L’écologie est affaire de tous. Mais nous assistons actuellement à une radicalisation de certains mouvements écologiques intégristes qui s’orientent vers le fanatisme et le totalitarisme.
Je me considère comme un écologiste de la première heure et, toute ma vie, j’ai travaillé concrètement à l’écologie de la santé : je n’ai jamais cessé de mettre en garde contre les méfaits extrêmes de la pollution chimique, la plus insidieuse de tous. La protection de l’environnement nécessite au préalable une prise de conscience individuelle et collective. À cet égard, il convient de saluer le travail remarquable d’information réalisé par nombre d’associations et d’ONG.
Nous aurions pu croire que l’écologie échappe à l’esprit partisan et soit, au contraire, l’objet de débats entre gens pragmatiques et de bon sens. Au lieu de cela, nous voyons certains courants écologistes sombrer dans l’idéologie, c’est-à-dire dans le dogmatisme. Or, toute idéologie tue la pensée ; il n’est plus nécessaire de réfléchir, il suffit de se référer aux dogmes ; « le prophète à dit !… ». C’est ainsi que fonctionnent toutes les religions et tous les partis politiques. L’écologie qui devient une religion cesse de se préoccuper d’environnement, elle s’intéresse au pouvoir. Il est étrange et triste de constater combien, chez les humains, tout débat se transforme vite en idéologie, en combats partisans, en préceptes inviolables et finalement en un système clos, fermé sur lui-même et sourd au bon sens, comme peut l’être un parti politique.
Soyons concrets et abordons le sujet dont tout le monde a parlé ces derniers mois : les centrales nucléaires. L’accident extrêmement grave de Fukushima souleva de par le monde une émotion gigantesque et justifiée. L’énergie nucléaire, si elle est mal maîtrisée, constitue un risque potentiel majeur pour l’environnement et nous en avons, une fois de plus, observé la preuve. C’est toujours à la faveur d’une émotion violente et d’une peur panique que l’on prend les plus mauvaises décisions, les plus irréfléchies ! C’est ainsi qu’un certain nombre de gouvernements, sous la pression de l’écologie dogmatique, se sont engagés à arrêter leurs centrales nucléaires, sans avoir réfléchi aux conséquences. Ils vont même pousser l’hypocrisie jusqu’à acheter de l’électricité d’origine nucléaire à leurs voisins !
Chaque année il y a, de par le monde, des centaines de milliers de morts sur les routes. Va t-on interdire la circulation automobile ? Non, on réfléchit et, si nécessaire, on renforce le code de la route et les contrôles. Des millions d’individus souffrent de séquelles graves ou meurent des suites des effets secondaires des médicaments chimiques. Va t-on pour cela se priver des bienfaits, par ailleurs, des médicaments ? Face à un accident nucléaire, on doit se poser les questions essentielles et comprendre les erreurs commises. Construire une centrale nucléaire sur une faille sismique constituait une erreur coupable. De chaque accident, il faut tirer des leçons et renforcer les normes, les mesures de sécurité et les contrôles. Ne pas agir dans l’émotion, mais dans la réflexion. C’est comme cela que l’humanité progresse, depuis la nuit des temps…
Sous l’effet de l’émotion, nous avons oublié les avantages importants que procure l’énergie nucléaire. Le premier avantage réside dans l’indépendance énergétique, à un coût relativement faible, ce qui donne un avantage concurrentiel évident. Le deuxième atout concerne l’avance technologique de certains pays occidentaux dans la maîtrise de l’énergie nucléaire constituant un avantage économique indubitable dans la mondialisation. Le troisième argument majeur, qui plaide en faveur des centrales nucléaires, réside dans le fait qu’elles ne rejettent pas de gaz à effet de serre.
Il ne faut pas, en effet, oublier une autre problématique beaucoup plus préoccupante, à savoir le réchauffement climatique. Les dernières données à ce sujet ne proviennent pas des milieux écologistes mais des spécialistes du climat et elles sont extrêmement alarmistes. Il n’y a aujourd’hui aucune alternative crédible à l’énergie nucléaire, hormis les centrales au gaz et au charbon qui se construisent par centaines un peu partout dans le monde et qui vont rejeter des milliards de tonnes de gaz carbonique dans l’atmosphère. Comment l’écologie intégriste prend t-elle en compte ce risque planétaire et les dégâts inéluctables qui vont en découler ? L’énergie nucléaire est sans doute maîtrisable, mais les désordres climatiques ne le seront pas lorsqu’il sera trop tard. L’énergie solaire ou par éoliennes ne sera encore, pendant longtemps, qu’une énergie d’appoint.
Méfions nous des slogans simplificateurs qui nous empêchent de penser par nous-même. Vive l’écologie ! Non aux Ayatollahs de l’écologie.
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