87 – Têtes de Mules

Il est étonnant comme les peuples ont mauvaise mémoire. Ils n’apprennent rien du passé et inlassablement ils répètent les mêmes erreurs. C’est la même chose au niveau individuel. Quand on arrive à l’âge de la retraite, on se croit autorisé à donner quelques conseils ou quelques mises en garde à ses petits enfants. Autant labourer la mer ! Il faut que chaque génération fasse son apprentissage et refasse les mêmes erreurs que ses parents. Rien n’y fait, nous sommes des têtes de mules, c’est pourquoi l’humanité ne progresse pas en sagesse, jamais.

Admettons à regret que l’expérience ne serve à rien. Il n’est pas interdit cependant de regarder le futur à la lumière du passé. Nous avons consacré de nombreuses chroniques et même un livre au déclin actuel  de l’occident et sur les extrêmes difficultés économiques et politiques qui attendent l’Europe. Nous avons annoncé à plusieurs reprises que la situation deviendra alarmante lorsque l’inflation pointera le bout de son nez, c’est à dire que les prix et les taux d’intérêts monteront et que les revenus stagneront. Or, sachez que le processus est désormais en route ! La Chine est en surchauffe : les prix montent et la devise chinoise, lentement, se réévalue. Par ailleurs la forte demande des pays asiatiques et du Brésil fait monter le prix des matières premières. Enfin, l’augmentation du niveau de vie et la croissance démographique mondiale stimulent la demande en nourriture. Les prix des produits alimentaires montent et les plus pauvres doivent se serrer un peu plus la ceinture. Mais souvenez vous que toutes les révolutions surviennent lorsqu’il y a pénurie alimentaire. Les ventres pleins ne risquent pas leur vie sur les barricades. Le Maghreb et le Moyen Orient peuvent s’embraser. Ce n’est qu’un début.

Mais revenons à l’occident. Qu’est-ce qui ne va pas chez nous ? Ce qui ne va pas c’est que nous dépensons plus que nous ne gagnons. Même si individuellement nous sommes sages et prudents, nos gouvernements démagogues dépensent à notre place pour acheter nos voix. Les Etats, les organismes publiques, les régions, les provinces, les cantons et même les municipalités dépensent trop. Ceci est vrai aux USA comme en Europe. Comment venir à bout de cette montagne de dettes ? Si les taux d’intérêt montent, il est certain que des Etats seront en faillite. On ne peut mentir indéfiniment avec les chiffres.

Pour se financer les Etats songent bien à l’impôt, mais à la fin on ne peut égorger celui qui vous fait vivre. Pour se sauver de la banqueroute, les Etats se tournent vers les Banques Centrales (BCE et Fed) qui sont en charge des monnaies. Elles doivent fabriquer de l’argent sans contre partie. C’est ce qu’il y a de plus simple, imprimer des billets pour payer ses dettes. Rien que pour le premier semestre 2011 la Fed va mettre sur le tapis, ex nihilo,  600 milliards de dollars. Elle devra certainement remettre au pot une somme équivalente pour finir l’année. Sachant cela, avez-vous encore confiance au papier monnaie ? Quand on n’a plus confiance en sa monnaie, on achète des choses palpables, des biens tangibles dont on aura toujours besoin : du blé, du soja, du cuivre, du platine, du pétrole ou bien de l’or. C’est ce qui va mettre le feu aux poudres en faisant monter les prix vers des sommets. Lorsque le processus est enclenché, nul ne sait où il peut s’arrêter.

timbre 5 milliards de Marks 1923

Revenons en arrière. En 1919 l’Europe était endettée, mais l’Allemagne l’était plus que les autres car le traité de Versailles lui avait infligé des dettes de guerre impossibles à honorer. Les américains avaient prêté aux anglais qui avaient prêté aux français qui attendaient le paiement des dettes de guerre des allemands. Comme personne ne voulait prêter à l’Allemagne, elle fut obligée d’imprimer des Marks, année après année, toujours plus de Marks, jusqu’à cette fameuse année 1923 durant laquelle l’inflation devint cataclysmique lorsque soudain la confiance se déroba comme un tapis sous les pieds de la république de Weimar. A la fin personne ne fut remboursé, ni les américains, ni les anglais, ni les français et tout le monde fut ruiné en 1929.

Souvenez-vous aussi de l’Empire Ottoman qui, au 19éme siècle, vivait au-dessus de ses moyens et qui, pour maintenir sa splendeur, empruntait à tour de bras à la riche et industrieuse Europe. On construisit là-bas des ponts, des routes, des chemins de fer et des canaux. Puis vint l’inéluctable : le défaut de paiement. C’est ainsi que le général Bugeaud envahit l’Algérie. Pendant que les français s’installaient en Tunisie, les Italiens prenaient pied en Libye et les Anglais en Egypte. L’Europe se faisait payer en nature. L’Empire Ottoman sombrait.

De nos jours, c’est la Chine la prêteuse. Elle détient dans ses coffres 2800 milliards de dollars. Elle achète des bons du trésor américain. Elle prête à la Grèce, au Portugal et demain à d’autres. Que se passera t-il lorsque les débiteurs ne pourront plus rembourser ? Que fera la Chine pour se faire payer par ceux qui n’auront plus un sou ?

évolution du prix d'une once d'or

La Réserve Fédérale américaine a presque 100 ans, elle date de 1913. Pendant cette période le dollar a perdu 98% de sa valeur. En 1913, un billet de 20$ achetait une once d’or. En 2011 il faut 1350$ pour obtenir le même poids d’or ! Imaginez que vous ayez un coffre dans lequel vous allez enfermer, pendant 10 ans, une seule chose et de même valeur choisie dans la liste ci-dessous : 1350$, 975 Euros, une once d’or, 50 onces d’argent, un bon du trésor américain, une obligation française ou une assurance vie de 975 Euros. Rendez-vous le 14 Février 2021.

Si vous avez choisi autre chose qu’une once d’or, je vous conseille de relire cette chronique…

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