113 – SE VENDE

Pour comprendre la crise économique Espagnole, il n’est pas nécessaire d’être un grand spécialiste, ni de questionner les universitaires renommés. Il suffit de parcourir le pays et, d’un premier coup d’œil, la gravité de la situation apparaît dans toute son étendue.

SE VENDE

Depuis des décennies, l’Espagne s’est lancée dans  la construction. Il a fallu faire face à l’énorme exode rural vers les villes d’une part et d’autre part favoriser un tourisme de masse attiré par le soleil. Dans un premier temps c’est tout le pourtour méditerranéen qui a été bétonné, non seulement au bord de la mer mais aussi dans l’arrière-pays. Les Urbanizacions se sont développées comme des gangrènes et ont avalées, les unes après les autres, les collines qui surplombent la mer. Puis la folie de la construction a gagné tout le pays, les villes et les villages de l’intérieur. Les banlieues se sont étendues au-delà de tout bons sens. Sur la Costa del Sol, même le bord des autoroutes est bordé d’immeubles, avec vue plongeante sur une quatre voies, destinés aux touristes du Nord de l’Europe avides de soleil. Pendant des décennies, l’Espagne a été hérissée de grues et tapissée de chantiers de construction. Des taux hypothécaires très bas et des flots de liquidité en provenance des banques ont nourri cette folie galopante. Toute l’énergie créatrice de l’Espagne a été orientée vers la spéculation immobilière comme dans une sorte d’hystérie collective.

SE VENDE

Aujourd’hui, l’Espagne est à vendre. Les rues, les immeubles, les villas cossues, comme les appartements populaires, arborent la petite pancarte : « Se Vende ». Les prix sont bradés et les ventes se font à perte. Mais la majorité des résidences ne se vendent pas. Le marché des résidences secondaires au bord de la mer est totalement sinistré. Dans certaines localités de la Costa del Sol ou de la Costa de la Luz, désertes à cette saison, on a l’impression que toute la ville est à vendre. Des chantiers sont à l’abandon, des commerces ferment, c’est la fin d’une époque à laquelle nous assistons.

Le marché immobilier mettra sans doute des années à se remettre. Les prix vont continuer

SE VENDE

de chuter et d’ici peu l’augmentation des taux va complètement étrangler le marché. Attendez encore une année ou deux que la grande braderie batte son plein. En attendant achetez de l’or ou de l’argent, lorsque les prix vont se replier d’ici à quelques semaines. Plus tard vous revendrez vos lingots et vous pourrez vous acheter votre appartement au soleil à bon compte…

Bien sûr, d’ici là, la situation de l’Espagne peut s’aggraver. On ne voit d’ailleurs pas très bien comment elle pourrait ne pas s’aggraver. Le moteur de la croissance était l’immobilier et l’Espagne n’a pas de moteur auxiliaire, à part le tourisme. Les crises Africaines lui sont favorables et le tourisme espagnol compte bien en profiter, mais la concurrence est rude : déjà l’Egypte et la Tunisie cassent les prix. Les dettes sont colossales au niveau de l’Etat, au niveau des Régions, au niveau des Provinces et au niveau des communes. Certaines banques sont très impliquées dans les crédits immobiliers et seront nationalisées. Les fonds Arabes sont repartis et les succursales des banques des Émirats ont déjà mis la clef sous la porte. Avec des taux d’emprunt à plus de 5%, lorsque l’augmentation du PIB n’est que de 1%, nous pouvons estimer que le pays s’appauvrit de 4% par an et cela dure déjà depuis quelques années. Si les taux montent à 8 ou 10%, le pays est ruiné, en cessation de paiement, comme beaucoup d’autres avec lui. Mais là, on a un peu de temps devant nous, disons que cela tiendra bien jusqu’à l’année prochaine.

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