308 – Où METTRE SON ARGENT ?

Vous connaissez l’information : la France et l’Allemagne empruntent de l’argent à des taux négatifs. C’est-à-dire que les prêteurs paient ces deux pays pour garder leurs Euros !

Les media, généralement mal informés et qui ne réfléchissent pas beaucoup, se réjouissent de la confiance retrouvée dans la solvabilité de ces deux pays. Ils ne comprennent pas ce que cache cette information. Quels sont donc ces prêteurs si attentionnés qui confient leur argent à des pays lourdement endettés et qui sont prêts à payer pour cela ? Cela ne vous paraît pas louche, ce monde à l’envers ?

 En fait, la situation des banques européennes est si mauvaise, et le risque est si élevé, que les détenteurs d’Euros ont peur d’y laisser leur argent.  Ces milliards prêtés à court terme à l’état français ou à l’état allemand fuient tout simplement les banques. Cela veut dire que les détenteurs de capitaux préfèrent perdre un peu d’argent que de risquer de tout perdre. Il vaut mieux aujourd’hui enterrer vos Euros dans votre jardin que de les laisser dans votre banque !  Les banques ne se prêtent plus entre elles car elles ne se font plus confiance. Les caisses de retraites et les fonds de pensions fuient les banques. Vous appelez cela une bonne nouvelle ?

Prenons l’exemple de la Banque Nationale Suisse (BNS) qui a décidé d’arrimer le Franc Suisse à l’Euro, à la parité de 1.20, afin de ne pas trop perdre en compétitivité. Or, la BNS a dû agir massivement en achetant un total de 300 milliards d’Euros sur le marché afin d’éviter que la monnaie européenne ne s’effondre. Que peut-elle faire de tout cet argent ? A juste titre, elle n’a pas confiance dans les banques, qu’elles soient helvètes ou européennes. A moins de garder cette somme sous son matelas, le président de la BNS n’a rien trouvé de plus sûr que de la confier provisoirement à ses voisins Allemands et Français !… Autant dire que la situation est grave.

Mais attendez, cela n’est pas fini. De façon plus globale, 80% de l’économie mondiale est à l’arrêt ou tourne au ralenti : L’Europe est en récession et suit l’exemple du Japon, les Etats-Unis continuent de s’endetter comme si de rien n’était et l’économie Chinoise est en forte décélération. Tout cela veut dire qu’il n’y aura bientôt plus d’excès de liquidité pour souscrire aux dettes des Etats. S’il y a moins de prêteurs les taux vont monter et les pays endettés vont se trouver asphyxiés, comme le sont déjà l’Espagne et l’Italie, sans parler de la Grèce.

L’autre facteur aggravant réside dans la création monétaire. Presque tous les pays y ont recours, même la Suisse pour soutenir la parité avec l’Euro, comme nous venons de le voir. Mille milliards de dollars par-ci, mille milliards d’Euros par-là : cela fait beaucoup d’argent qui circule et qui, mécaniquement, va déclencher l’inflation, avec comme corollaire, la montée inexorable des taux d’intérêts. Ce scénario est inéluctable, mais il est plus difficile d’en prévoir la date. En effet, les gouvernements et les banques centrales interviennent de façon artificielle pour masquer la réalité. On ne sait jamais combien de temps peut durer un acharnement thérapeutique, avec les moyens sophistiqués dont disposent les financiers…

Nous ne règlerons pas le problème en ajoutant encore de la dette à la dette qui procure une croissance fictive. Ce n’est pas en renflouant les canards boiteux que l’on fera repartir l’économie. Ce n’est pas en augmentant les impôts que l’on enrichira le pays, au contraire on l’appauvrit. Quand les Etats deviennent des faux-monnayeurs, c’est le début de la fin

