543 – LE NAIN DEVENU GEANT

 

La Suisse est un petit pays de 8 millions d’habitants, constitué en partie de hautes montagnes, coincé au milieu de l’Europe, sans débouché sur la mer et dépourvu de matières premières, sauf l’eau qui y est abondante. Ce petit pays est en outre handicapé par 3 langues officielles susceptibles de fragiliser sa cohésion. 

images-3 De ces faiblesses, les suisses ont fait une force et la nation naine est devenue un géant sur bien des plans. La Suisse occupe la première place mondiale en ce qui concerne le niveau de vie, l’innovation technologique, la productivité, le niveau de l’éducation, le rayonnement universitaire, la stabilité politique, l’équilibre budgétaire et même, les Suisses se paient le luxe d’avoir la plus longue espérance de vie ! Au milieu d’une Europe en pleine crise identitaire et démocratique, la Suisse apparaît comme un modèle et, malgré sa modestie, son rayonnement et son influence deviennent chaque jour plus grands. A titre d’exemple, la Suisse tient à bout de bras la valeur de l’Euro afin d’éviter qu’il ne s’effondre. La Banque Nationale Suisse a ainsi déjà acheté pour 400 milliards d’Euros qu’elle prête au gouvernement français !

Il est donc légitime de s’interroger sur les raisons de cet extraordinaire images-2succès car nous sommes convaincus que rien n’arrive par hasard et que chaque pays, tout comme chaque individu, est responsable de ses succès comme de ses échecs. Au premier rang des causes qui ont favorisé le pays, je mettrais en avant le système fédéral qui laisse aux 22 Cantons de la « Confédération Helvétique » une grande marge de manœuvre et d’autonomie. Chaque Canton a son propre Parlement et sa propre administration qui décide de son système d’enseignement et de sa fiscalité ainsi que de quantités d’autres problèmes concernant la vie de tous les jours. Il n’y a pas en Suisse une capitale omnipotente qui décide de tout et à laquelle il faut sans cesse référer et demander l’autorisation, même pour acheter un nouveau képi au garde champêtre ! Cette démocratie, très proche des citoyens, permet aussi une saine émulation entre les Cantons, en particulier dans le domaine fiscal. Un Canton trop dépensier verrait fuir sa population et son économie décliner au profit des Cantons voisins mieux gérés.

 L’autre grande particularité Suisse réside dans un système politique qui oblige au consensus entre les différents partis politiques. En effet, à tous les échelons de la démocratie, les principaux partis sont représentés au sein de l’exécutif et doivent gouverner ensemble. Toutes les décisions doivent donc faire l’objet de concessions de chacun afin d’arriver à un accord et de prendre des décisions consensuelles qui ne risquent pas d’être remises en cause par un prochain gouvernement, comme on peut l’observer en France ! Ceci aboutit donc à une grande stabilité politique et législative. Les lois et règlements ne changent pas chaque matin au gré des humeurs ou des combines politiques.

Le gouvernement Fédéral, qui siège à Berne, est constitué de 8 ministres seulement, issus des partis politiques en fonction de leur poids électoral. Les décisions sont donc collégiales, consensuelles, et elles obligent à la retenue chaque membre du gouvernement. Chaque année, un des 8 ministres devient, à tour de rôle, Président de la Confédération, attribut principalement protocolaire, et c’est lui qui représente la Suisse à l’étranger. Le pouvoir est donc peu personnalisé et cette pratique du consensus rend la vie politique beaucoup plus soft, elle interdit les insultes et les agressions verbales. Il n’y a pas un homme seul qui décide de tout et de n’importe quoi, qui décide de la paix ou de la guerre, qui décide de l’âge de la retraite, du nombre des fonctionnaires et qui, sur un coin de table, décide du découpage des régions comme on vient de le voir en France ! Les débats publics sont nécessairement plus courtois et plus civilisés, on s’écoute sans invective et avec respect ce qui permet des débats beaucoup plus constructifs, sans affrontement de bloc à bloc et sans sectarisme. L’énergie est orientée vers des prises de décisions efficaces et non sur des débats brutaux et stériles. Ce climat politique apaisé a des retombées très positives sur la vie quotidienne des citoyens, dénuée d’agressivité et de stress inutiles.

images-4 L’autre grande caractéristique de la vie politique Suisse réside dans le système dit de « démocratie directe ». Chaque commune, chaque Canton, et le gouvernement fédéral peuvent, à tout moment, soumettre au peuple un projet local ou national pour l’approuver ou le rejeter. En outre, le peuple a la liberté de soumettre au référendum une « Initiative Populaire », après avoir récolté le nombre suffisant de signatures. Par exemple, il y a quinze jours l’ensemble des cantons ont voté sur trois initiatives populaires. L’une proposait d’obliger la Banque Centrale à constituer un stock minimum d’or, l’autre, émanant des écologistes, proposait de strictement limiter l’immigration afin d’éviter une trop forte urbanisation et la dernière prévoyait de supprimer les forfaits fiscaux dont bénéficient les riches étrangers qui viennent s’installer en Suisse. Ces trois propositions ont été refusées, mais elles témoignent de la vitalité de la démocratie en Suisse.

Le peuple, qui ainsi est souvent consulté, ne peut se révolter. Il est inutile de faire grève, de défiler en hurlant dans les rues, de barrer les routes ou de se battre avec la police. Tout se règle par un vote. Pendant ce temps là les Suisses observent avec tristesse les français se battre, perdre leur temps et leur énergie sur un projet d’aéroport, de barrage ou de parc d’attraction ! Ils observent aussi le gouvernement incapable d’imposer des réformes indispensables sur la retraite, sur la fiscalité, sur le code du travail, alors qu’il serait si facile de demander au peuple de trancher ! La démocratie directe donne plus de liberté et plus de responsabilité.

Nous sommes persuadés que le succès de la Suisse repose en grande partie sur la démocratie directe, comme elle existe aussi à un degré moindre au USA. Il ne faut pas croire que le peuple est idiot et vote n’importe comment lorsqu’il est mis face à ses responsabilités. Les Suisses ont souvent voté contre des propositions démagogiques comme l’augmentation de la durée des congés ou sur l’âge de la retraite, par exemple. L’expérience a démontré que le peuple est beaucoup plus sage que ses représentants. En fin ce compte, il ne semble pas exagéré de dire que la Suisse a atteint le plus haut degré de civilisation, en comparaison de toutes les autres nations! 

La démocratie parlementaire incite à la surenchère démagogique et déresponsabilise les citoyens comme nous l’observons en ce moment en France. Le citoyen, déresponsabilisé, fait des caprices et demande l’impossible. Au contraire, la démocratie directe rend plus responsable et plus mature et elle évite les crispations et les blocages. Qu’est-ce qu’attendent les français pour exiger la démocratie directe et le fédéralisme?

N’hésitez pas à faire suivre cette chronique…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ne manquez pas les prochains articles

Un commentaire

Laisser un commentaire