Les technocrates et les politiciens Européens sont les rois de la bricole et du rafistolage. Il n’y a pas de gouvernance Européenne, mais une bande d’apprentis du système D qui ont la charge de problèmes complexes qui les dépassent totalement. Il n’y a pas de leader, pas de chef, pas de direction claire, pas de mot d’ordre mobilisateur, mais une cacaphonie qui fait perdre la tête. Chacun y va de sa suggestion, sans avoir la moindre idée des conséquences de ce qu’il propose. Nous avons confié la barre du navire à des gens qui ne sont jamais sortis en mer par gros temps.
Depuis des mois, les politiciens nous racontent qu’ils ont évité la catastrophe et que la crise est derrière nous. Le chômage est partout de l’ordre de 10%, les prix montent sauf les salaires et, surtout, les gouvernements sont endettés au-delà de ce qu’ils pourront jamais rembourser. Comment peut-on dire, dans ces conditions, que la crise est surmontée ? Les politiciens disent au peuple ce qu’il a envie d’entendre ; on appelle cela la démocratie : c’est de l’infantilisme !
Tous les pays Européens sont gravement endettés mais, pour certains, la catastrophe est imminente ; c’est le cas de la Grèce. C’est donc là que notre bande de bricoleurs est à l’œuvre et bidouille pour éviter la banqueroute. Chacun est donc appelé à prêter aux Grecs, à commencer par la BCE (Banque Centrale Européenne) qui leur a déjà prêté 90 milliards. Cette somme est à comparer avec le capital de la BCE qui est royalement de…5,3 milliards d’euros ! En d’autres termes, si la Grèce ne rembourse qu’une partie de sa dette, la BCE fait naufrage. Mais attention, ce n’est pas tout, les Européens se sont servis de la BCE comme d’une décharge de produits toxiques. En gage des prêts qu’elle consent, les différents pays lui ont refilé 1.900 milliards d’actifs douteux qui, du jour au lendemain, peuvent perdre une grande partie de cette valeur si un débiteur fait défaut.
Car, c’est là que se situe la grande frayeur : si l’un des pays de la zone euro ne peut plus rembourser ses dettes, il se peut que, par contagion, l’ensemble des pays de l’euro sombrent tous ensemble. Mais en fait, qui sombreraient ? Les banques prêteuses et les spéculateurs qui touchent jusqu’à 28% d’intérêt ! Il faudrait qu’ils disent adieu à leurs primes et à leurs bonus. Est-ce si grave ? Ils ont pris leur risque et doivent donc l’assumer. Mais, pour conjurer cette crainte, on continue de prêter à la Grèce ; on ajoute de la dette à la dette, c’est-à-dire que l’on aggrave la situation. Cela revient à continuer à donner à boire à un ivrogne ! C’est dans cette confusion que l’on mesure le besoin d’un leader européen capable de donner le cap et de parler au nom de tous. Or, il n’y a pas de chef sans possibilité de sanctions. Ceux qui ont péché par excès de laxisme doivent en assumer les conséquences.
Pour que la Grèce garde la tête hors de l’eau, les partenaires européens vont encore mettre 120

milliards sur la table dont ils ne reverront jamais la couleur. Le but est simplement de repousser l’échéance qui est inéluctable : la Grèce ne sera jamais en état de rembourser et les Grecs s’y refuseront. L’Europe leur impose des restrictions draconiennes et des mesures d’économie aussi indispensables que douloureuses. Mais le peuple grec est dans la rue, il ne veut plus entendre parler de plan de rigueur et d’économies, il préfère sans doute la catastrophe. Il se peut qu’il ait raison, car la catastrophe est peut-être préférable à une longue et humiliante agonie. Remettre les choses à plat, repartir de zéro et enfin voir poindre l’espoir de l’aurore.
Mais qui demande l’avis du peuple ? Imaginez-vous que fin Juin, l’avenir de l’Europe et l’avenir du système financier mondial, dépendait du vote de 5 députés Grecs! Qui ose encore dire que nous vivons dans des systèmes démocratiques? Le peuple a plus de sagesses que nos représentants.
Si l’on avait laissé la Grèce faire faillite il y a deux ans, la douleur eut été vive, mais elle serait derrière nous. La Grèce serait aujourd’hui en convalescence et pleine de projets, alors qu’elle est plus malade que jamais et le drame est devant nous. Si l’Europe n’était pas comme un canard sans tête, si à la place de tous ces démagogues nous avions un vrai leader, un vrai chef, avisé mais ferme, il aurait consulté le peuple et la crise ne serait plus qu’un mauvais souvenir.
Citation du Jour :
– « Comment cela s’appelle-t-il, quand la jour se lève, comme aujourd’hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l’air pourtant se respire, et qu’on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s’entre-tuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ?
– Cela a un très beau nom. Cela s’appelle l’aurore ».
Jean Giraudoux, Electre, acte II, scène X.