 La solution consisterait à laisser agir la nature, c’est-à-dire laisser faire faillite ceux qui sont ruinés. Laisser faire la sélection naturelle afin de repartir sur des bases saines. Stopper les renflouages et subventions de toute sortes qui alimentent le gaspillage et introduisent des distorsions dans les mécanismes économiques. Diminuer le secteur non productif, c’est-à-dire la fonction publique, au profit du secteur privé productif qui seul produit de la richesse. N’oublions jamais que les entreprises créent de la richesse et la fonction publique consomme de la richesse. Enfin, diminuer les impôts pour stimuler sainement l’économie. VOUS NOTEREZ QUE NOS GOUVERNANTS FONT EXACTEMENT LE CONTRAIRE…

 

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3 commentaires

  1. Je suis d’accord avec vous sur un point: personne ne comprend plus rien à l’économie, même les financiers. Quant à réduire la fonction publique, vous savez que je ne suis pas d’accord avec vous. La fonction publique a une qualité essentielle: elle est utile. Je sais! il y a des fonctionnaires inutiles, des paperassiers, des procéduriers, etc., mais il manque énormément de monde dans la fonction publique non rentable mais utile: hôpitaux, police et justice. Les impôts et taxes doivent servir à payer les services non rentables, pas à rembourser la dette. Hors, c’est ce qui se passe! Quant au secteur privé, il est tenu pour la plus grande partie par des multinationales dont le but essentiel est de faire des bénéfices et non pas de payer des salariés. Dans les réflexions les plus courantes qu’on nous sert aux informations ou autres, on entend parler des entreprises, des banques, des services publiques. Mais parle-t-on des hommes et des femmes qui y travaillent, qu’ils soient patrons ou ouvriers ? Hors, dans toute société qui fait de la compétitivité son cheval de bataille, ce sont toujours les humains qui trinques et l’on se réjouit (même les ouvriers) quand la bourse monte alors qu’il a fallu pour cela licencier des milliers d’hommes. On ne sortira jamais, quel que soit le système, de l’équation suivante: En fonction d’un revenu décent qui permette à tous de manger, se loger, se soigner, de s’instruire, nommé R, d’un nombre d’humains nommé N et d’un capital monétaire nommé CM, pour qu’une société soit saine, on devra toujours avoir CM = R*N. Sinon, il y aura déséquilibre avec ses conséquences: révoltes, inflation, misère, injustice et émergence de forces extrémistes. Je le dis et je le répète, ce qui ne va pas, c’est le système, pas les dépenses excessives. On ne fait pas de dépense excessive quand on construit des hôpitaux ou des prisons pour préserver la santé et la dignité humaine. On ne fait pas de dépense excessive quand on construit ou aménage des routes. On ne fait pas de dépenses excessives quand on dédouble des classes surchargées, que l’on crée des postes d’infirmières, d’aide à domicile, d’enseignant ! L’argent, que ce soit le franc ou l’euro ou le dollar, la monnaie, en fait devrait être créée avec les produits ou les services à rendre et être détruite lorsque les produits sont consommés ou les services rendus. Je dirai même plus, l’argent ne devrait pas être thésaurisable. C’est un non sens que l’argent produise de l’argent, que l’on puisse “vivre de son argent” comme l’a dit, je crois, Rockfeller. Il y a même des économistes (je ne sais plus qui, excusez moi) qui préconisent d’émettre des billets de banque avec date de valeur. C’est à dire que 100 euros par exemple, ne vaudrait plus que la moitié de leur valeur, mettons, au bout de six mois, et plus rien au bout d’un an (c’est un exemple). L’inflation, d’autre part, n’est pas un phénomène automatique, ce ne sont pas les euros, avec leurs petits bras musclés qui décident de changer de valeur, ce sont des hommes qui se plient à la loi du marché. Pour que l’inflation soit évitée, les prix doivent être encadrés administrativement. C’est la loi du marché qui fait l’inflation, pas l’émission de monnaie. Je propose encore une autre solution que j’ai développé dans un blog il y a quelques années (solution transitoire): puisqu’il faut respecter la sacro-sainte compétitivité, vivons avec de monnaies parallèles: une traditionnelle qui suivra les lois du marché, et une autre, sociale, émise par une banque centrale sociale qui servira à rémunérer les emplois non rentables (mais utiles) – les deux monnaies seront en compétition, l’enjeu, le challenge étant de faire tendre le chômage et la pauvreté vers zéro, sans pour cela délaisser la qualité du travail. Ce serait une idée non ?

