la richesse économique n’est pas une fin en soi et ne saurait, à elle seule, apporter le bonheur. Elle n’est qu’un moyen d’améliorer le bien-être de base, le reste est superflu.
Des valeurs fondamentales comme la langue, la patrie, la religion, les traditions ou la famille constituent les fondements d’une richesse sans prix, que l’on peut dénommer « richesse culturelle ».
Cette richesse-là n’est pas universelle. Elle est spécifique à une époque et à un lieu, mais elle constitue le ciment qui permet aux sociétés de fonctionner. L’histoire a montré que les peuples sont davantage prêts à mourir pour défendre leurs cultures que pour défendre leur porte-monnaie !
A partir d’un certain niveau de revenus, nous sommes plus enclins à défendre nos valeurs culturelles que nos valeurs économiques.
La connaissance
Il est un capital qui s’est enrichi au cours des siècles, c’est le niveau de nos connaissances. Ces dernières se sont transmises et accumulées de génération en génération, conférant à l’humanité un énorme pouvoir, et donc une énorme richesse.
La connaissance est une richesse universelle, valable sous toutes les latitudes et elle appartient à l’humanité dans son ensemble qui peut en disposer.
La connaissance est une richesse inaliénable, qui ne s’épuise pas lorsqu’on la distribue. Au contraire, plus elle est disséminée parmi un plus grand nombre d’hommes, plus elle renforce son potentiel et se développe.
La connaissance constitue donc un capital inestimable. C’est la raison pour laquelle l’accès à la connaissance est la vraie voie qui peut réduire les inégalités économiques.
Richesse spirituelle
Les seules richesses économiques, culturelles et du savoir sont-elles susceptibles d’apporter le bonheur ? Certes, elles y contribuent, mais sont-elles suffisantes pour nous combler et apaiser nos angoisses ?
Nous constatons que le développement de l’économie et de la connaissance fut accompagné par un déclin de nos valeurs spirituelles, comme si elles étaient susceptibles de les remplacer.
Nos sociétés occidentales contemporaines ont indiscutablement perdu une certaine richesse d’âme et de cœur, spécifiques des sociétés plus traditionnelles. Est-ce un bien, ou est-ce un handicap ?
Il existe un certain malaise dans nos sociétés qu’il est difficile de contester. Ce malaise se traduit par une augmentation considérable du nombre de dépressions, de troubles psychiques et de suicides. Ce phénomène est-il dû à nos nouveaux modes de vie ou bien résulte-t-il d’un « manque d’âme » ? Souffrons-nous d’un manque de transcendance, c’est-à-dire d’un besoin d’une instance supérieure ?
La question reste ouverte. Mais si l’on admet que la spiritualité est une dimension spécifiquement humaine, il est clair qu’aujourd’hui cette richesse est laissée à l’abandon. Est-elle susceptible de nous apporter un supplément d’être ?
Le travail d’une vie consiste peut-être à faire la distinction entre les richesses illusoires de la possession matérielle et les richesses qui comblent notre esprit et notre âme. Finalement, la vraie richesse n’est-elle pas le bonheur ? Il se peut que pour l’expérimenter nous avons besoin de l’ensemble de nos richesses en bonne harmonie. Quoiqu’il en soit, l’homme sera éternellement confronté à ce dilemme et devra choisir entre l’être et l’avoir. « To be or not to be, that is The question ».
PS : Cette chronique a été inspirée par un texte sur le même sujet paru récemment sur le blog Sur la société