Dans les temps anciens, lorsque survenait une catastrophe, on sacrifiait des victimes aux dieux. Le progrès aidant, la victime se transforma en bouc émissaire que l’on égorgeait lors d’une cérémonie sacrée. De nos jours, il nous faut un coupable, une victime expiatoire que l’on exhibe devant le peuple ainsi soulagé. En ces temps troublés, les financiers seraient peut-être des victimes désignées idéales ?
Il n’aura pas échappé à nos lecteurs que nous vivons une époque de profonds bouleversements et de remise en cause des ordres établis. Les peuples se révoltent et ne supportent plus les diktats et les injustices. De Kadhafi à DSK les imposteurs tombent, l’un après l’autre, de leur piédestal. Grâce aux réseaux sociaux, le peuple reprend peu à peu le pouvoir qui lui a été confisqué par les hommes politiques. Néanmoins, il demeure une catégorie de citoyens qui, jusqu’ici, n’a pas encore été ébranlé par le vent de révolte : je veux parler des financiers. Mais, cela pourrait bien être pour bientôt !
Lorsque la fameuse crise des « subprimes » est survenue en 2008, la responsabilité des financiers est apparue pleine et entière. Ils avaient fait des montages savants et opaques pour mieux tromper les clients et empocher des primes extravagantes. Nous avons eu droit à quelques timides mea culpa, Bernard Madoff a été mis en prison et a servi de bouc émissaire, un financier s’est même suicidé, mais c’est tout. Comme d’habitude les media se faisaient le relais des discours officiels pour nous endormir : tout allait changer, nous ne reverrions plus jamais cela, les banques seraient mises au pas, les gouvernements reprenaient les choses en main, la spéculation serait encadrée, les bonus gigantesques allaient disparaître et tout serait assaini.
Force est de constater que, trois ans après, peu de choses ont changé. Chacun a repris ses
petites et grandes affaires. Les uns spéculent sur la baisse de l’Euro, d’autres spéculent sur l’envolée des matières premières, sur la dette de la Grèce ou de l’Italie. Bref, les financiers continuent de spéculer sur les malheurs du monde, en quelques mois les banques ont engrangé des sommes considérables et les bonus continuent de pleuvoir par milliards. La morgue et le cynisme des financiers est à son apogée et deviennent insupportables. Nous apprenons que l’UBS, une des premières banques mondiales, s’est de nouveau pris les pieds dans le tapis lors d’une spéculation hasardeuse.
Vous vous demandez sans doute pourquoi les financiers ont tant de pouvoir et peuvent continuer à agir en toute impunité. C’est très facile à comprendre. Tous les gouvernements occidentaux sont très endettés auprès des banques ; il n’est pas exagéré de dire qu’ils sont à leur merci. En effet, c’est toujours le créancier qui domine et non pas le débiteur. Pour continuer à subsister et à garder le pouvoir, les gouvernants dépendent du bon vouloir des financiers. En s’endettant jusqu’à la folie, les gouvernants que nous avons élu ont donné le pouvoir aux financiers : nous sommes donc coresponsables !
Il faut être bien naïf pour imaginer que les gouvernements dont le destin est entre les mains des financiers puissent leur dicter ce qu’il faut faire. C’est la démocratie parlementaire qui a donné le pouvoir aux financiers, c’est elle qui est coupable. Aujourd’hui, seul le peuple est en mesure d’imposer quelque chose à la finance internationale. Pour cela il faut qu’il se réveille et qu’il prenne conscience que ce n’est que par la révolte qu’il obtiendra ce pouvoir qu’il exercera ensuite par le biais de la démocratie directe.
