235 – L’ÂME DE L’OCCIDENT

La richesse de l’humanité réside dans ses différences, dans la spécificité de ses peuples. Le monde est devenu un village, mais nous distinguons encore, schématiquement, 4 grands groupes humains : les occidentaux, les orientaux, le monde arabo-musulman et l’Afrique noire.

À l’heure de la mondialisation, de l’information planétaire, des échanges économiques, des flux migratoires, du brassage des populations et du métissage, il m’est apparu important de revenir aux fondements de l’occident et de redéfinir ce cadre dans lequel vit la majorité de nos lecteurs.

L’occident n’a pas de définition stricte et intangible. C’est à la fois une zone géographique, un ensemble de peuples, un certain type de culture, une somme de valeurs spécifiques, une religion des origines, des langues issues des mêmes sources, des lois semblables, une façon de penser héritée de sa culture et enfin, surtout, un passé commun de plus de 2500 ans. Tel est l’héritage dont nous sommes porteurs, transmis par notre éducation et notre environnement, héritage que nous avons à transmettre avec fierté et modestie. Fierté d’être le dépositaire d’un acquis accumulé au cours des générations, fierté d’appartenir à une civilisation qui a éclairé le monde pendant des siècles. Modestie aussi, en considérant la face sombre de cette aventure occidentale, marquée par beaucoup d’atrocités et de servitudes ; modestie face à la richesse des autres civilisations.

ZEUS, musée d'Athènes

  Les racines de l’occident s’enfoncent profondément dans le sol Grec depuis le Vième siècle avant J.C. C’est là qu’est née la démocratie que nous avons imitée, c’est à cette époque que se sont succédés les plus grands de nos philosophes : Socrate, Platon, Aristote et beaucoup d’autres que nous citons quotidiennement. C’est sur les rivages de cette mer Méditerranée mythique  que sont nés les plus grands noms de la pensée occidentale, d’Hippocrate à Pythagore. Aujourd’hui encore, ce siècle de Périclès constitue la sève qui nous nourrit, l’esprit qui nous anime. Lorsque l’on considère ce qu’est devenue la Grèce du 21ième siècle, nous sommes saisis de vertige et nous mesurons la fragilité du destin des peuples ! La faillite de la Grèce peut-être un sombre présage pour toute l’Europe et c’est sans doute pourquoi nous assistons à un véritable acharnement thérapeutique à son chevet, comme pour conjurer le sort. La Grèce contemporaine n’était absolument pas en mesure de faire partie de la Communauté Européenne, et encore moins d’intégrer l’Euro, mais les Européens ont agi par sentimentalisme, en particulier le Président Français Valéry Giscard d’Estaing, lettré et humaniste qui s’écria ; « On ne ferme pas la porte à Platon ! »

Puis, les Romains dominèrent Athènes et les rivages de la Méditerranée. Sans renier les

un peuple de laboureurs

Grecs, ils portèrent plus loin la civilisation et fondèrent l’Europe moderne en contrôlant l’ensemble du continent pendant cinq siècles. Ils apportèrent l’ordre, l’administration, le droit, la justice et le Dieu des Chrétiens. L’empire Romain a fait éclore la civilisation occidentale dans toute sa splendeur. Rome disparut à son tour et l’Europe se disloqua, mais demeurèrent la culture et la religion qui unifiaient les peuples, malgré les frontières. Les moines avaient préservé l’héritage culturel, la langue, les textes anciens et la nouvelle religion qui allaient irriguer et unir les peuples d’Europe, au-delà des guerres et des haines. Pendant des siècles, tous ces peuples se mirent au travail pour défricher, cultiver et retourner cette terre mille et mille  fois. L’Europe est un peuple de laboureurs… C’est ainsi qu’après bien des vicissitudes, l’Europe éclaira le monde. L’occident a d’abord été Européen.

symbole chrétien

  Puis, ces peuples de conquérants voulurent porter leurs conquêtes au-delà des mers. Ils mirent le pied en Amérique du Sud et y installèrent leurs lois, leurs coutumes et leurs croyances, par la force. Le pouvoir ecclésiastique s’associa à la force de l’armée pour « civiliser » le nouveau monde. L’Amérique du Nord fut aussi conquise, défrichée et peuplée d’Européens qui amenèrent avec eux leurs compétences techniques, leur foi religieuse et leur charrue. Au vingtième siècle, après deux guerres fratricides, l’Europe déclina et s’effaça devant la puissance américaine. L’Europe eut un sursaut de survie en voulant s’unir et accoucha même d’une constitution. Hélas, celle-ci fut confiée à une cohorte de boutiquiers qui ne surent pas lui donner le souffle suffisant pour constituer une vision fédératrice. C’est ainsi qu’ils omirent de préciser ce qui caractérisait ces peuples qui voulaient vivre ensemble : ils ne mentionnèrent pas l’héritage gréco-romain et l’héritage chrétien, les deux mamelles qui nous nourrirent pendant tant de générations. Ils ont voulu construire une Europe sans âme. Cela revient à fonder une famille qui renierait ses origines !

J’aime bien l’analogie de la famille. Une famille est faite pour s’ouvrir, mais elle doit d’abord être unie, soudée, forte et cohérente. Avant d’accueillir une nouvelle épouse ou un nouvel époux, la famille a sa propre culture, ses propres valeurs et croyances qu’elle veut préserver. Le nouvel arrivant va respecter cette nouvelle famille si elle est respectable, c’est-à-dire si elle est unie et mérite d’être respectée. On ne fait jamais rentrer dans la famille plus de membres qu’il n’y a de cœurs à prendre. Mais, l’Europe contemporaine est vieille et depuis longtemps elle n’a plus de cœur à prendre ! Néanmoins, les prétendants ont continué d’affluer en masse pour s’installer à la table familiale. Les premiers venus ont été discrets et ont respecté les valeurs de l’occident. Mais, le nombre aidant, ils sont devenus plus exigeants et souvent même méprisants. Ils réfutent les valeurs de leur nouvelle famille dont la table devient trop petite. Ce mépris est le symbole de la faiblesse et de la dislocation de la famille Européenne, ce grand corps qui a perdu son âme.

Aujourd’hui, lorsqu’un Iranien, un Indien ou un Africain parle de l’occident, il évoque l’Amérique qui en est devenu le phare avancé. Aux yeux du monde, l’Europe est dévaluée, et la récente dégradation de la fiabilité financière de l’Europe est vécue, à juste titre, comme un traumatisme, parce qu’elle a la force d’un symbole. Or, les symboles sont infiniment plus puissants que la réalité qu’ils recouvrent. Nous assistons maintenant à l’affaiblissement des Etats-Unis qui, peu à peu, perdent leur prestige et leur prédominance. Est-ce le prélude du déclin de l’occident ?

Une civilisation ne vit que par les valeurs qui la portent et la mènent vers son idéal. La fierté se cultive et se mérite. Dès que l’on cesse d’être fier de soi, on génère le mépris. C’est comme perdre son âme…

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