161 – ÊTES-VOUS “DIGITAL NATIVE”?

Les vacances sont l’occasion des réunions de famille. Les enfants reviennent pour quelques jours à la maison et nous apportent des nouvelles du monde de demain. Chacun arrive avec sa nouveauté technologique et le dernier gadget à la mode. Le but aujourd’hui, c’est de ne pas être dépassé par le progrès…

Je me souviens de mon premier téléphone portable, il y a vingt ans. J’étais à Paris et je me suis assis religieusement sur un banc des Champs Elysées et j’ai téléphoné à ma secrétaire incrédule à qui je n’avais rien à dire. Depuis, nous avons eu la révolution Internet et le village global. Nous avons été émerveillés par WIFI qui nous connecte au réseau avec notre ordinateur portable sur les genoux, lorsque, comme en ce moment, nous sommes assis dans notre jardin. Il y a quelques années nous avons aussi hérité de Wikipedia, l’encyclopédie qui se régénère en continu grâce à « l’émanation spontanée du génie populaire ». Puis vint le moteur de recherche Google qui avala toute la connaissance du monde et, tel l’oracle de Delphes, répond à toutes nos questions, y compris celles que nous n’osions poser à personne. Grâce à google earth, nous pouvons désormais localiser exactement et visualiser n’importe quelle adresse dans le monde, y compris celle de notre inspecteur des impôts.

Pessin, paru dans Le Monde

Le monde a alors pris conscience que nous étions passés d’un monde pyramidal, vertical, à un monde horizontal. Il n’y a plus de hiérarchie dans le savoir, il n’y a plus de maîtres qui enseignent à des élèves, il n’y a plus de media qui nous dictent ce que nous devons penser. Désormais, nous sommes tous des émetteurs et des récepteurs, comme dans les « réseaux sociaux » qui constituent la deuxième révolution de la communication électronique. Grâce à  facebook, chacun de nous est devenu le centre du monde. Nous pouvons y exposer notre nombril Urbi et Orbi, puis faire notre propre apologie. Nous pouvons trouver des amis à l’autre bout du monde qui partagent les mêmes passions. Il nous est possible aussi de créer notre blog et de nous exprimer, de disperser nos idées, d’exposer nos points de vue sur tout et n’importe quoi. C’est lors d’une discussion à bâton rompu avec Florent, au mois d’août l’année dernière, que nous avons démarré cette chronique libre qui a la fierté de publier aujourd’hui son 161 ème épisode ! Chaque semaine nous avons le privilège d’être lu par quelques milliers de francophones à travers le monde.

Je ne vous ai encore rien dit des prouesses de l’i-Phone ou de l’i-Pad, les merveilles technologiques d’Apple dont les nouvelles applications sont stupéfiantes. Bien sûr, Chantal ne lit plus que des livres électroniques sur son i-Pad, qu’elle range ensuite dans sa bibliothèque virtuelle. Elle tourne les pages avec l’indexe et souligne d’un doigt délicat les passages qu’elle veut mettre en exergue. Dès l’instant de sa parution, elle peut lire n’importe quel journal au monde et d’un click, grâce à Google Chrome, elle peut en avoir la traduction instantanée si nécessaire. Cette fin de semaine, nous avons découvert « redshift », une application disponible sur Apple store pour 12 Francs Suisse et qui permet d’explorer le ciel. Il suffit d’orienter son i-Phone ou son i-Pad vers une étoile ou vers une zone précise du ciel : l’écran affiche alors l’image exacte du ciel avec le nom des étoiles et leurs caractéristiques. C’est tout simplement fascinant pour les amoureux d’astronomie. Vous avez accès à 20 millions d’étoiles et vous pourrez disposer d’un module de vol en 3D dans le système solaire!

C’est ainsi que les soirs d’été nous pianotons sur nos claviers virtuels et d’un click nous faisons le tour du monde d’un regard émerveillé. Comme pour mieux nous signifier le fossé qui nous sépare, les enfants se définissent eux-mêmes comme des « digital native », de plain-pied avec les nouvelles technologies. De notre côté nous essayons seulement de suivre pour ne pas vieillir trop vite. Mais tôt ou tard nous serons obligés de renoncer. Se dessine une véritable fracture entre ceux qui sont montés dans le train de la communication digitale et ceux qui les regardent passer. Un nouveau pouvoir s’érige avec ses codes, une sorte d’oligarchie qui revendique la modernité. C’est l’éternelle querelle entre les anciens et les modernes et ce sont toujours les mêmes qui gagnent !

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