    1. Il est utile et créatif d’avoir une pensée alternative comme la vôtre, cela permet de tenter de trouver des solutions plus efficaces.
      – Je suis assez d’accord avec vous concernant l’idée d’une monnaie alternative qui fonctionnerait en doublon avec la monnaie commune. Cela existe déjà très localement et semble donner de bons résultats.
      – Concernant les fonctionnaires ils sont bien sûr nécessaire pour assurer les fonctions régaliennes (armée, justice, police). Mais il ne faut jamais oublier que les fonctionnaires sont payés avec l’argent du secteur privé. Or, aujourd’hui le nombre des travailleurs privés sont moins nombreux et ne parviennent pas à supporter toute ces charges. Il faut donc absolument diminuer les frais de la fonction publique, sinon tout va s’écrouler!…
      – Par ailleurs je pense que certaines tâches comme la santé ou l’enseignement pourraient être assumées plus efficacement et plus économiquement par le secteur privé.
      – Vous remettez en cause la nécessité d’être compétitif. Il faudrait donc fermer les frontières et vivre en autarcie. Est-ce possible et souhaitable aujourd’hui? C’est la solution qui était en vigueur en Union Soviétique et cela s’est révélé ruineux.

  2. Je ne suis pas d’accord pour que les services publiques soient assurés par le secteur privé. Je cerne quand même ma réponse: OK pour l’enseignement assuré par des “religieux” ou autres qui ne sont pas liés à la sphère commerciale. OK pour les cliniques privées à condition que les dirigeants fassent partie du monde médical, et encore pas des pontes de laboratoire. Je vais vous citer un exemple: il y a une vingtaine d’année, les scanners de l’hôpital de Compiègne ont été payés par la société “peau douce” en contrepartie de l’utilisation exclusive de ses couches culotte par l’hôpital. Je suis tout à fait contre ce genre de pratique. Dans ce cas, ce n’est pas très grave. Mais imaginez que Bouygues, par exemple, qui à l’origine était numéro 1 du bâtiment, puis qui s’est payé TF1, puis est devenu opérateur téléphonique, et que maintenant elle investisse dans des écoles privées ou que des laboratoires comme Mérieux, Nobel Hoestch ou autre financent l’hôpital public. Le premier objectif de ces firmes est la rentabilité, pas le bien être des gens. Il faut arriver à nous sortir du cerveau ce “ça coute cher parce que ce n’est pas rentable” – la véritable valeur des choses, c’est ce qu’ils apportent comme bien être et comme progrès. La monnaie doit s’adapter à ce fait et non le contraire. Les services publiques, la sécurité sociale doivent être financés par les impôts et taxes. Les fonctionnaires doivent être payés avec l’argent public. Deuxièmement, quand je parle du problème de la compétitivité, je ne pense nullement à fermer les frontières et vivre en autarcie. Il est indéniable que la qualité du travail doivent faire l’objet d’une compétitivité, que l’on doive toujours chercher à optimiser la compétence et la productivité, mais ce qui fait le malheur de tout le monde, c’est la compétitivité économique mondialisée. On produit dans les pays à faible coût de revient où règne la misère, pour vendre dans des pays “riches” et de ce fait on appauvrit ce pays riches par le fait que les compétences de leurs travailleurs ne sont plus utilisés car trop cher. C’est un non-sens, ou plutôt, un sens unique: le profit, et j’ai bien peur que ce sens unique se termine en impasse. Mondialisation pour mondialisation (je suis pour) – ne vaudrait-il pas œuvrer pour tendre à niveler les conditions sociales par le haut. Hélas, c’est un problème difficile à résoudre (le système financier actuel) car le nœud du problème, c’est l’indépendance énergétique et nous ne l’avons pas.

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