Le sport a pris une place prépondérante dans nos vies, comme du temps des romains les jeux du cirque. Nous sommes d’ailleurs aussi exigeants et cruels avec nos champions que jadis avec les gladiateurs.
Oui, tu as décroché l’or pour avoir le plus regardé les jeux Olympiques, maintenant, s’il te plait, va prendre une douche…
Je ne sais pas ce que penserait Pierre de Coubertin s’il voyait ce qu’est devenu le sport en faveur duquel il a tant œuvré. Depuis longtemps, l’exercice du corps a fait partie à la fois des plaisirs et de l’épanouissement de la personnalité selon l’adage célèbre : « mens sana in corpore sano ». Aujourd’hui, le sport de haut niveau est davantage une source d’asservissement que d’épanouissement. L’essentiel n’est plus seulement de participer, mais il faut gagner ! La concurrence est rude dans chaque discipline et pour s’y faire remarquer il faut s’entraîner jusqu’à l’abrutissement, et pourrait-on dire, jusqu’à l’épuisement.
l’âge scolaire, les enfants qui pratiquent un sport avec une certaine assiduité sont vite enrôlés dans une équipe qui, pour satisfaire ses ambitions, va demander aux jeunes un investissement énorme. Ils sont venus pour prendre du plaisir et, très vite, se trouve Dès nt entrainés vers la course à la performance. Le plaisir se transforme en une exigence permanente. J’ai l’exemple récent de ma petite fille Romane, âgée de 15 ans, qui fait partie d’une équipe de hand-ball scolaire. Elle doit se soumettre à deux entrainements intensifs par semaine, le soir, et à un match le week-end. Une grande partie de son énergie est orientée vers ce sport. Au point qu’elle eut un accident au cours duquel elle s’est déchiré les ligaments croisés. Cet accident fâcheux serait anecdotique si elle n’était pas la septième, depuis le début de l’année, victime du même accident à l’entrainement !…
Un sportif de niveau national, quel que soit le pays où il opère, doit se consacrer entièrement à son sport de prédilection et s’user les rotules à longueur de journée. L’entrainement est devenu un boulot à plein temps, comme jadis on était derrière la charrue à suer et à ahaner ! Les sportifs de métier qui passent leurs journées à courir, sauter, nager ou pédaler, usent ainsi prématurément leur organisme et accélèrent le processus de vieillissement. Le cœur est hypertrophié, les tendons durcis, les muscles fatigués, comme une machine à laquelle on a trop demandé. Sans parler des jeunes femmes atteintes d’aménorrhée et qui finissent pas avoir un taux de testostérone sanguin presqu’équivalent à celui d’un homme ! Ce sport intensif n’est pas épanouissant, il est abrutissant. Les candidats aux super performances veulent être les meilleurs et sont prêts à tous les sacrifices pour y arriver, y compris l’usage de substances dopantes qui vont « griller » l’organisme pour parvenir à gagner une fraction de seconde !
Le pire est bien entendu du côté des sports à la mode, je veux parler des sports dits «populaires», comme le football ou le cyclisme, qui sont pervertis à la fois par l’argent et par la renommée médiatique. Les joueurs et les équipes deviennent des marchandises qui font l’objet d’un négoce international comme le pétrole ou une matière première stratégique. Ce n’est donc pas un hasard si sur ce marché on trouve de richissimes investisseurs, habitués des spéculations sur les « commodities », comme disent les anglo-saxons. C’est ainsi que le roi de l’acier, le Russe Abramovitch a acquis le club Anglais de Chelsea, le roi du Nickel est devenu propriétaire d’Arsenal et Dmitry Rybolovlev, roi de la potasse, s’est offert l’AS Monaco.
Les Chinois entrent aussi dans la danse et veulent participer à cette folie collective. Ils ont fait flamber les cours du pétrole et de l’acier, maintenant ils font flamber le cours des joueurs de foot qui se négocient avec des contrats à plusieurs dizaines de millions de dollars ! Ces transactions sont éloignées de toute réalité économique et servent surtout le prestige et l’ego des investisseurs. Certains s’offrent des œuvres d’art, d’autres des sportifs ! Les buts coûtent chers et les joueurs sont devenus des mercenaires à la solde des oligarques.
Malgré ces dérives démentielles, symptômes d’une époque qui a perdu ses repères, continuons à pratiquer en amateur notre sport favori et ne regardons pas ces fous du stade à la télé…