888 – L’EUROPE HUMILIÉE

L’Europe a-t-elle une âme ? L’Europe a-t-elle assez de force et d’énergie pour exister ? L’Europe est-elle dans une phase d’autodestruction, de manque de goût de vivre ? Il semble qu’elle dilapide son capital…

Pendant des siècles, elle fut le phare qui éclaira le monde. Sa civilisation fut longtemps un modèle, son économie fut prospère et ses artistes furent admirés. L’Europe d’aujourd’hui doute d’elle-même …

Chaque mois, je reviens sur ce sujet qui m’obsède car je suis attristé d’observer le déclin de l’Europe qui semble s’accélérer et dont elle est directement responsable.

Timidité économique

La digitalisation du monde occasionna une disruption radicale qui redistribua les cartes dans le jeu des influences mondiales. L’Europe en fut la grande perdante.

Où sont les GAFAM européennes ? Pourquoi aucune entreprise européenne n’est leader dans le domaine des nouvelles technologies ? Pourquoi l’Europe a abandonné aux Américains et aux Chinois le leadership technologique ? Pourquoi les meilleurs ingénieurs européens, les plus créatifs, partent-ils s’installer dans la Silicon Valley, en Californie, pour créer des start-up ?

Pourquoi les principaux fabricants de composants électroniques sont-ils en Asie ? Comment se fait-il que les Européens aient laissé aux Chinois le quasi-monopole des Terres-rares, pourtant si essentielles pour développer les nouvelles technologies ?

Cette perte d’influence de l’Europe ne concerne pas que l’économie. Elle est aussi politique et militaire. Les pays européens ne sont jamais parvenus à s’unir, ils n’ont pas de politique commune cohérente. Partant de là, ils n’ont pas d’armée commune, pas de chef, et chacun de son côté disperse ses forces sans efficacité…

Il existe une problématique culturelle qui affaiblit l’Europe, c’est son manque de fierté, son manque de nationalisme face aux nationalismes Chinois, Russe ou Américain, qui sont une véritable force et assurent une cohésion des peuples.

Depuis 25 ans les politiciens européens manquent d’envergure et d’ambition européenne. Ce sont des boutiquiers qui ne savent pas voir plus loin que la durée de leur mandat. Ils servent leur Parti et leur propre intérêt. Les européens ont, dans leur ensemble, une vision étriquée du nationalisme, sans comprendre qu’il est un puissant moteur. En absence de ce moteur, l’Europe a longtemps stagné. Aujourd’hui, suite au choc du covid, qui a amplifié les forces et les faiblesses de chacun, elle régresse très vite !

C’est dans ce contexte de faiblesse européenne que la Suisse s’est permise de clore les discussions avec l’U.E sur le traité d’accords bilatéraux. Ce n’est qu’un symbole, mais elle considère qu’elle s’en sortira mieux toute seule qu’avec les contraintes communautaires.

Pegasus, le cheval ailé, symbole de la faiblesse européenne

Même des petits pays comme la Suisse ou Israël surpassent en technicité les pays de l’Union Européenne qui épuisent leur force à soutenir des industries du passé ou à subventionner des individus qui s’installent dans l’assistanat chronique.

L’affaire Pegasus, que les politiciens européens font semblant de découvrir, illustre parfaitement cette faiblesse. Ce logiciel téléphonique espion, développé en Israël, est utilisé par nombre de régimes autoritaires pour espionner qui bon leur semble et sans laisser de traces. Le Maroc et l’Arabie Saoudite ont été pris la main dans le sac, mais qui peut douter que nombre de pays, soi-disant démocratiques, l’utilisent, à commencer bien sûr par le gouvernement Israélien ?

Les pays européens sont espionnés par leurs voisins, y compris leurs amis supposés, jusqu’aux limites du ridicule, mais ils demeurent figés, incapables de réagir. Le Président Français, dont les conversations téléphoniques sont écoutées pas ses amis marocains et Israéliens, ne proteste même pas, comme s’il s’agissait d’une banalité.

