La situation devient critique et il me faut donc à nouveau parler économie. Le sujet peut ennuyer quelques uns. Mais croyez moi, il nous concerne tous.
Vous avez sans doute entendu parler de « l’assouplissement quantitatif », traduction de ce que la banque fédérale américaine appelle « quantitative easing » ou QE. Cette belle métaphore est faites pour habiller de façon élégante une des plus grandes escroquerie financière de tous les temps.
Elle consiste tout simplement à imprimer des billets pour maintenir son train de vie. Les américains sont experts en la matière et viennent à nouveau de décider d’imprimer 600 milliards de dollars supplémentaires pour assurer les fins de mois. Pas besoin d’être un grand économiste pour apprécier ce que cela signifie. Chacun sait que plus on produit un bien, plus il perd de sa valeur. La création monétaire qui ne correspond pas à une augmentation de la richesse revient à dévaluer la monnaie.
Si la monnaie a moins de valeur, il en faut plus pour acheter la même chose. On appelle cela l’inflation. Pour vous donner une idée du phénomène, sachez que le prix de l’or a été multiplié par 5 au cours des 10 dernières années ! Si, au tournant du siècle, vous aviez mis vos économies en or, vous seriez 5 fois plus riches. Quand on se méfie du papier, on achète du tangible, des matières premières, des terrains, des immeubles. Tout le reste peut s’envoler au vent. Un billet de banque est un symbole et ne vaut que la valeur que nous voulons bien lui attribuer. En réalité ce n’est que du papier. Croyez moi, méfiez vous du papier, si vous en avez un peu chez vous ou à la banque, changez le en quelque chose de solide, car d’ici peu il ne vaudra pas grand chose.
Je sais bien, on va vous dire que l’économie ralentit, que la demande baisse et donc que les prix eux aussi ont tendance à baisser. On va vous dire que nous sommes menacés par la déflation et non pas par l’inflation. Oui, c’est vrai, la déflation est là. Mais nous avons tous appris le scénario catastrophe de la grande crise économique qui s’est déclenchée en 1929. Or en Allemagne en 1930, la déflation régnait et personne ne croyait possible une inflation. Le gouvernement injecta des Marks dans le système et quelques mois plus tard démarra la plus grande inflation de tous les temps. Un simple timbre poste valait plusieurs millions de Marks !
Bien sûr, quand on est bourré de dettes comme le sont les Etats occidentaux, on a intérêt à dévaluer sa monnaie pour rembourser en monnaie de singe et aussi pour être plus compétitif. Mais les citoyens, eux, deviennent plus pauvres car avec le même argent ils achètent moins.
Quand l’économie est ainsi submergée par un afflux d’argent frais, cette liquidité va d’abord dans les banques qui sont chargées de la faire circuler sous forme de prêts aux particuliers et aux entreprises. Mais quand la confiance n’est plus là, l’argent reste dans les banques. Ainsi en 2007 le secteur bancaire américain avait seulement 2.3 milliards de dollars de réserves excédentaires, aujourd’hui ces réserves en excédent atteignent 976 milliards de dollars. Cet argent permet aux banques de s’enrichir en spéculant et c’est pourquoi elles affichent désormais une santé insolente. Ces liquidités font aussi monter le cours des actions et c’est ce à quoi on assiste actuellement, ce qui permet à certains de nous dire que la crise est finie. Mais la montée des cours est artificielle, elle est la traduction d’une arrivée massive d’argent qui doit bien s’investir quelque part, mais ne correspond pas à une réelle amélioration économique en occident.
Soudain la confiance fait défaut. Nous prenons conscience que le papier peut n’être que du papier. Ce qui est écrit dessus peut valoir de moins en moins. Le grand risque aujourd’hui c’est le sauve qui peut vers les biens réels dont les prix peuvent exploser. Regardez du coté des matières premières et, à tout seigneur, tout honneur, du coté de l’or ! Quand la ruée va se déclencher il n’y en aura pas pour tout le monde. Keynes écrivit cet avertissement : Il n’y a pas de moyens plus sûr de renverser une société que de dévaluer sa devise. Nous allons assister à ce spectacle en direct. A ce propos je me permet de vous signaler la sortie de mon dernier livre « Démocraties en péril » dont la conclusion n’est pas plus réjouissante. (éditions L’Harmattan).
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