116 – L’ARGENT ATTIRE L’ARGENT

 

En Espagne, comme ailleurs, il semble que les riches soient chaque année plus riches et que les pauvres, plus pauvres. Rien ne vient perturber l’ordre du monde et chacun est à sa place.

C’est facile à comprendre : les banques centrales impriment des billets par milliards et tout cet argent ne va pas stimuler l’économie, mais il va s’investir en bourse. Les financiers spéculent avec cet argent bon marché et continuent de s’enrichir. Donc, le prix des actions monte, et le prix des matières premières s’envole, ce qui a pour conséquence logique d’enrichir les actionnaires.

   Parmi ces heureux bénéficiaires, figurent un certain nombre de veuves éplorées dont la célèbre Duchessa de Alba, aussi riche que vieille et laide. Il ne s’agit pas de la belle Duchesse d’Albe qui fut l’amante de Goya, mais une arrière, arrière petite fille, la plus riche héritière d’Espagne, qui possède en outre le plus grand nombre de titres nobiliaires et honorifiques au monde. C’est sans doute ce qui lui a permis de se fiancer récemment, à l’âge de 85 ans, avec un jeune homme de 60 avec lequel elle est parti en croisière le 15 Avril dernier ! Ceci fait naturellement les délices de la presse. De son côté, Francisco Goya, en 1796, avait accompagné Maria Pilar, Duchessa de Alba, jeune veuve, pour un long séjour à Sanlucar de Barrameda que vous connaissez déjà, ( voir Chronique 114 : A la Recherche du Paradis Perdu), ce qui à l’époque fit jaser à la cours de Carlos IV. On peut admirer plusieurs portraits de la célèbre duchesse au musée du Prado.

La maja desnuda (Maria Pilar, Duchessa de Alba) de Francisco Goya

  Cette semaine, le magazine Tiempo fait sa Une sur le «  Duel de mil millions d’Euros » qui va opposer 4 fois, au mois d’Avril, les équipes de football du Real Madrid et du FC Barcelona, les deux clubs les plus riches de la planète, valorisés par la revue Forbes à respectivement 196 et 147 millions d’Euros. Les meilleurs joueurs, Messi et Ronaldo, Chicos de Oro, comme le souligne le journal, encaissent chacun environ 30 millions d’Euros par an et attirent les belles filles dont les atours n’ont rien à envier à la Maja DesnudaTiempoa fait les comptes, c’est une affaire qui roule sur mil millions d’Euros, entre budget de fonctionnement, salaires à couper le souffle, contrats d’images, parrainages, sponsors, paris, billetterie, publicité, droits de retransmissions et retombées économiques locales. Non seulement le football ne connaît pas la crise, mais il permet à ceux qui la subissent de l’oublier. Du pain et des jeux suffisent au bonheur des peuples.

Mais après un mois d’hystérie collective qui va chauffer la péninsule jusqu’à l’ébullition, les faits durs et têtus seront toujours là. Les prix montent, l’inflation montre son nez, mais les salaires et les retraites sont maintenus sous pression et le chômage continue de progresser à plus de 20% de la population active. Pendant que chacun s’appauvrit doucement et que quelques milliers d’étudiants manifestent à Madrid, un nouveau phénomène s’amplifie : l’émigration. En quelque sorte, l’histoire se répète après l’exode massif des années 60 et 70 vers l’Europe du Nord. Mais cette fois, ce sont les jeunes diplômés qui cherchent à partir, les plus qualifiés, les forces vives du pays.

Les jeunes hispaniques n’ont plus confiance en l’avenir de leur pays et selon une étude rapportée dans le quotidien El Mondo, 52% des jeunes diplômés se disent prêts à s’expatrier vers un autre pays européen. 39% se disent candidats au départ, même pour gagner moins, ce qui illustre l’importance du malaise. Ainsi s’ouvre une nouvelle ère en Europe, avec une émigration qualifiée vers les pays les plus dynamiques et les plus attractifs qui vont drainer vers eux la crème de la crème universitaire. Ceux qui parlent plusieurs langues et qui ont un pedigree haut de gamme trouveront un bon job car les talents sont rares. C’est une sorte de « Brain Drain » qui peut se révéler extrêmement dommageable  pour les pays qui verront partir les meilleurs dont ils auront assuré la formation à grands frais. Rappelons que c’est ce qui s’était passé en Allemagne de l’Est et avait nécessité la construction du mur de triste mémoire. Mais, depuis que le monde est monde, le succès attire le succès et l’argent attire l’argent. L’argent amène la puissance et il n’y a pas de puissance sans argent.

 Citation du jour:

” On veut gagner de l’argent pour vivre heureux et tout l’effort et le meilleur d’une vie se concentrent pour le gain de cet argent. Le bonheur est oublié, le moyen pris pour la fin”     Albert Camus

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