Nous continuons à nous interroger sur la façon dont fonctionne le monde. Après avoir étudié les ressorts du pouvoir (chronique 453 et 454), il convient de comprendre comment il faut éduquer les peuples pour qu’ils deviennent craintifs et dociles, faciles à diriger.
Personne ne conteste qu’il soit important d’éduquer les enfants. Cette œuvre d’éducation doit se faire le plus tôt possible par des enseignants contrôlés par l’Etat et formés à cet effet. L’enseignement doit suivre un « programme officiel » prédéterminé par des « experts » mandatés et désignés par l’administration. Les cours sont ceux de la pensée dominante et suivent les préceptes exclusifs de la pensée rationnelle, dite « scientifique ». La vision du monde physique et biologique est assez monolithique et ne souffre pas la controverse. Il est important que le monde apparaisse comme une construction logique et cohérente tandis que les faits qui ne répondent pas aux critères officiels et académiques restent sous silence ou soient violemment rejetés si, par exemple, un groupe d’élèves tente d’y faire allusion…
Un bon élève est celui qui accepte le discours officiel et ne le conteste pas. Jamais il n’apprendra à penser par lui-même ou à envisager des hypothèses novatrices. Les élèves sont priés de mettre l’imagination et l’intuition au placard. De leur côté, les enseignants doivent avoir l’interdiction absolue, sous peine de sanctions graves, d’aborder d’autres thèmes que ceux qui figurent au programme. Ils ne sont pas autorisés non plus à proposer d’autres interprétations que ceux de la version officielle, ni de laisser les élèves aborder des sujets interdits.
Toute bonne éducation doit donc être une éducation rigoureuse, formatée et contrôlée par le pouvoir en place. Lorsque la religion a perdu son monopole sur l’éducation des enfants, elle a commencé à perdre son influence. C’est la raison pour laquelle tout pouvoir en place met toujours la priorité sur le contrôle de l’éducation. Il est important d’apprendre, dès le plus jeune âge, à répéter ce que l’on doit dire afin d’éviter toute improvisation dangereuse. Apprendre consiste, non pas à apprendre à penser par soi-même, mais au contraire à réciter la parole officielle.
Au sortir de l’école, le peuple doit être pris en main par une autorité relai, chargée de le divertir et de continuer à lui inculquer les thèses officielles. C’est le rôle des media que le pouvoir cherche toujours à contrôler. Le but d’un bon media consiste non pas à informer, mais essentiellement à exposer le point de vue officiel et à dire à chacun ce qu’il doit penser et ce qu’il peut dire. La pensée toute faite et le politiquement correct constituent la pierre angulaire des media efficaces. Pour échapper aux controverses inutiles, les media cherchent davantage à divertir qu’à éduquer. Le sport, les jeux et les divertissements doivent donc avoir une place prépondérante pour occuper les masses et leur éviter de penser à autre chose. Naturellement la société de consommation aime à se développer dans un tel environnement. Chacun achète ce qu’on lui dit d’acheter, pour faire comme tout le monde. Quelle harmonie ! « Du pain et des jeux », telle était déjà la devise des empereurs romains pour obtenir la docilité des foules!
Mais, dans toute société, il existe toujours des citoyens qui aiment les discussions et parfois même la polémique. Afin de canaliser ces esprits quelque peu frondeurs, il convient d’aborder des sujets vastes et anodins qui vont les occuper toute une saison. Par exemple la peine de mort, la prostitution, l’adoption ou même le mariage entre personnes du même sexe, constituent d’excellents thèmes de discussion pour divertir ceux qui aiment les sujets sans fin et sans bonne solution. Le pouvoir médiatico-politique doit avoir à sa disposition de tels sujets de sociétés afin de faire diversion lorsque cela devient nécessaire.
Malgré ces dispositions, il se peut que certains sujets ou groupes réfractaires cherchent malgré tout à
