552 – ESPAGNE: L’ANNEE DE TOUS LES DANGERS

L’Espagne est au milieu du gué. Elle a franchi une partie du torrent, mais elle peut encore trébucher à tout moment et être emportée par les flots si elle relâche ses efforts.

La démagogie a toujours plus de succès!
La démagogie a toujours plus de succès!

 En 2015 l’Espagne sera soumise à une salve de consultations électorales qui peuvent faire basculer son destin sous les coups de boutoirs de Pablo Iglesias et de son parti « Podemos » que rien ne semble devoir arrêter. Dès le 22 Mars prochain auront lieu les élections autonomes d’Andalousie qui donneront le coup d’envoi qui risque, comme l’écrit l’hebdomadaire « Tiempo », de déboucher sur « un cycle qui pourrait changer l’histoire espagnole récente, commencée avec l’ouverture d’une période démocratique après la mort du général Franco, qui fut cristallisée par la constitution de 1978 et suivie par la meilleure période de paix et de prospérité que l’Espagne ait connu depuis deux siècles ». Le ton est donné, nous sommes dans le répertoire tragique. Suivront, au mois de Mai, les élections municipales et autonomes puis, en Septembre, les élections catalanes qui se prétendent déjà comme un plébiscite pour l’indépendance de la Catalogne. Puis l’année se terminera par les élections générales, considérées déjà comme les plus importantes depuis l’instauration de la démocratie ! C’est dans ce contexte à haut risque que, suivant le dernier sondage du début Février, Podemos serait dorénavant le premier parti espagnol en intentions de vote.

Pablo Iglesias et son équipe, issue de mouvement des « Indignados », imagessont pour l’essentiel de jeunes universitaires, professeurs d’économie politique. Ils sont intelligents et parfois même brillants, mais surtout ils savent brasser des idées et sont devenus maîtres en utopies. Ils n’ont en effet aucune expérience des réalités économiques et ne connaissent que les livres académiques. Ce sont des fonctionnaires dorlotés qui n’ont jamais été confrontés aux lois du marché et à la dure compétition internationale. Ils savent surtout grenouiller dans les milieux académiques qui actuellement leur offrent bien des faveurs, en espérant demain être récompensés si Podemos parvient au pouvoir. C’est ainsi que Pablo Iglésias, à 36 ans, vient d’être nommé Docteur Honoris Causa de l’Université de Madrid où il est dorénavant dispensé de cours !

Pablo Iglésias
Pablo Iglésias

 Podemos repose sur le charisme de Pablo Iglesias dont la verve enflamme toute la jeunesse espagnole. A la suite de l’élection d’Alexis Tsipras en Grèce, Podemos a voulu montrer sa force en organisant « la marcha del cambio » qui a réunie plusieurs dizaines de milliers de manifestants dans les rues de Madrid. Avec raison ils conspuent les partis politiques traditionnels, englués dans diverses affaires de corruption, et ils proposent de casser la baraque, sans trop savoir ce qu’il adviendra après. Globalement ils refusent l’austérité et les mesures d’économie ; mais que faire d’autre lorsque l’on a trop dépensé depuis si longtemps ? Ils veulent davantage d’Etat Providence qui est pourtant à l’origine de tous nos maux ! Disons-le de manière abrupte, l’austérité, aussi douloureuse soit-elle, est la seule solution si l’on veut éviter la ruine. Nous parlons ici de l’austérité au niveau des dépenses faramineuses des Etats super endettés, à cause d’une administration pléthorique et inefficace.

Les discours de Podemos sont des discours de lutte des classes, de rupture et de refus du consensus actuel. Selon eux, il faut aller à l’affrontement entre ceux d’en-haut et ceux d’en bas, entre les riches et les pauvres, entre la « caste » et ceux qui subissent les conséquences de la caste. Dans la bagarre, comme en Grèce, le parti socialiste risque d’être laminé, coincé entre la droite au pouvoir et Podemos qui a avalé son électorat. Tout va se jouer dans la capacité du gouvernement actuel de mettre en valeur l’efficacité de son programme économique qui commence à porter ses fruits. D’ailleurs, dores et déjà, le gouvernement cible ses attaques sur Podemos et vice versa, comme si le parti socialiste était désormais hors jeu !…

Mais le plus dangereux pour l’avenir de l’Europe, c’est le discours souverainiste tenu à la fois par Pablo Iglésias, par Alexis Tsipras, par Marine le Pen et par Nigel Farage en Grande-Bretagne. L’extrême gauche et l’extrême droite tiennent le même discours. Ils prétendent vouloir rester dans l’Union mais ils veulent la vider de sa substance et « récupérer du pouvoir sur Brussel et sur Francfort ». C’est un mensonge de prétendre que la souveraineté permettra de résoudre les problèmes économiques et c’est tromper les citoyens. A moins de fermer ses frontières et de prendre modèle sur la Corée du Nord, il n’y a pas d’alternative aujourd’hui à une Europe plus fédérale, sauf à préférer son petit pouvoir local au détriment du bien-être des citoyens.

Ce qui va se passer en Espagne cette année concerne toute l’Europe et son existence même. Le programme de Podemos, comme celui du nouveau gouvernement Grec, est incompatible avec l’Europe, sauf si les autres pays sont prêts à financer ad vitam aeternam les dérives budgétaires en perspective. Je ne vous ai jamais caché que l’année 2015 sera celle de tous les dangers et l’incertitude espagnole n’en constitue qu’un des aspects.

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