542 – LE MONDE N’EST PAS CLOS

Comme nous l’avons vu dans notre précédente chronique, il n’est pas facile de vivre sereinement dans un monde qui serait dominé par l’absurde et dans lequel nous serions prisonniers des apparences trompeuses. Nous répondons ici au philosophe Alexandre Lacroix pour lequel, dans ce monde clos, l’amour et le bonheur ne sont que des illusions et la seule porte de sortie conduit vers le néant !…

La principale tâche de notre condition d’humain consiste probablement à prendre conscience de qui nous sommes, fruits à la fois de notre généalogie, de notre culture, de notre époque, des programmations culturelles et parentales, de nos rêves, de nos névroses et de nos talents. Ce projet d’introspection nous renvoie au fameux « connais-toi toi-même et tu connaitras l’univers et les dieux». Si nous voulons sortir de nos illusions, il convient en effet de balayer devant notre porte afin de mieux savoir qui nous sommes, de comprendre que nous sommes le jeu de nos névroses aussi bien que des pensées toutes faites de notre époque. Il s’agit d’un travail sur soi-même qui n’exclut pas de fouiller dans les arcanes de notre inconscient et de faire remonter vers la lumière des sédiments encombrants et des trésors cachés. Devenir plus humain, c’est d’abord élever son niveau de conscience afin de prendre sa vraie place dans la chaine du vivant, c’est la condition sine qua non pour ne pas être des robots que l’on manipule mais pour, au contraire, acquérir plus de responsabilité et plus de liberté.

Unknown-1 Disons-le tout de suite, le chemin vers l’élévation de la conscience est un travail de toute une vie, travail très personnel, afin d’acquérir une véritable individualité. Ce cheminement conduit tout d’abord à l’émerveillement face à la beauté de la nature, de la vie, du cosmos. De quelque façon que l’on regarde l’univers, avec l’œil du poète ou du scientifique, nous sommes frappés par la beauté. Il peut s’agir de la beauté d’une fleur, d’une nuit étoilée, d’un sourire, des lois de la physique dans l’infiniment petit comme dans l’infiniment grand, des merveilles du métabolisme du vivant ou bien encore des mystères de l’âme humaine… La beauté est partout et accessible à tous. Ce cheminement là n’est pas réservé à une élite, à des lettrés ou à des intellectuels patentés, pas besoin d’être philosophe…

Nous prenons conscience alors, que nous ne sommes pas seuls dans l’univers et que nous faisons partie intégrante d’une chaine ininterrompue, issue du big-bang initial. Chacun des atomes qui nous constituent sont tous issus de cette seconde primordiale et nous les partageons avec l’ensemble du cosmos. Le règne du vivant s’inscrit aussi dans un continuum qui fait que chaque espèce est issu d’une autre. Chacune de nos cellules porte en son sein toute l’histoire de la vie depuis son origine. Chaque être vivant a sa place et son rôle à jouer en interconnexion avec toutes les autres espèces. Au sein de ce réseau, les êtres humains, qui ont un niveau de conscience supérieur, ont un plus grand degré de liberté et de responsabilité. Ils ne sont pas mus que par leurs instincts, leurs émotions et leurs névroses, mais s’ils choisissent d’éveiller leurs consciences, ils peuvent décider de leur destin.

images C’est là que nous divergeons avec Alexandre Lacroix, il n’envisage pas l’homme libre, responsable de ses choix. Il ne croit ni en l’amour ni au bonheur, ces deux états qui précisément sont capables de transcender l’homme et l’élever au-dessus de sa condition. Il n’envisage l’amour que bref, limité au temps fugace de l’excitation sexuelle des débuts. De même, il affirme que « mieux vaut s’habituer à considérer le bonheur comme un passager clandestin de nos existences : il fera de brèves apparitions sur le pont, mais la plupart du temps, il se tiendra caché nul ne sait où ». Il envisage donc l’amour et le bonheur comme des lutins malicieux qui se jouent des humains et que nous attendons en vain. Il n’a pas compris que l’un et l’autre ne s’attendent pas de façon passive, que ce ne sont pas des êtres ou des choses que l’on possède mais des états que l’on construit au fil de la vie. En effet, l’état amoureux est fugace, mais l’amour qui lui succède doit être décidé, jour après jour. L’amour qui dure est un amour que nous avons choisi quotidiennement d’entretenir. Le bonheur est aussi un état d’esprit et un choix délibéré qu’il faut chérir et remercier avec patience. Rien n’est acquis, ni l’amour ni le bonheur, et c’est ce qui les rendent si précieux, mais ils sont l’un et l’autre le fruit d’un choix libre et conscient.

La vie est fragile, comme peut l’être la condition humaine et comme le sont l’amour et le bonheur. Les drames peuvent émailler l’existence et le bonheur n’est pas un long fleuve tranquille, à l’abri des tempêtes. Toutefois, lorsque l’on a compris que nous décidons de notre destin, nous pouvons aussi décider d’être anéanti par les épreuves ou bien de reconstruire nos vies.

La vie n’est pas absurde et nous ne sommes pas qu’un amas de cellules dans lesquelles les molécules s’entrechoquent au hasard. Au contraire, chacune de nos cellules portent en elle la mémoire de l’univers et de la chaine du vivant. Nous construisons notre vie afin d’éviter qu’elle ne soit le jouet des évènements extérieurs et des fluctuations du hasard. Elle a le sens que nous décidons de lui donner et nous sommes libres de décider qu’elle est absurde ! Mais, nous ne sommes pas des boules de billards irresponsables, mues par je ne sais quelle force, au contraire, nous sommes libres de nos choix, chaque jour, à chaque instant, nous décidons de nos pensées, de nos paroles et de nos actes.

Nous pouvons faire de notre vie une œuvre d’art si nous en décidons ainsi et quelles que soient les vicissitudes… En outre, nous faisons partie de l’âme du monde, partie d’un grand Tout, indissociable, dans lequel nous jouons notre partition d’homme libre, en fonction de nos talents. Nous sommes partie intégrante d’une longue lignée et nous sommes porteur d’un message à transmettre, nous sommes des passeurs d’homme. Après nous ce n’est pas le néant et grâce à nous la beauté de la vie continue. L’univers n’est pas nécessairement clos, il peut être grand ouvert, c’est à nous d’en décider…

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Un commentaire

  1. La conscience de ce que nous sommes ne passe-t’elle pas d’abord par la connaissance de notre monde ? Comme le dit très bien Yves , de l’infiniment petit à l’infiniment grand ,ce monde est prodigieusement beau et faire l’effort de mieux le connaitre , c’est aller au devant de grandes joies .

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