Depuis le Big Bang, le monde ne cesse d’aller vers plus de complexité. À partir de presque rien : une énergie grosse comme une tête d’épingle, l’univers est devenu ce qu’il est, avec ses milliards de galaxies qui filent vers l’infini ; avec le monde vivant qui réalise des prouesses qui ne cessent de nous surprendre ; et l’homme, au milieu de tout cela, tout étonné, avide de comprendre et de connaître.
Pour comprendre le monde dans lequel nous vivions, nous avons tout d’abord essayé de simplifier les choses avec la pensée dualiste : le froid et le chaud, l’ami et l’ennemi, le bien et le mal, le jour et la nuit, etc. Nos sociétés se sont construites sur le principe de la dualité, de deux instances antagonistes. Notre système éducatif repose encore sur cette pensée simplificatrice et nos maîtres à penser nous disent ce qui est bon et ce qui est mauvais, ce qui est juste ou ce qui ne l’est pas, ce que nous devons faire ou ne pas faire. Les scientifiques nous indiquent ce qui est juste et ce qui est faux. Le monde a ainsi fonctionné pendant des millénaires. Tout paraissait simple car il suffisait de suivre les directives : les experts, les savants, les maîtres et les chefs dictaient notre conduite.
C’est notre curiosité qui a déréglé le système. Nous avons voulu trop en savoir, nous avons voulu comprendre comment fonctionnait l’univers. Au début, nous avons cru que connaître le monde allait simplifier les choses. L’humanité s’est alors attelé, de façon tout à fait ingénue et imprudente, à une tache immense qu’elle avait au départ totalement sous-évaluée. Surtout,
nous avons découvert avec effroi que chaque questionnement élucidé conduisait à dix nouveaux problèmes à résoudre ! Il aurait pu nous suffire de savoir que la terre tournait autour du soleil et que le ciel n’allait pas nous tomber sur la tête. Mais, poussés par un insatiable désir de connaissances, nous avons voulu en savoir plus sur les étoiles, les galaxies et même sur les trous noirs. Nous avons voulu aller au cœur de la matière et il n’a pas suffit de connaître l’atome, il a fallu que nous allions dénicher le proton, le neutron, l’électron et nous en sommes à dresser le neutrino dont on dit même qu’il irait plus vite que la lumière ! De son côté l’étude de la vie nous a donné le vertige, depuis l’apparition de la première cellule et le processus d’évolution jusqu’aux êtres supérieurs aux milliards de composants d’une infinie complexité.
Durant les cent dernières années, la situation s’est beaucoup aggravée. Nous avons accumulé des tonnes de connaissances, nous avons dû découper nos savoirs en milliers de spécialités autonomes, nous n’avons cessé d’analyser en détail chacun des plus petits évènements et des plus infimes échanges. Même le spécialiste le plus pointu, dans le domaine le plus étroit que vous puissiez imaginer, est incapable de lire intégralement la somme des connaissances sur son sujet. Nous sommes donc pris d’un immense vertige, suite à une triple prise de conscience : tout d’abord l’espoir de tout savoir et de tout comprendre s’éloigne au fur et à mesure que nous avançons, comme si le monde de l’inconnu se dilatait sans fin, de la même manière que les galaxies s’éloignent les unes des autres de façon accélérée ; ensuite, nous mesurons à quel point nous sommes incapables de faire la synthèse de toutes nos connaissances puisqu’en définitive aucun cerveau humain n’aura jamais la capacité d’embrasser la totalité d’un seul tenant, notre vision sera toujours parcellaire et nos connaissances seront à jamais émiettées ; enfin et surtout, nous prenons conscience de la complexité des phénomènes que notre pensée dualiste est incapable d’appréhender.

Tout à fait d’accord ! Il y a un bon moment déjà que ce monde me donne le tournis. Trop de trop : trop vite, trop fort, trop dur, trop lâche, trop sale, trop violent…..
Pourquoi aujourd’hui tant de gens tombent-ils malades, se suicident, voient leur vie se casser en croyant la refaire, en recommençant à zéro, et encore et encore…. on rejette tous les systèmes du passé et on veut vivre libre ! quelle hérésie ! il est temps de bousculer ce diktat qui ne mène à rien d’autre qu’à etre mal : l’homme n’est pas aussi libre qu’il le prétend et ses actes le suivent toujours ! revenir à plus de simplicité c’est gagner en liberté et surtout en paix. Les paysans du moyen-age étaient plus heureux que nous dans leur ignorance.
Personnellement, j’ai enfin atteint ce que je désirais depuis longtemps : la retraite m’a permis d’acheter un petite maison à la campagne et je sais déjà qu’un jour j’y habiterai complètement, et je remplacerai ma voiture contre un vélo, supprimerai la télé et les journaux, cultiverai mes arbres fruitiers, ne garderai que mes amis proches et vivrai avec chats et chiens qui seront mes confidents et avec qui je me baladerai dans la montagne, en gros pull et vieux pantalon, enfin face à moi-même et face au monde… enfin je l’espère…..