88 – Le vrai regard

Je voudrais, aujourd’hui, vous raconter une belle histoire. Elle m’a été contée par une amie et je la trouve tellement pleine de belles énergies que j’ai envie de la partager avec vous …

Cette amie est la grand-maman d’un petit Vittorio de 14 mois. Depuis tout petit bébé Vittorio a la particularité de rechercher, de façon apparemment aléatoire, le regard d’une personne et de le fixer ensuite avec beaucoup de sérieux ou bien moult sourires selon son inspiration.

Jusque là, bien sûr, rien de bien spécial si ce n’est que –selon les personnes « touchées » par ce regard- les hommes et les femmes que Vittorio a « choisis » semblent être profondément émus.

Mais, bon, nous sommes toujours émus devant un bébé qui nous regarde avec attention : nous lui prêtons souvent des intentions qu’il ne peut contredire puisqu’il ne sait pas parler ! Donc, sa maman n’y faisait plus vraiment attention jusqu’au jour où …

Ils étaient tous les trois à l’aéroport, Vittorio et ses parents. Ils attendaient tranquillement dans la salle d’embarquement. Vittorio était assis sur les genoux de sa mère et, comme a son habitude, regardait calmement autour de lui. Tout au moins c’est ce que ses parents pensaient : ils parlaient entre eux et ne prêtaient pas une attention particulière à leur petit garçon sagement assis sur leurs genoux.

Puis vint le moment de faire la queue pour embarquer, passeport en main. Ils avançaient tout doucement quand tout à coup, au moment de passer la porte, une femme d’un certain âge se rue vers eux, rouge et essoufflée, une petite peluche à la main.

« S’il vous plait, Madame, pourriez-vous attendre une petite minute ? Je voudrais offrir ce modeste petit cadeau à votre fils !!! »

Vous imaginez l’étonnement des deux jeunes parents : que leur voulait cette femme ?

« Pardon ? Nous nous connaissons ? »

Pendant ce temps là, bien sûr, les autres passagers les bousculaient et râlaient : « Alors, vous avancez ou non ? »

« Je vous en prie, leur dit la femme, juste une minute … »

Cela avait l’air si important pour elle qu’ils se retirèrent de la file et la regardèrent tous les deux avec interrogation : que leur voulait-elle ? Elle avait l’air gentille, cette femme, « bien comme il faut », alors la curiosité fut la plus forte :

« Que voulez-vous exactement ? »

« Voilà, je sais que vous n’avez qu’une minute mais je tenais absolument à venir remercier votre fils pour le cadeau qu’il m’a fait. Cela fait des mois que, pour des raisons bien trop longues à vous expliquer, j’étais très mal, coupée de l’envie de vivre. Aujourd’hui, j’étais même désespérée et je me suis décidée à faire ce voyage sans bien savoir pourquoi. Je n’en avais même pas l’envie et je commençais à me demander ce que je faisais là, avec ce billet dans la main.

J’étais assise là, juste derrière vous. Et, tout à coup, votre petit garçon m’a regardée. Non seulement il m’a regardée avec attention mais il m’a sourit ! Cela va vous paraître complètement stupide ce que je vous raconte mais, pour la première fois depuis bien longtemps, je me suis sentie regardée avec amour. Votre fils est quelqu’un de spécial, je vous le garantit ! En tous les cas, j’en suis sûre, il m’a guérit … Grâce à son regard et à son sourire j’ai recontacté la vie. Sûre, je ne pars plus faire ce voyage car j’ai tellement de choses à faire et, de nouveau, envie de les faire ! Alors, vous comprenez pourquoi il était si important pour moi de venir le remercier … J’ai vite couru lui acheter cette modeste petite peluche, c’est tout ce que j’ai trouvé. Alors, voilà, je lui offre avec toute ma gratitude. »

A ce moment là, Vittorio, qui regardait de l’autre côté, par dessus l’épaule de son père qui le portait, c’est retourné, a fait un magnifique sourire à la femme et a attrapé la peluche avec un grand éclat de rire …

La femme, émue, l’a regardé une dernière fois, a sourit, éclaté de rire également puis les a poussé vers la file en disant :

« Vite, vous êtes les derniers, dépêchez-vous ! » 

C’est une belle histoire, n’est-ce pas ? Qui m’amène à réfléchir sur la qualité des regards que nous portons aux autres. Les voyons-nous vraiment ou bien nous contentons-nous de les « regarder » ? Cette femme avait certainement besoin d’amour et le regard du petit Vittorio, ainsi que son sourire, lui en a transmis : seul l’amour peut guérir …

C’est le miracle de l’amour ! Et si nous nous transformions en « faiseurs de miracles » ? Nous avons nos yeux, notre bouche, nos mains : tout un attirail prêt à fabriquer des miracles …

Et, pour terminer, une citation du philosophe français Gaston Berger, extrait de son livre « Phénoménologie du temps et prospective » :

« Regarder un atome le change, regarder un homme le transforme, regarder l’avenir le bouleverse »

Pour la petite anectode … Gaston Berger était le père de Maurice Béjart, le bien connu danseur et chorégraphe : aurait-il été bien « regardé » ?

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Un commentaire

  1. elle est magnifique ton histoire chantal, c’est aussi simple que cela! attention bienveillante..

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