119 – IL N’Y A PAS DE PLACE POUR TOUT LE MONDE AU PARADIS

 

Vous le savez déjà, l’homme n’est jamais satisfait et d’une totale ingratitude. Il se plaint sans cesse d’avoir trop de ceci ou pas assez de cela. Ainsi, pendant que le monde entier se plaint du marasme économique, il est un petit pays Européen qui n’en peut plus de grossir, qui croule sous le poids des commandes et du boom économique. Un pays ingrat qui finit par rêver de décroissance tant il suffoque et voudrait reprendre son souffle après une course effrénée au succès.

J’ai déjà égrainé tous les malheurs du monde actuel et vous savez que notre société occidentale est cernée par d’innombrables dangers. Mais j’aborde aujourd’hui un danger nouveau qui menace la Suisse : la surchauffe économique. Ces dernières années, de très nombreuses entreprises sont venues s’installer en Suisse. Des multitudes de compétences de hauts niveaux ont été attirées à la fois par un cadre de vie exceptionnel, par des salaires doubles d’ailleurs et par une recherche constante de l’excellence qui caractérise les entreprises helvétiques. Ce boom extraordinaire atteint son degré maximum de saturation et inquiète les politiciens de tout bord, au point que certains considèrent qu’il faut maintenant viser la décroissance. Selon eux, la situation est grave et les discussions sont vives car le moteur de la croissance s’est emballé !…

Les lecteurs réguliers de chronique-libre savent déjà que je considère la Suisse à la fois comme un modèle économique et un modèle démocratique. Voir à ce sujet, les chroniques 89 « Suisse, prix d’excellence » et 98 « Suisse : les raisons du succès ». En résumé, on peut dire que la Suisse a été préservée des folles dépenses réalisées par les politiciens des démocraties représentatives qui sont devenues des démagogies populistes. Au contraire, la démocratie directe qui est pratiquée en Suisse l’a protégée des excès car le peuple est infiniment plus sage dans ses choix que les démagogues dans leurs promesses. Par conséquent la Suisse maîtrise ses dépenses et protège ses concitoyens. En outre, la concurrence fiscale entre les différents Cantons et entre les communes à l’intérieur de chaque Canton, permet de contrôler au mieux le poids de l’impôt. Les dépenses de l’Etat sont donc encadrées et la charge qui pèse sur les entreprises et les particuliers est moindre. L’absence de lourdeurs administratives handicapantes constitue également un avantage concurrentiel déterminant. De ce fait le chômage est anecdotique et l’activité économique extrêmement vigoureuse.

métro, Lausanne

Mais la croissance économique est telle, depuis quelques années, qu’elle a pris de court les décideurs et les politiques. Ainsi, par exemple, sur l’arc Lémanique, en particulier entre Genève et Lausanne, les trains et l’autoroute sont saturés après un doublement de l’activité en 10 ans. A Lausanne le métro est bondé à l’extrême. Bien entendu les prix de l’immobilier ont flambé ce qui pénalise fortement les salaires moyens. « De gauche à droite de l’échiquier politique, plus personne ne peut se permettre d’ignorer les effets négatifs de la croissance » écrit le magazine L’Hebdo du 7 Avril dernier. Chacun cherche des pistes pour sortir la Suisse de la crise de croissance. Certains osent même prononcer le mot de « décroissance », sans trop savoir ce que cela implique. Les propositions sont parfois Ubuesque, comme celles du Parti Socialiste, traditionnellement en faveur de l’ouverture des frontières tout azimut : il propose que l’on remette en cause la libre circulation pour freiner l’arrivée d’étrangers hautement qualifiés qui poussent les prix vers le haut ! Autrement dit, les socialistes veulent bien des Africains pauvres et souvent illettrés, mais refusent les ingénieurs hautement qualifiés. La bêtise des politiciens est sans limites ! La situation devient donc surréaliste et la Suisse devient victime de son succès et rêve de décroissance, avec tous les dangers que cela représente.

Tels sont aujourd’hui les malheurs de la Suisse qui, grâce à sa santé économique resplendissante, telle une diva, croule sous le poids des admirateurs et des fleurs. On peut se demander si l’homme est capable de bonheur ! Il n’y a peut-être pas de place pour tout le monde au paradis ? Mais si j’ai un conseil à donner à ceux qui regardent la Suisse avec envie et parfois avec jalousie, je dirais : faites comme elle, la recette est simple et contenue dans les chroniques libres 89 et 99 que je vous propose de relire.

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