134 – TRAGÉDIE GRECQUE

 

Tout est maintenant en place pour le dernier acte : le dénouement tragique. Nous avons assisté à toute la pièce et le déroulement a été crescendo dans la plus pure tradition de la tragédie classique. La caractéristique d’une tragédie c’est que, lorsque les éléments sont en place, il n’existe pas de solution heureuse.

Les premiers ingrédients de la tragédie ont été mis en place en 2001 lorsqu’un petit comité de technocrates et de politiciens ont ouvert la porte de la zone Euro à la Grèce, contre tout bon sens. A cette époque, déjà, nous avions condamné cette folle décision lourde de menaces. Le pays n’était pas prêt et il était de notoriété publique que ses comptes étaient trafiqués. Si le peuple avait été consulté, il n’aurait jamais accepté pareille stupidité. L’Euro a fait tourner la tête des Grecs ; ils se sont crus riches parce qu’ils pouvaient emprunter à tour de bras et sans compter sur les marchés internationaux, avec la ferme intention de rembourser…aux calendes Grecs, ou à la Saint Glinglin !

On peut donc dire que tout était planifié dès le premier acte et que les évènements n’ont fait que s’enchaîner de la façon la plus naturelle et la plus prévisible. Ainsi, en 2010, survint l’acte II : la Grèce n’était plus en état de rembourser ses dettes. A cette époque il était encore possible d’arrêter de prêter aux Grecs et de les obliger de sortir de l’Euro. Ils auraient retrouvé leur monnaie nationale dévaluée et auraient remboursé leurs créanciers en monnaie de singe. La situation eut été difficile et nous serions sortis prématurément de cette belle tragédie, ce qui nous aurait fait manquer un beau spectacle. Rappelons qu’en 2002 l’Argentine a été confrontée au même scénario après avoir arrimé sa monnaie au dollar. Le FMI qui, à cette époque, fut mieux inspiré, lui a refusé un prêt de 1,3 Milliard de dollars, une broutille eu égard aux chiffres qui concernent la Grèce ! L’Argentine fit donc faillite et libéra sa monnaie. Ce fut dramatique mais pas mortel et, surtout, le mal fut circonscrit. Mais les oracles avaient prévu pour les Grecs un destin plus tragique et il fut confié, une fois de plus, à une cohorte de politiciens et de fonctionnaires internationaux. C’est ainsi que le FMI et la Banque Centrale Européenne (BCE) ont réussi à constituer une cagnotte de 110 milliards d’Euros afin de renflouer la Grèce, c’est-à-dire d’ajouter de la dette à la dette ! Il s’est même trouvé des thuriféraires pour féliciter le directeur général du FMI pour son savoir faire…

Le gouvernement Grec a été obligé d’imposer un jeûne drastique à ses concitoyens et l’économie s’est effondrée comme un malade auquel on a prescrit un régime trop sévère. Comme prévu donc, la situation s’est aggravée au début de l’acte III lorsque, au printemps 2011, la Grèce a dû à nouveau demander de l’aide pour faire face à ses échéances. Le gouvernement Grec a un besoin urgent de 12 milliards supplémentaires avant la fin Juin. Elle voudrait encore emprunter 70 milliards d’Euros pour espérer passer le cap de l’année. Mais auparavant la BCE exige le paiement des échéances prévues sinon elle serait elle-même mise en faillite virtuelle. De son côté le FMI lorgne sur le stock d’or de la Grèce comme garantie. Mais les grandes fortunes et les entreprises Grecques sont plus clairvoyantes et savent que la faillite est programmée. Des transferts massifs de capitaux ont déjà été effectués à destination des banques étrangères privant ainsi les banques Hellènes des liquidités indispensables. Selon Dimitri Kouselas, secrétaire d’Etat aux finances, la totalité des sommes transférées représente plus que les 344 milliards de la dette Grecque : l’impasse est donc totale.

Les bénéfices sont juteux pour les banques prêteuses qui se financent avec un taux de 1% et prêtent à 5 ou 6%. Mais l’acte IV  se joue actuellement sous forme d’appel de garanties pour les prêts consentis. Nous allons assister à un pillage généralisé des richesses nationales : aéroports, distribution d’Electricité, complexes touristiques, etc. Il n’est pas exagéré de dire que les politiciens Européens sont en train d’organiser la curée et de planifier l’agonie de la Grèce par refus de l’évidence : la Grèce n’aurait jamais dû faire partie de la zone Euro et plus vite elle en sortira, mieux elle se portera et… les autres aussi. Voilà une belle occasion de consulter le peuple pour connaître son avis !

SOPHOCLE

L’acte V reste à se jouer et il verra l’apogée de la tragédie Grecque, telle que Sophocle lui-même aurait pu l’écrire. La chute inévitable de la Grèce risque alors d’être contagieuse et le reste de l’Europe va trembler sur ses bases. Mais pour une fois soyons optimistes, et disons que la Grèce, avec un peu de chance, peut tenir encore un an !

Citation du jour :

« Les finances publiques doivent être saines, le budget doit être équilibré, la dette publique doit être réduite, l’arrogance de l’administration doit être combattue et contrôlée, et l’aide aux pays étrangers doit être diminuée de peur que Rome ne tombe en faillite. La population doit encore apprendre à travailler au lieu de vivre de l’aide publique ».

CICÉRON (55 ans avant Jésus-Christ)

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