Nous poursuivons notre voyage à Oman que je n’hésite pas à qualifier de perle du Moyen Orient. Cette monarchie éclairée intrigue plus d’un voyageur, à l’heure où les démocraties parlementaires sont ballotées au gré des fluctuations d’une opinion publique changeante et désorientée.
Je ne suis pas seul à m’interroger sur la capacité des démocraties parlementaires, en temps de crise, à réformer les pays dont elles ont la charge. Je rejoins la position de Jean d’Ormesson qui les qualifie « d’inaptocratie » : « Un système de gouvernement où les moins capables de gouverner sont élus par les moins capables de produire et où les autres membres de la société les moins aptes à subvenir à eux-mêmes ou à réussir, sont récompensés par des biens et des services qui ont été payés par la confiscation de la richesse et du travail d’un nombre de producteurs en diminution continuelle“. Il s’agit en fait de l’Etat-Providence, fruit d’une dérive démocratique au profit d’une démagogie laxiste.

Oman est gouverné par une oligarchie dirigée par un sultan que l’on peut qualifier de sage. Il est entouré de conseillers qu’il a lui-même désigné et, depuis peu, d’une sorte de parlement qui peut faire des suggestions et proposer des lois. Sous l’influence du printemps arabe, une démocratisation modérée est en cours. N’oublions pas qu’Oman est situé au détroit d’Ormuz, particulièrement stratégique. Mais le sultan mène une politique habile et équilibrée entre ses deux puissants voisins, l’Arabie Saoudite et l’Iran. Néanmoins il demeure un allié fidèle des Anglais et des Américains.
Autant que nous puissions en juger, les omanais jouissent d’une assez grande liberté. Les Journaux de langue anglaise ne semblent pas censurés mais demeurent très modérés sur de nombreux sujets. L’Islam est lui aussi modéré et la présence de fortes communautés indiennes permet à chacun de vivre ses croyances et de suivre sa culture librement. Il règne une sorte d’harmonie tranquille, à l’abri des vociférations partisanes des partis politiques qui sont ici inexistants. Il s’agit donc d’un régime à la fois autoritaire et bienveillant, dirigé par un sultan moderne et pacifique. Oman est cependant confronté à un taux très élevé de chômage auquel le gouvernement tente de remédier par l’embauche de myriades de fonctionnaires (44.000 en 2012).

On aimerait voir perdurer un tel équilibre et on redoute l’agitation de quelques ambitieux qui pourraient tirer profit, pour eux-mêmes, d’une déstabilisation du régime politique. Il suffirait d’une dose trop forte de démocratie pour que l’édifice s’écroule. Le sultan Qaboos ne sera pas inquiété, pour autant que nous puissions en juger, mais le problème surgira à sa succession car, selon les informations, plus de 50 candidats peuvent y prétendre, puisqu’il n’a ni enfant, ni frère ! Les démocraties éclairées ne peuvent survivre que si la charge n’est pas héréditaire, afin que puisse être désigné celui qui est le plus apte à diriger et dispose de suffisamment de sagesse, de compétences et d’autorité naturelle. On murmure que le sultan Qaboos a prévu un mode de désignation de son successeur et dont la teneur est tenue secrète,
A l’heure où nous doutons de la pérennité des démocraties parlementaires, nous

