80 – Hitler ou la Guillotine ?

 

Une fois encore, essayons de comprendre où va le monde. L’occident est en déclin, mais pourquoi ? On nous dit que les évènements tournent mal, mais à la fin nous aimerions bien savoir à quelle sauce nous allons être mangé !

 

Tout est cyclique disent les taoïstes. Il y a le printemps, l’été et l’hiver. La vie quant à elle se compose de trois périodes : la jeunesse, l’âge adulte et la vieillesse. Regardez autour de vous, tout procède de même. Toutes les civilisations ont connu ces trois phases : l’ascension, l’apogée et la décadence. L’économie, qui est le reflet d’une société, suit le même cycle : des générations nouvelles se mettent au travail car elles sont créatives et avides de richesses, elles accumulent des biens et sont frugales car elles n’ont pas beaucoup de temps pour consommer. Puis vient une génération qui n’a qu’une idée en tête, c’est de consommer, de profiter et de distribuer les richesses accumulées. Disons que cette génération est embourgeoisée et refuse une vie de labeur comme fut celle de ses aïeux. Lorsque les richesses sont épuisées personne ne s’en aperçoit tout de suite car le recours à l’emprunt cache la réalité. C’est la troisième étape, la plus douloureuse.

  L’Europe s’est enrichie par le travail durant la période des Trente Glorieuses, de 1945 à 1975. Ensuite on peut estimer que l’occident est entré dans la deuxième phase, celle  de la distribution des richesses pendant 30 ans de 1975 à 2005. Ce fut la période durant laquelle tout le monde se croyait riche. L’Etat est devenu pléthorique ; des bataillons de fonctionnaires ont créé des entrelacs de lois et règlements, des montagnes de paperasses et des systèmes de sécurité tout azimut. Nos sociétés sont entrées dans l’ère des chicaneries juridiques, des assurances tout risque et des contraintes multiples. Nous nous sommes ankylosés comme de vieux arthritiques pour lesquels tout effort est une douleur. Les jeunes, au lieu d’être maçon ou électricien, veulent des diplômes prestigieux : ils rêvent de carrières dans la fonction publique, dans la communication, les sciences politiques, les relations internationales, l’économie, la sociologie. Tous ces métiers ont en communs de brasser du papier, des idées et des discours, mais ils ne créent aucune richesse, ils distribuent de la richesse jusqu’à épuisement.

Enfin, après avoir distribué les richesses accumulées par les générations précédentes et hypothéqué l’avenir en s’endettant, l’occident a découvert, à l’aube du nouveau siècle, qu’il était ruiné et en route vers la faillite. Nous sommes aujourd’hui dans cette dernière phase. Les ressources viennent à manquer et les chiens sont lâchés. Il y a les malins et les autres. Dans une société jeune qui crée de la richesse, chacun est à sa place et ne lorgne pas sur le voisin. Mais dans une société vieille et décadente, chacun veut vivre aux dépens des autres. C’est l’ère des rivalités et du ressentiment. Le fossé se creuse entre les riches et les pauvres. Les chiens se battent.

Regardons plus précisément ce qui se passe actuellement. Les banquiers et les financiers sont du côté des malins. Pour relancer l’économie les Banques Centrales (Réserve Fédérale Américaine et BCE) créent artificiellement et prêtent des sommes colossales aux banques à des taux très bas. Ensuite, où va cet argent ? Il va principalement vers deux destinations : d’une part il est prêté aux Etats pour assurer les fins de mois, c’est à dire pour creuser le déficit, et d’autre part il va vers la spéculation. Comme les banques n’ont plus confiance dans les monnaies, elles achètent en masse des matières premières, des valeurs sures et tangibles : métaux précieux, matières premières stratégiques, pétrole et denrées alimentaires. Cette spéculation ne fournit aucun emploi aux travailleurs, ne stimule pas l’économie, mais fait grimper les prix alimentaires et de l’énergie. L’inflation qui arrive maintenant nous rapproche de l’ultime période. Les salaires et les retraites ne suivront pas l’inflation, les populations vont s’appauvrir et certains ne parviendront même plus à se nourrir. Nous reverrons des émeutes. Pendant ce temps les actionnaires continuent à s’enrichir et les banquiers touchent des bonus faramineux. Ainsi les seules banques françaises ont versé 3 milliards d’Euros de bonus à leurs traders, au titre de l’année 2010. Croyez vous que cela sera tolérable encore longtemps ?

Souvenez-vous, quand l’occident a-t-il connu semblable situation ? Ce fut en France, par exemple, à la veille de la Révolution. Que demandait le peuple ? du pain ! Les riches ont eu la guillotine et le peuple s’est abreuvé de sang. Plus proche encore, souvenez-vous de l’Allemagne, ruinée par le traité de Versailles. Elle a connu les émeutes à la fin des années 20, puis ensuite elle hérita d’un sauveur : Hitler.

Cette fois-ci, qu’aurons nous ? La guillotine ou Hitler ? Ou bien le diable en personne ?

Combien nous reste t-il de temps pour réagir? Nous ne le savons pas. Les spasmes de l’histoire surviennent soudainement et sans prévenir comme nous venons de le constater en Tunisie. Le peuple ne frappe pas trois coups avant d’entrer en scène, il fait soudainement irruption au moment où on l’attends le moins et les acteurs principaux se sauvent affolés. Les peuples latins ne savent se réformer que par la révolte;  les anglo-saxons savent mieux s’adapter, ils sont plus pragmatiques et sont moins aveuglés par les idéologies. Suivons leur exemple car la douleur de la chirurgie est préférable aux affres de l’agonie.

Citation du jour :

« Le passé doit devenir l’histoire pour que l’avenir puisse devenir le présent »

Bill Bonner, Chronique Agora le 14/01/2011

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