Nous sommes à Milan, fébrile, agitée, bruyante, dispersée, à l’image de l’Italie dont nous tentons de prendre le pouls.
Le Duomo a été rénové il y a quelques années et se dresse superbe au milieu de la place, noire de monde et enveloppée de myriades de pigeons. Signe des temps, la façade latérale de la cathédrale est ornée d’un immense écran sur lequel on peut méditer sur les performances de la dernière Mercedes à la mode. Il faut bien payer l’entretien de l’édifice, dans un pays qui désormais doit se serrer la ceinture !
L’entrée est libre et gratuite. Des milliers de touristes vagabonds déambulent joyeusement et se prennent en photo devant la statue des Saints, comme s’ils étaient à la foire. La religion n’a plus rien à faire ici et est reléguée symboliquement dans un recoin sombre. Le monde contemporain renverse les ordres établis et toutes les hiérarchies, à commencer par la hiérarchie ecclésiastique. Il se peut que la religion catholique vive ses derniers instants sous la forme actuelle. Elle se crispe parfois lorsqu’elle est attaquée et s’agite soudain d’un spasme nerveux. Mais le faste, les dorures, le marbre, les sculptures et tout cet apparat paraissent aujourd’hui tellement désuets. Les hordes d’Asiatiques qui parcourent à la va-vite les travées en marbre nous font prendre conscience combien nous nous promenons dans notre passé.
Il y a seulement deux ans, personne ne donnait cher de l’Italie dont l’économie moribonde et la
dette abyssale semblaient condamner le pays à la faillite. Mais, dans un éclair de lucidité, l’Italie a compris que les Politiques les menaient à la ruine. Ils ont ainsi mis au pouvoir Mario Monti, un économiste énergique et technocrate non élu, c’est-à-dire n’ayant pas à soigner une clientèle électorale. Il gouverne donc tout simplement avec son bon sens et non pas, comme ailleurs, avec une idéologie dogmatique.
Les mesures prises par Mario Monti reposent sur trois piliers essentiels et complémentaires: d’une part un programme draconien de réduction des dépenses publiques, ensuite une hausse générale des impôts et enfin une réforme globale de la législation sur le travail. Si on compare ces choix à ceux qui viennent d’être faits par le gouvernement français, nous constatons que la France n’a choisi que le volet fiscal, c’est pourquoi nous pouvons prédire son échec. (voir chronique-libre 336).

-“Où est passé le reste?”
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