545 – LES FAUX-MONNAYEURS

 

Vous ne l’avez peut-être pas vu, mais l’argent coule à flot ! Si vous n’êtes pas riche, c’est que vous n’êtes pas au bon endroit… Le bon endroit, c’est le plus près possible de la source, en connexion directe avec une Banque Centrale, là où les milliards sont fabriqués.

Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, chers lecteurs, mais en ce qui me concerne, je viens d’un monde ancien dans lequel « un sou est un sou » et aussi dans lequel « on ne peut avoir quelque chose en échange de rien ». Autrement dit, l’économie est basé sur l’échange : on obtient un bien en échange d’argent, on reçoit de l’argent en échange d’un travail ou de la vente d’un bien, l’épargne permet de réaliser des investissements pour des biens productifs créateurs de richesse. Selon nous, l’argent ou la richesse doivent s’appuyer sur quelque chose de réel, de très concret, un vrai travail, une vraie épargne, un investissement palpable, visible. Au niveau d’un individu, comme au niveau d’une nation, l’accroissement de richesse n’est possible que si les fruits du travail et des investissements sont supérieurs à la somme des dépenses.

Autant le dire tout de suite, ceux qui pensent encore comme cela sont ultra-minoritaires, ce qui ne veut pas dire qu’ils ont tort ! Qu’est-ce qui a changé ? Aujourd’hui, la pensée dominante est que l’économie est basée sur la consommation et pour mieux consommer il faut plus de crédit ; c’est-à-dire plus de dettes ! Je ne suis pas contre cette idée a priori, tant que le crédit permet d’investir pour un bien dont l’usage permettra de s’autofinancer. Un particulier s’endette pour acheter une maison, mais le financement sera assuré par l’économie d’un loyer. Une entreprise obtient un crédit pour financer une usine qui lui permettra de fabriquer des objets à moindre coût et pour lesquelles elle a une clientèle. Tout cela est parfaitement rentable et économiquement sain.

crise-2 La vie à crédit donne l’illusion de la facilité et le risque survient lorsque l’on se met à acheter au-delà de ses capacités de remboursement ou lorsque l’investissement s’avère moins rentable que prévu. C’est ce qui survint en 2008 aux USA, les champions du crédit facile, lorsque des millions d’américains se sont trouvés dans l’incapacité de rembourser leurs crédits hypothécaires et même, en fin de mois, d’honorer la charge de leur carte de crédit ! Le monde entier a pris peur et l’économie globale s’est contractée donnant naissance à ce que tout le monde dénomme « La Crise » ! Face à la gravité de la situation les Etats et les Banques Centrales avaient à choisir entre deux possibilités : soit laisser le marché appliquer les sanctions naturelles inéluctables, c’est-à-dire la faillite des banques qui avaient prêté abusivement, soit intervenir et truquer l’économie en « sauvant » les banques fautives. C’est cette seconde option qui fut retenue et, pour se faire, la Banque Fédérale américaine a créé les milliards de dollars suffisants. Tout fut si simple et sans douleur que toutes les Banques Centrales du monde se sont mises à imprimer de la monnaie en masse en créant cette impression de richesse.

Créer de la richesse à partir de rien est devenu le passe temps favori des Banques Centrales, aux USA, en Europe et au Japon. La FED a créé une richesse fictive de 4200 milliards de dollars, la BCE, quant à elle, n’a encore créé que 2000 milliards d’euros, mais elle a promis de faire sortir du néant 1000 milliards supplémentaires en 2015 ! Je suppose qu’avec tout cela vous devez vous sentir plus riche ? Non ? Mais où va tout cet argent s’il ne va pas dans votre poche ?

Les Banques Centrales, devenues faux monnayeurs, fabriquent de l’argent

Bloqué, au pied du mur... de la dette!
Bloqué, au pied du mur…
de la dette!

qu’elles prêtent aux banques à des taux ridiculement bas. Une partie de ces sommes inonde les marchés boursiers qui atteignent des sommets. Pour le reste, les banques prêtent aux gouvernements déficitaires, non pas pour investir mais seulement pour payer leurs fonctionnaires, payer les intérêts des dettes et combler les déficits structurels des systèmes de retraites et d’assurance maladie. Nous arrivons à cette étrange situation dans laquelle les gouvernements prétendent lutter contre l’excès de dettes en contractant de nouvelles dettes qui s’accumulent d’année en année. L’économie est truquée, la démocratie est pervertie et le peuple est berné… mais il ne le sait pas encore ! Bien d’autres pays ont déjà truqué l’économie, ce fut le cas en « Union Soviétique », et à chaque fois la ruine est au bout. Mais en attendant nous avons l’ivresse… profitons-en;

L’argent créé par les faux-monnayeurs ressemble à du vrai argent, mais il n’est appuyé sur rien derrière. Autrefois la monnaie était appuyée sur l’or, c’était du solide ! Elle pourrait être appuyée sur une économie saine, productive, créatrice de richesses, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ce nouvel argent créé à partir de rien est appuyé sur du vent, sur un monceau de dettes, sur des dépenses non-productives ! Jusqu’à quand peut durer l’illusion ? C’est là toute la question ! Actuellement lorsque la dette augmente de 5€ le PIB augmente de seulement 1€. Croyez-vous que cela peut encore durer longtemps ?

Il est facile de comprendre que l’on ne peut augmenter la dette si les capacités de remboursement n’augmentent pas. Or certains Etats empruntent chaque jour davantage alors que les entrées d’impôts sont au taquet ! Les paris sont ouverts pour savoir où les premiers craquements se feront sentir. Quel sera le premier pays à flancher et à suivre la trace de l’Argentine ou du Zimbabwe ? Je parierais volontiers sur le Japon qui, grâce à monsieur Abe, semble avoir une longueur d’avance. Il faut dire qu’il fait très fort ce Premier Ministre, populaire de surcroit, à lui seul il a sorti du néant la somme stratosphérique de 80 trillions de Yens ! Nous assisterons d’abord à l’effondrement de la monnaie puis à l’hyperinflation. Lorsque le Japon boira le bouillon, c’est-à-dire sera en cessation de paiement, les européens auront une idée de ce qui les attend… Si cela n’arrive pas, je suis prêt à manger mon chapeau !

Si Mr Abe réussi son pari...
Si Mr Abe réussi son pari…
... j'avale mon chapeau!
… j’avale mon chapeau!

Si j’étais premier ministre, dans l’un ou l’autre de ces beaux pays de cocagne, je jouerais le jeu jusqu’au bout et quitte à imprimer de l’argent, j’en ferais profiter ceux qui en ont besoin : je donnerais à chacun un « droit de tirage spécial » pour retirer chaque mois une somme équivalente à ce que la Banque Centrale a créé. Cela boosterait l’économie au lieu de booster les valeurs en bourse, c’est-à-dire enrichir les riches ! Cette belle initiative me rendrait, pour un temps, très populaire…

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