L’autre jour, j’observais des fourmis dans mon jardin … Des centaines, certainement même des milliers de fourmis qui, inlassablement, se croisaient sur une ligne qui suivait le bord de la maison. Elles donnaient l’impression d’être hyper-actives, leurs petites pattes s’agitant frénétiquement comme si elles étaient pressées : «Vite, vite, ramener dans la fourmilière cette petite miette de pain, cette aile de mouche ou bien cette graine de fleur». Surtout, ne pas flâner, ne pas s’éloigner de «l’autoroute», bien faire signe à celles que l’on croise …
«Attention, petite fourmi, tu n’es pas sur cette terre pour rêver !»

Jean de la Fontaine l’a très bien expliqué dans sa fable «La cigale et la fourmi» : les cigales chantent et les fourmis besognent.
Alors, bien sûr, quand l’hiver arrive la fourmi ne craint rien : tout est prêt dans la fourmilière, elle a des vivres, un toit sur sa tête et une «famille» qui l’entoure. La cigale, quant à elle, est beaucoup plus indépendante -et imprévoyante- elle préfère chanter à tue-tête pour fêter le ciel bleu et le parfum des fleurs plutôt que de se fatiguer à engranger pour un futur qui lui paraît bien loin ! Il fait si bon sous les micocouliers …
Deux typologies
Deux philosophies …
Bien sûr, les différences se font sentir.
Bien que la fourmi ne fasse pas rêver (hormis, peut-être, l’écrivain Bernard Werber) elle se multiplie à la vitesse grand V. Je pense que c’est un des animaux les plus répandus sur la planète ! Elles sont un modèle d’organisation mais également d’agressivité et de ténacité. On ne rigole pas avec les fourmis …

La cigale, quant à elle, est parait-il en voie de disparition. Notre artiste et poète ne résiste pas au massacre des pesticides, insecticides et autres joyeusetés chimiques. Je vous laisse découvrir les secrets de notre charmeuse (extrait du site web www.rogercoudrey.chez.com) :
«À l’heure où tous les insectes errent à la recherche d’une goutte d’eau, la Cigale se rit de la sécheresse de l’été. Elle est équipée d’un rostre, pièce suceuse composée de quatre stylets pour perforer le bois et d’une “pipette” pour aspirer la sève.
Avec son rostre ou suçoir, fine vrille, elle fore l’écorce et atteint le bois gonflé de sève, puis s’abreuve à ne plus pouvoir. Cette piqûre ne cause aucun dégât aux arbres.
Installée, toujours chantant, sur une branche ou un tronc, le suçoir plongé dans le trou de bonde, elle s’abreuve avec délectation, immobile, tout entière aux charmes du nectar. Elle tourne autour de la branche par lentes enjambées latérales, à mesure que le soleil tourne, restant toujours dans la partie la mieux illuminée, la plus chaude.
Toutes ces manœuvres s’effectuent toujours en chantant pour le mâle, la femelle sirote en silence. Pendant qu’elle se désaltère, seul le mâle stridule, car la femelle ne chante pas !
Quand la Cigale s’abreuve, de nombreux insectes s’approchent pour lécher le liquide qui coule : guêpes, mouches et les fourmis. Agacée, notre Cigale fini par abandonner le puits, s’envole lançant un jet d’urine aux détrousseurs.
La sève sera sa seule nourriture, comme dans sa vie souterraine, durant sa brève vie de chanteuse, c’est à dire quatre à cinq semaines, puis elle tombera de l’arbre, et mourra d’épuisement !»
Toujours selon Roger Coudray, la cigale est très «prêteuse» puisque la fourmi se nourrit abusivement de la sève que notre cigale aspire généreusement avec sa pipette. Et lorsque notre belle chanteuse s’écroule, épuisée, après quelques semaines, mesdames les fourmis déchiquettent la dépouille : la belle chanteuse finit donc en morceaux transportés sur le dos d’un macabre cortège.
La cigale n’aurait donc que peu de défenses : seulement un jet d’urine ! Piètre guerrière elle symbolise, par contre, la capacité de jouir du présent, de prendre plaisir aux rayons du soleil, à chanter l’été … Elle est fragile, vit une courte vie aérienne (elle vit, par contre, six à sept ans sous terre avant de venir charmer son amant le soleil …) mais elle semble vivre dans le plaisir !
La fourmi, quant à elle, est une résistante, une guerrière, une tacticienne. Leur nombre impressionnant les rend inquiétantes ! Elles ne font aucun bruit mais agissent sans cesse pour le bien de la fourmilière entière. Elles ont un but, un seul : l’efficacité pour la survie. Prennent elles du plaisir ? Nul ne sait … Mais si nous les observons nous ne les voyons que courir, courir, courir : vers quoi ?
Bien sûr, je me pose la question de savoir si je suis plus fourmi que cigale : j’aimerais bien trouver l’équilibre entre les deux ! Savoir prévoir, savoir oeuvrer pour l’ensemble de la société tout en étant capable de me poser sous un micocoulier pour écouter le chant des cigales, jouir de la chaleur du soleil et du parfum des fleurs. Ainsi je pourrais jouir de l’été sans craindre l’hiver : j’aurais assez de noix en réserve et un bon arbre pour me tenir au chaud …
Et vous ? Vous sentez vous plus fourmi ou plus cigale ?
Imaginez un monde sans cigales……. sans peintres, compositeurs ni poètes.
Ce serait aussi stérile que d’une grande tristesse.
Qu serait notre envie de vivre dans un monde stérile ?
Un monde sans cigales non pas imaginé mais vécu !
Cet été à TOULON il n’y a pas de cigales… POURQUOI ?
Victimes de pesticides ?
Eliminées par ceux qui les trouvent assourdissantes ?
Qui le sait ?
Les fourmis, toujours ennemies de l’imprévisible et des surprises de la nature, ont peut-être réussi à les exterminer ? Pesticides et insecticides entraînent les homicides …