Sous prétexte de lutte contre le terrorisme, les leaders européens acceptent que leurs conversations soient écoutées par les autres pays. Ils étaient habitués à être espionnés par les Russes, les Américains et les Chinois, pourquoi pas par le Maroc et Israël et de multiples autres ? « S’ils s’en étaient pris à la Chine, à la Russie ou aux Etats-Unis, le risque de représailles aurait été massif » affirme un spécialiste de la défense, mais « s’ils visaient l’Europe, ils savaient que rien ne se passerait ». Le diagnostic est tranchant et résume la faiblesse de l’Europe. Pégase était au service de Zeus qui le charge d’apporter le tonnerre sur l’Olympe…

L’Union Européenne n’est pas, en tant que telle, une puissance militaire et n’est donc pas respectée par les acteurs disposant, pour la cyberguerre, d’une réelle puissance de feu. Les européens ont trop vite oublié cette vérité fondamentale de la nuit des temps : on ne respecte que la force…

Tiraillée entre l’Ouest et l’Est

De toutes façons, les européens sont l’objet d’un chantage permanent de la part des Chinois et des Américains, sans être capables d’adopter leur propre voie. Ils sont sans cesse pris en sandwich entre ces deux hégémonies et ont perdu toute indépendance. Ils naviguent à vue en tentant d’éviter les principaux obstacles, mais ils n’ont pas de politique indépendante.

L’Europe a réussi le tour de force d’inclure la Turquie au sein de son traité de défense qui la lie aux USA ! La Turquie qui s’oppose à l’Europe sur pratiquement tous les dossiers : en Libye, en Irak, en Syrie. La Turquie qui menace la souveraineté européenne en Grèce et qui régule le flux des immigrés qui entrent sur le sol européen ! Malgré cela, les européens ne réagissent pas et chaque renoncement ouvre la voie à la prochaine humiliation.

L’Europe est restée muette face au coup de force des Chinois à Hong-Kong ! Les Européens sont trop dépendants de cette dernière pour oser protester, tétanisés par les mesures de rétorsions. Ils ne protesteront pas davantage quand la Chine fera le blocus de Taïwan. La Chine pourra racheter un à un ce qui reste des fleurons de l’industrie européenne, personne ne bronchera !

L’immigration constitue l’élément majeur qui menace l’existence même de l’Union Européenne. Néanmoins, elle est incapable de déterminer une véritable politique commune pour réguler une immigration choisie à la place d’une immigration subie.

Pire, elle fustige les pays qui voudraient établir des règles propres et qui entendent contrôler leur propre flux migratoire, comme en Hongrie, en Pologne ou au Danemark ! On peut qualifier cette attitude de suicidaire et, dans ces conditions, comment s’étonner que les citoyens européens ne soutiennent plus le projet européen ?

La politique du laisser-faire et du laisser-aller

Ce qui résume le mieux la politique européenne serait le laisser-aller, autrement dit, chacun fait ce qu’il veut et la liberté individuelle prime sur l’intérêt collectif. L’immigration en un exemple majeur.

Il en est de même dans le domaine des mœurs qui se veulent « progressives », c’est-à-dire qui rivalisent de transgressions. Plus les citoyens s’éloignent des standards traditionnels, plus ils reçoivent d’éloges des leaders européens. L’Europe, qui s’est fait surclasser dans tous les domaines, qui vont de l’économie jusqu’à l’éducation, entend garder le monopole de la déliquescence des mœurs. Le couple marié hétérosexuel avec des enfants, qui fut le modèle traditionnel depuis des siècles, doit être remplacé par l’infinité des possibles en matière d’appariement des citoyens.

Il ne s’agit pas seulement d’une extension du domaine de la liberté qui permettrait à chacun de vivre sa vie intime selon ses propres critères, mais il s’agit de faire la promotion, jusque dans les écoles, de toutes sortes de choix et d’expériences amoureuses au gré des fantasmes de chacun.

C’est ainsi que le gouvernement Hongrois refusent d’autoriser, chez les enfants, la promotion des mouvements LGBT+ telle qu’elle est mise en place dans les autres pays et faisant soi-disant partie des valeurs essentielles de l’Union ! La Hongrie est donc mise au pilori par ses collègues européens qui la menace des pires sanctions.

Tout se passe comme si le mouvement LGBT+, symbole de la décadence, était devenu l’alpha et l’oméga de l’Europe qui n’a rien d’autre à défendre et qui lui passe tous ses caprices. J’aimerais que soit proposé aux citoyens européens un référendum pour savoir si la priorité de la majorité est la promotion des LGBT+ dans les écoles !

Il semble que l’Europe gaspille ses dernières forces à saboter ses fondements dans une pulsion autodestructrice. Elle était jadis un modèle, elle est devenue un anti-modèle regardée avec un mépris condescendant. Elle a perdu sa fierté qui donnait aux autres peuples l’envie de lui ressembler. Jusqu’où ira son déclin ?

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