Nous avons énuméré précédemment les remarquables performances de la Suisse dans de très nombreux domaines(Chronique 89). Tentons maintenant d’analyser les causes qui ont conduit au succès.
1 – Au premier rang j’inscrirais la Démocratie Directe qui consiste à interroger le peuple aussi souvent que nécessaire pour toutes les décisions d’intérêt général, aussi bien au niveau communal et cantonal qu’au niveau fédéral. Ce système a l’immense avantage de rendre le peuple responsable de ses choix et d’éviter les situations de blocage. Inutile de faire grève ou de descendre dans la rue puisque le peuple décide et assume ses décisions. Disons pour résumer que la démocratie directe favorise la responsabilité, tandis que la démocratie représentative stimule la démagogie et l’irresponsabilité.
2 – Le Gouvernement est constitué des représentants des principaux partis politiques, selon leur poids électoral, et doivent collaborer. Ceci évite les affrontements stériles et favorise la recherche de consensus. Les décisions sont parfois lentes mais ne sont plus remises en question par un nouveau gouvernement. En outre, le personnel politique est souvent issu de la société civile. Les leaders peuvent être des chefs d’entreprise ou des directeurs d’administration qui savent diriger et gérer. On se méfie du politicien de métier qui, en général, ne sait rien faire, sauf des beaux discours.
3 – Suisse est le pays de la stabilité, ce qui permet de faire des plans d’avenir. Les lois et les règlements sont stables. L’économie peut se développer avec des visions à long terme sans risque de voir l’environnement législatif et fiscal remis en question au gré des humeurs de tel ou tel parti politique. C’est cette stabilité qui attire de nombreux capitaux et entreprises en terre helvétique.
4– Les suisses sont économes et aiment les budgets équilibrés. Il n’est pas question de laisser s’installer, de manière chronique, des déficits dans les caisses maladie, les régimes de retraite ou le budget de l’Etat. Les citoyens votent pour ajuster les prestations sociales et les cotisations. Les finances sont donc saines et protègent les suisses des aléas que connaît la zone euros, sauf évidemment catastrophe systémique.
5– L’excellente formation universitaire est un atout majeur. Ceci a été acquis grâce à une grande autonomie, à un recrutement des meilleurs talents y compris étrangers et grâce aussi à des relations étroites avec l’industrie. De ce fait les études et les recherches sont plus concrètes, plus pratiques et moins abstraites et théoriques. Seulement 27% d’une classe d’âge obtiennent le baccalauréat car la qualité est recherchée plus que la quantité.
6 – formation professionnelle constitue le fondement de la politique de l’emploi en Suisse. Grâce a de multiples écoles de formations spécialisées et à une exigence élevée de qualification, l’offre d’emploi suit au mieux les besoins de la demande. L’apprentissage est une voie noble qui conduit à un vrai savoir faire et un vrai métier dans lequel le travail manuel est valorisé.
7– L’administration est de qualité et elle est respectée car elle est au service des citoyens et non pas l’inverse. Le rôle de la fonction publique est de réguler et de faciliter les procédures et non pas de surcharger les citoyens de contraintes inutiles. Les fonctionnaires sont efficaces et bien payés car ils sont bien organisés. Leur sens des responsabilité font qu’ils s’abstiennent de faire grève. Enfin ils sont nettement moins nombreux que dans d’autres pays, ils représentent en Suisse 11% de la population active alors qu’en France, par exemple, ils sont plus de 20%.
8– Le marché de l’emploi est flexible et se caractérise par une culture de la responsabilité. Les suisses aiment le travail et ils s’y épanouissent car ils sont qualifiés et relativement bien rémunérés. Ils travaillent 42 heures par semaine jusqu’à l’âge de 65 ans. Les aides à l’emploi ne se transforment pas en assistanat systématique.
9– L’immigration est régulée et choisie. La Suisse est ouverte aux compétences étrangères. Mais le contrôle d’une immigration sauvage est strict. Le pays est conscient qu’il n’a pas la capacité d’intégrer des populations mal formées auquel il ne peut offrir aucun emploi. La Suisse est un pays multiculturel et multilingue. Les étrangers représentent 22% de la population, ce qui est sans doute un record mondial. Cette diversité, bien intégrée, est une richesse.
10- Les citoyens sont fiers de leur pays et partagent tous un fort sentiment d’appartenance. Le drapeau à croix blanche sur fond rouge est un symbole fort qui figure sur de nombreux produits made in Switzerland. Il existe donc une forte cohésion nationale, même parmi ceux qui ont acquis récemment la citoyenneté.
Pour toutes ces raisons, la Suisse est un pays où il fait bon vivre, sans banlieues inhumaines et sans tours ghettos. La réussite de la Suisse semble facile à imiter et on peut légitimement se demander ce qu’attendent les divers pays européens en difficulté pour le faire. La modélisation n’est-elle pas la meilleure façon d’apprendre ?
Citation du Jour :
« Chez les nations démocratiques, chaque génération nouvelle est un nouveau peuple ».
Alexis de Tocqueville- De la Démocratie en Amérique- Tome II, Iére partie, chapitre 16
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