Le monde bouge, la terre tremble, les tsunamis se succèdent, l’économie vacille, les financiers plument les citoyens, les politiques mentent, les gouvernants dépensent l’argent de nos petits enfants, la démocratie est pervertie et l’avenir est inquiétant mais la jeunesse européenne se trouve comme en état léthargique, comme si le monde qui se prépare ne la concernait pas.
Cette semaine le magazine hispano-marocain Marruecos s’interroge sur l’apparente apathie des jeunes espagnols. Une récente étude montre en effet que 81% des 15-24 ans n’appartiennent à aucun type d’association ou d’organisation qu’elle soit culturelle, politique ou sportive. De même 56.5% considèrent que la politique ne les concerne en aucun cas et qu’elle n’affecte pas leur vie. Un tel aveuglement et un tel repli sur soi peut surprendre…
En fait, l’étude montre que le réseau social auquel ils se sentent appartenir est celui auquel est rattaché leur téléphone mobile ou leur ordinateur qu’ils utilisent « pour passer un moment » (40%) ou « pour se faire des amis » (35%). Leurs liens sociaux sont donc plus virtuels que réels et c’est l’individualisme qui triomphe. Les jeunes Espagnols sont invisibles, non seulement ils ne manifestent pas, mais il semble qu’ils ne s’indigent même pas. Ils n’épousent aucune cause, ils ne militent pas et ne participent à aucune « insurrection pacifique pour récupérer leurs droits sociaux » malgré un chômage qui touche 40% des 18-24 ans.
La situation politique en Espagne a quelque chose de surréaliste : pendant que son économie sombre lentement et que le pays est au bord de la faillite les partis politiques se querellent comme dans une cours de récréation. La grande question qui agite ce petit monde en ce début d’Avril, consiste à savoir si José Luis Zapatero se présentera aux prochaines élections. Son silence suscite des pages entières de commentaires stériles dans la presse. Pendant ce temps-là, le gouvernement doit encore sauver in extremis de la faillite 4 banques aux abois. Comme vous le voyez la démocratie ne se porte pas mieux de ce côté-ci des Pyrénées et elle fait pitié !
Je pense que vous n’aimez pas les chiffres, mais il est parfois nécessaire de faire appel à eux car ils « parlent » mieux que de longs discours. La dette de l’Etat Espagnol atteint 640 milliards d’Euros, ce qui représente 60% du PIB. Mais d’autres charges pèsent sur le dos de chacun des citoyens. Il faut en effet ajouter les dettes des régions autonomes et des villes qui accroissent la charge de 115 milliards d’Euros. Chacun semble en effet rivaliser dans les abysses des déficits ; actuellement c’est la Catalogne qui est en tête avec une dette de 4.244€ per capita pour elle seule. Au total, à sa naissance, chaque Espagnol est débiteur de plus de 30.000€. Cela signifie que chaque enfant devra consacrer la totalité des revenus de ses deux premières années de vie active pour rembourser les dettes de ses parents ou grands parents !…A ces chiffres il faut ajouter les déficits des caisses de retraite et d’assurance maladie. Tout cela n’empêche pas les hommes politiques de se pavaner et les partis de s’étriper pour conquérir le pouvoir.
Croyez-vous que, si le peuple avait été consulté, il aurait accepté de pareils déficits qui seront des boulets pour la génération future ?. C’est précisément parce que l’oligarchie au pouvoir ne demande jamais l’avis au peuple que celui-ci finit par renoncer et se désintéresse de la chose publique. Je plaide donc à nouveau ici pour une insurrection pacifique, mais déterminée, pour réclamer une vraie démocratie directe dans laquelle le peuple est appelé à se prononcer pour chaque décision importante et qui le concerne directement. Il n’est pas exagéré de dire que la voix des peuples soit disant démocratiques ne compte pas plus que celle des peuples dirigés par un dictateur.
Citation du jour :
Un jour Frédéric le Grand dit à son ministre de la guerre que,selon lui, le pays le plus difficile à ruiner était l’Espagne. En effet dit-il, « bien que le gouvernement s’efforce depuis de nombreuses années à ruiner son pays, il n’y est pas parvenu ! ».
Je ne sais pas ce qu’en pense Madame Angela Merkel….