12 – Violence de la vitesse

Ce qui caractérise le plus l’époque contemporaine est sans doute la vitesse. Nous sommes de plus en plus impatients et nous bougeons de plus en plus vite. Nous sommes animés d’un mouvement brownien incessant et désordonné. Regardez vivre vos concitoyens. Notre société est celle du zapping permanent, de l’immédiateté, de l’instantané et de l’éphémère.

Nous avons eu le fast-food que l’on avale maintenant à la hâte devant un écran informatique, nous avons connu le speed-dating, rencontre minutée. Nous avalons des visites de musée au pas de course et nous restons en moyenne moins de 8 secondes devant une œuvre d’art. Nous parcourons le monde à grandes enjambées en enfilant les visites à la chaîne. Notre rêve serait d’annihiler le temps en atteignant la vitesse de la lumière ! Nous ne voyageons pas mais nous prenons des clichés. Nous mettons nos enfants sous pression en les surchargeant d’activités, sans moment de pause et ils n’ont même plus le temps de s’ennuyer un peu.

Le sport se résume à courir plus vite, nager plus vite ou dévaler plus vite une pente neigeuse. L’alpiniste Ueli Steck fait l’ascension de l’Eger en 2 heures 47, qui dit mieux ? Pendant ce temps là, l’argent circule à la vitesse de la lumière et la rapidité des transactions se compte en nanosecondes. Chaque jour il s’échange 4000 milliards de dollars sur le seul marché des devises, hors bourse des actions. L’acte sexuel est soumis à la même pression, stressé et bâclé, sous l’exigence de la rapidité et de l’efficacité. Comme le reste la sexualité s’évalue en terme de performance. La politique n’échappe pas à la dictature de la vitesse et le président Sarkozy est le prototype du leader pressé, vainqueur, toutes catégories,  de la visite éclair en  se rendant dans 6 pays Africains en 36 heures !

Ainsi notre monde file à toute vitesse comme un bolide. Nous sommes, grâce au mailles du réseau, connectés au haut débit de façon instantanée. Si un obstacle survient nous sommes incapable de l’éviter. C’est alors le burn-out, le collapsus, le krach, l’effondrement. Selon le philosophe Paul Virilio, «  la vitesse c’est la violence absolue » car plus personne ne peut contrôler quoi que ce soit. A chaque instant notre société risque l’accident intégral : économique, financier ou informatique. Un virus informatique peut provoquer l’accident absolu et planétaire. Un krach financier peut survenir d’un instant à l’autre de manière foudroyante. Notre vulnérabilité est collective.

Il nous faut donc faire l’éloge de la lenteur qui est le rythme de l’homme et revenir à une slow life. La vitesse est dévolue à la machine qu’il nous appartient de contrôler. Dans certains domaines nous avons perdus le contrôle, en particulier en ce qui concerne les transactions financières qui s’effectuent par des algorythmes que nous ne maîtrisons plus. La finance est devenue instantanée alors que l’économie est lente .

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