Excellentes réflexions. Mais, comment trouver le meilleur moyen de désigner ce chef compétent ainsi que les membres du conseil des sages ? Le mode de désignation des papes serait-il vraiment un bon protocole ? Les ‘protonotaires apostoliques’ et autres ‘princes de l’Église’ seraient-ils indubitablement des sages ? ça se saurait ! En fait, c’est bien connu, cette désignation ne se fait pas sans perfidies et déchirements qui ne témoignent pas d’une évidente sagesse.
Qui pourrait juger dignement de la sagesse réelle de quelqu’un sans être lui-même d’une sagesse exemplaire ? : lui-même ? un conseil de personnes se prenant pour des sages ? les représentants du peuple ? le peuple ? …. (???) … e.b. ☼
Commentaires sur Facebook:
Stéphane Thibodeau Scusez, mais ça vole pas haut votre chronique… L’éloge de la dictature éclairée maintenant… Parce que c’est ce qu’est Oman, ne vous en déplaise.
La démocratie est imparfaite, mais elle a justement fait la démonstration qu’elle pouvait traverser les crises. Quand votre bon dictateur éclairé et si sage va mourir, qui va le remplacer ? Si son successeur se montre autoritaire et incompétent, qu’est-ce qui va se passer ?
Si vous consultez le classement des pays en terme de liberté de presse de reporters sans frontières, Oman ne se classe vraiment pas très bien en terme de liberté de presse…
http://fr.rsf.org/press-freedom-index-2011-2012,1043.html
Vous êtes libres comme journaliste… si vous ne dites rien qui mécontente le sultan !
Classement mondial 2011-2012 – Reporters sans frontières
fr.rsf.org
Si le printemps arabe de 2011 n’a pas débordé en Afrique subsaharienne au point …Afficher la suite
vendredi, à 12:23 · Modifié · J’aime · Supprimer l’aperçu
Stéphane Thibodeau Malheureusement, je constate que la culture de trop de concitoyens comme vous est très très faible. C’est assez inquiétant je dois dire. Vous faites une analyse très superficielle de ce qu’est un système politique.
Dans un système politique, le problème est toujours celui de l’équilibre du pouvoir. Vous pouvez avoir un bon dirigeant à la tête du pays, mais s’il possède trop de pouvoir et est inamovible, tôt ou tard, il abusera de son pouvoir. Le pouvoir corrompt, toujours. Les saints à l’abri de la corruption du pouvoir, ça n’existe pas.
Cette belle monarchie « éclairée » n’est qu’un régime un peu moins pire que ses voisins, c’est tout. Ça marche tant que vous dites comme le Sultan ! Ceux qui ne disent pas comme lui se retrouvent en prison:
http://www.ifex.org/oman/2012/06/20/writers_activists_arrested/fr/
Les autorités arrêtent des dizaines de manifestants et d’écrivains – IFEX
http://www.ifex.org
Les autorités arrêtent des dizaines de manifestants et d’écrivains – IFEX
vendredi, à 12:26 · Je n’aime plus · 1 · Supprimer l’aperçu
Stéphane Thibodeau Bref, la démocratie vise à ne pas donner trop de pouvoir trop longtemps à une même personne. Aussi éclairée et sage soit-elle, l’histoire nous a montré amplement que c’est dangereux qu’une seule personne possède à vie tous les pouvoirs. Que forcément, les libertés individuelles finissent par en souffrir, et c’est aussi le cas à Oman, où l’on observe aussi des atteintes graves aux droits de l’homme.
Ne soyez pas aussi naïfs. Essayez de voir au-delà de la belle façade.
vendredi, à 12:29 · Je n’aime plus · 1
Chronique Libre Merci pour votre commentaire très pertinent. Rien n’est parfait, même ce que j’ai nommé “la monarchie éclairée”. Les sociétés oscilleront toujours entre l’excès de laxisme et trop d’autoritarisme. L’équilibre est instable par définition!…
vendredi, à 16:24 · J’aime
Muriel Vila Qu’on l’appelle Sultan, Roi ou Président celui qui est à la tête de l’Etat est le garant de notre liberté individuelle et cela passe nécessairement par l’autorité. Trouver l’harmonie entre les deux est sans doute la tâche la plus difficile pour celui qui détient le pouvoir entre ses mains. On peut remarquer que les gens les plus heureux sont les citoyens des pays où règne la liberté de penser. Et justement, je pense, que l’égalité entre les hommes et les femmes est primordiale pour le bon équilibre ! Ce n’est pas le cas dans cette “monarchie éclairée” !
samedi, à 01:00 · Je n’aime plus · 1
Muriel Vila http://moyen-orient.fr/societe/65/659-place-de-la-femme-a-oman
Place de la femme à Oman – Moyen-Orient.fr
moyen-orient.fr
Au-delà de l’actualité, il y a d’autres manières pour découvrir le Moyen-Orient, montrer ses richesses et dépasser une image trop stéréotypée
samedi, à 01:12 · Je n’aime plus · 1 · Supprimer l’aperçu