251 – PACHAMAMA, TERRE-MERE SACREE

Les valeurs sacrées, fondatrices de l’occident, furent pendant longtemps le travail, la patrie, la famille, l’honneur et la religion Chrétienne. De tout cela, il ne reste pas grand-chose.

Un simple fait divers illustre parfaitement cet abandon de nos valeurs traditionnelles : un enseignant de l’école primaire de Sorel-Tracy, au Québec, a fait chanter à ses élèves, pour la Saint Valentin, le très bel « hymne à l’amour » d’Edith Piaf. Or, cet enseignant, sans doute un laïc intégriste comme on en rencontre tant, a cru bon de raccourcir le texte et de caviarder la belle phrase : « Dieu réunit ceux qui s’aiment ». Le mot Dieu était intolérable aux chastes oreilles des enfants ! (cliquez ci-dessus et écoutez)

 Dans notre précédente chronique 248 intitulée « Vicissitudes du sacré » nous avons insisté sur le fait que les sociétés humaines ne sauraient survivre sans notion du sacré. Les nouveaux temples se sont toujours construits sur les ruines des anciens et chaque époque vénère ses propres valeurs. Quelles nouvelles valeurs pourraient nous fédérer, à l’heure de la mondialisation et des réseaux planétaires ?

Ce qui caractérise nos sociétés contemporaines est la primauté de l’individu sur le groupe, du « je » sur le « nous ». La société n’est plus désormais pyramidale, avec des ordres venus d’en haut et un sacré officiel, mais nous évoluons maintenant dans une société avec une ramification horizontale, dans laquelle chaque individu est un centre, émetteur et récepteur. Dans cette société de l’ego, ma vie, ma santé, ma beauté, ma forme, ma sexualité, mon développement personnel, mon confort, mon niveau de vie, sont sacrés. Les peuples descendent dans la rue pour défendre leur régime de retraite ou les assurances santé. Mais nous ne lèverons pas le petit doigt pour sauvegarder nos croyances, notre culture, notre ethnie ou notre patrie ! Notre autoportrait sur facebook supplante tous les sanctuaires et tous les lieux Saints. L’argent est le nouveau dieu que l’on vénère car lui seul peut servir les exigences de notre petit moi. « L’argent maître met les marchands du temple, non plus sur les parvis, mais dans le saint des saints, avant de vendre le temple lui-même, à la découpe. C’est une première historique », ironise régis Debray dans son livre récent « Jeunesse du sacré ».

Néanmoins, une nouvelle génération surgit des décombres et renoue avec les valeurs les plus ancestrales, les plus primitives et aussi les plus universelles : le culte de la nature. Non seulement la nature met de la poésie au cœur de nos détresses, mais elle y ajoute la confiance au renouveau, comme un printemps qui refleurit. Ainsi, un nouveau sacré s’enracine et nous redonne espoir. Les quatre éléments, l’eau, la terre, l’air et le feu deviennent le creuset d’un renouveau spirituel que certains esprits chagrins dénomment avec mépris le « new-âge ». Couper un arbre est désormais une profanation, comme polluer une rivière ou menacer l’écosystème.

–       L’eau du baptême est devenu l’eau de vie et la fontaine de Jouvence. Le culte à Neptune s’est transformé en bains de mer en famille, mais aussi en défense des thons ou des baleines.

–       La terre-mère, notre pachamama nourricière, est devenue un symbole sacré : planète sacrée dans laquelle on plante des arbres avec recueillement lors de cérémonies annuelles où les enfants des écoles sont conviés.

–       L’air est symbole de pureté, de transparence, de nourriture spirituelle : les exercices de respiration sont désormais partie intégrante d’un renouveau sacré que l’on pratique en cercles d’initiés. Nous avons ressuscité le dieu Eole en captant son souffle ?

–       Le feu est celui du renouveau, « il brille et il brûle. Il purifie et il consume ». C’est le dieu solaire que nous vénérons au solstice d’été  en dansant sous les lampions et c’est lui que nous allons adorer en foule compacte, sur les plages chaque été. C’est l’énergie inépuisable que la technologie moderne cherche à capter.

PACHAMAMA

  « Le sacré, c’est l’autodéfense d’une société ». Le caractère sacré de la nature est devenu aujourd’hui, en occident, une valeur mobilisatrice, notre point d’honneur. Nos nouvelles croisades se feront pour la protection de la nature, c’est à dire, finalement, pour notre propre sauvegarde. Les nouvelles guerres sacrées se feront contre les pollueurs.  La défense de Pachamama est un retour aux sources. C’est pragmatique, mais c’est sage.

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4 commentaires

  1. Peut être que pour revenir au sacré faudrait il s’éloigner du terrestre ?
    La vie sur terre ne fait que passer….
    Heureusement, le sacré est aussi un moteur de vie que nous possédons chacun au fond de nous même !
    A nous de choisir ce que nous voulons adorer … on ne peut servir Dieu et Mammon….

  2. Tout vient de DIEU et retournera à DIEU. En tant que catholique, il nous a été appris le profond respect de la nature créée par DIEU pour l’homme. On nous a appris le respect de la nature dans le plus petit détail sans que nous fassions une religion de ce respect. Maintenant vous avez sorti de la fange et avez placé la déesse Gaya sur un piétestal . Vous revenez au paganisme des temps révolus et voudriez que nous adoptons tous votre nouvelle religion “la terre”. Arrêtez, nous avons mieux, nous avons D I E U!

  3. Heureusement que cette petite flamme reste allumée dans les cœurs des populations qui partout, en Russie, au Tibet, et ailleurs continuent à se projeter dans la vérité de l’éternité. Il y a trop de silence autour de la spiritualité. Elle est vivante. Loin des intégrismes religieux. Écoutons les soufis et ne faisons pas d’amalgames. Le commerce de l’esprit est tellement plus brillant, exaltant, que celui des denrées de tous ordres.

  4. Voici quelques commentaires de cette chronique postés sur facebook:

    1 partage

    Piroska Fekete j’aime beaucoup cette image de la mère nourricière qui englobe la terre, tenant es arbres, les rivières …. dans ces bras.Le sacré comme valeur réémergente de l’occident, m’interpelle et …….me réjuoit
    Il y a 12 heures · J’aime

    Jz Houart certaine de ces valeurs ne nous ont pas conduits bien loin (à part un certain obscurantisme pour ne pas dire un obscurantisme certain…
    Il y a 11 heures · J’aime

    Monique Thiennot-Perrot obscurantisme ? je ne dirais pas ça…mais une portée négative que l’homme est si doué à appliquer en déformant toute construction positive !
    il y a environ une minute · J’aime

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