l’énergie créatrice de la Californie

 

Il existe à mon avis deux types d’entreprises : celles dans lesquelles les financiers ont pris le pouvoir et dont le but est un profit maximum à court terme ; ce sont ces entreprises qui ont été le plus ébranlées par la crise. A l’opposé il y a les entreprise dirigées par des entrepreneurs qui sont de véritables innovateurs et créateurs de richesse ; ils savent regarder loin. C’est une des raisons pour laquelle notre époque est fascinante. Nous assistons à un combat planétaire entre le monde de la finance et le monde des entrepreneurs. Vous savez déjà où va ma préférence : les financiers doivent rester au service des entrepreneurs et pas le contraire. Les financiers ne créent rien, ils gèrent !

Il y a peu, Sergueï Brin était à Paris en vacances en famille. Il a gardé l’allure juvénile de l’ancien étudiant de Stanford, très décontracté. Ce moscovite d’origine fait très californien dans son allure. Il ne ressemble pas du tout à l’image stéréotypée du big boss et il ne se prend pas au sérieux. Il parle géolocalisation et joignant le geste à la parole il montre sur son smartphone sa femme qui l’attends au jardin du Luxembourg. Il se passionne pour les réseaux sociaux, le mobile, la connaissance instantanée et visuelle. Il ne parle que du futur et postule que « l’évolution des technologies atteindra un point au delà duquel l’homme ne pourra plus l’appréhender ». Son projet c’est l’homme, mi-homme, mi-machine, c’est à dire démuni et désemparé s’il n’a plus l’aide de sa machine. Nous n’en sommes pas loin.

C’est à Stanford qu’il a rencontré Larry Page pour la première fois. A eux deux ils ont imaginé un moteur de recherche d’un genre nouveau. Une idée qu’ils ont portée à travers le monde sous le nom, vous l’aurez deviné, de Google. La société compte aujourd’hui 20.000 employés qui réalisent un chiffre d’affaires de 5.5 milliards de dollars et malgré un bénéfice annuel de 1.8 milliards de dollars, la société n’a jamais distribué de dividendes, ce qui prouve que les financiers ne dirigent pas la société. La priorité est à la recherche et aux investissements pour préparer le futur. Le site de Mountain View  vaut la visite avec ses 9200 panneaux solaires capables de produire 30% des besoins en électricité du centre,  avec ses dizaines de milliers d’ordinateurs en ligne.

J’aurais pu vous parler de son aîné, installé un peu plus haut sur la côte Ouest, un certain Bill Gates qui abandonne ses études pour fonder Microsoft. Ou bien encore d’un autre californien, Steve jobs qui, pratiquement sans formation universitaire, le crâne rasé, habillé d’orange et de retour d’une retraite spirituelle en Inde, fonde Apple avec un copain (Steve Wozniak) à l’âge de 21 ans. Ce sont encore de jeunes californiens qui ont fondé Cisco, leader mondial des réseaux informatiques. De même pour l’éditeur de logiciels graphiques Adobe, installé aussi dans la Silicone valley à San José. Je n’oublie pas Sun Microsystems, éditeurs de logiciels à Santa Clara et qui compte aujourd’hui plus de 30.000 employés. C’est encore en Californie que Larry Ellison est venu s’installer à l’âge de 20 ans pour fonder Oracle Data System, 13 ans plus tard. Il vient de racheter Sun Microsytems pour 7.5 milliards de dollars. Je n’oublie pas l’ancêtre, HP, 120 milliards de chiffres d’affaires et 300.000 employés, fondé à Palo Alto par William Hewlett et David Packard avec 585 dollars. Enfin, c’est à Palo Alto, à une encablure de Stanford, que s’est aussi installé Facebook sous l’impulsion de son jeune créateur Mark Zuckerberg.

La Californie rayonne chaque jour à travers le monde et demeure à la pointe de toutes les technologies de la communication. La suprématie est totale. Pourquoi ?

Les sociétés, il est vrai, sont gouvernées par de vrais entrepreneurs, c’est à dire des gens dont la motivation fondamentale est l’innovation, l’invention, la création et non pas l’argent. Mais il peut y avoir d’autres motifs cachés, moins évidents à mettre en lumière. Je remarque que c’est en Californie, sur le campus de Berkeley, qu’est né le mouvement contestataire Hippy, peace and love. A Esalen, sur la côte sauvage du Pacifique, s’est développé aussi la vague du développement personnel et de la Psychologie Humaniste, sous l’impulsion de deux Hippies Michael Murphy et Dick Price ; tous les psychologues rêvent encore d’aller suivre un atelier à Esalen. C’est autour de San Francisco que s’est développée cette nouvelle spiritualité qui été qualifiée de New-Age . La psychothérapie contemporaine est née de l’impulsion de ce que l’on appelle l’Ecole de Palo Alto dirigée alors par Virginia Satir. C’est une autre révolution que nous ont apporté John Grinder et Richard Bandler de l’Université de Santa Cruz en proposant la PNL ou Programmation Neuro Linguistique, techniques à la fois de développement personnel et de communication entre les  individus.

On pourrait dire pour conclure que si pratiquement toutes les idées neuves depuis un demi siècle proviennent de Californie c’est peut-être parce là-bas on a su mettre sur le même pied l’esprit et la matière. La Californie est pragmatique, sans dogme, sans vérité toute faites, sans a priori, sans tabou. Tout devient possible quand on ne se met pas de barrières mentales ; l’énergie créatrice peut alors circuler. Soyons tous des californiens…

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2 commentaires

  1. La liste est encore longue : eBay, MySpace, Twitter ou encore Disney – sans oublier le blue jeans, le cinéma d’Hollywood ou encore les voitures électriques Tesla – pourraient s’ajouter à la liste des idées nées et développées en Californie qui ont forgé le monde occidental que l’on connait…

    J’ajouterais qu’une composante indissociable de cette effervescence réside dans la capacité de l’Etat californien à avoir soutenu le développement du capital humain : les meilleurs chercheurs, scientifiques, marketeurs ou avocats ne proviennent-ils pas de grandes universités de l’Ouest américain ? L’économie de la connaissance – couplée à un fort soutient étatique à la création d’entreprise – serait un des leviers principaux de cette réussite.

    Sans oublier qu’aux US, un serial entrepreneur qui n’a pas connu d’échec est plutôt regardé de travers : l’échec est apprécié, et non pas stigmatisé, comme bien trop souvent ailleurs.

    Merci Yves de relever une nouvelle fois que réussir résulte de la pensée – et l’action – créatrice.

    Florent

    Envoyé de mon iPhone4

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