574 – TROIS QUESTIONS SUR L’AVENIR DE LA GRECE

Nous ne sommes encore qu’au premier acte de la tragédie grecque. Après un apport de 300 milliards d’euros et six plans d’austérité en quatre ans la Grèce continue de s’enfoncer malgré les 85 milliards qui viennent de lui être promis, sans que personne ne sache d’où va venir l’argent, sans doute de votre poche! Il serait temps de comprendre ce qui se passe en posant trois questions fondamentales :

  • Comment le pays en est-il arrivé là où il est ?

Rien n’arrive jamais par hasard. La Grèce est ruinée parce que des générations de politiciens, de droite comme de gauche, pratiquent le clientélisme, c’est-à-dire qu’ils distribuent plus d’argent qu’ils en ont afin d’être élus. Ils misent sur la crédulité du bon peuple et doivent emprunter l’argent qu’ils distribuent sous forme de multiples prestations et assistanats.

images Après plusieurs années de budgets déficitaires et de comptes maquillés pour intégrer la zone euros, la Grèce ne pouvait plus maintenir son train de vie sans un besoin d’aides extérieures répétées. Par faiblesse coupable, les politiciens européens qui pratiquent la même politique que les Grecs ont voulu continuer à subventionner la Grèce à fonds perdus.

Mais le paiement des intérêts de la dette a accentué les difficultés financières et il a fallu faire des économies et parler d’austérité. Cependant, les peuples habitués aux subventions ne veulent pas entendre parler d’austérité car ils croient que tout peut continuer comme avant ! C’est ainsi qu’Alexis Tsipras a été élu facilement avec cette promesse trompeuse que la décision de faire des économies était une exigence outrancière des affreux financiers et capitalistes étrangers. Mais on ne peut pas tricher indéfiniment sans être rattrapé par la réalité.

  • Quelles étaient les solutions possibles ?

La première solution consistait à continuer à subventionner la Grèce à Grexit-Pareshla condition d’un vrai plan d’économie et de réformes indispensables dans ce pays où subsistent tant d’archaïsmes. Bien entendu le plan d’austérité doit être d’autant plus sévère que le déficit est important. La douleur est apparue insupportable au peuple Grec qui l’a refusée par référendum. Bien entendu ce refus aurait dû être suivi d’une sortie de la Grèce de la zone euro.

Hélas, les politiciens européens ont réussi à faire avaler aux pauvres Grecs une pilule encore plus amère en les gardant dans la zone euro. Contrairement à ce qu’ils font croire, il ne s’agit pas d’un geste de solidarité ! Plus simplement, ils craignaient un défaut de paiement d’Athènes signifiant une charge supplémentaire à inscrire dans les comptes des états européens. C’était plus de 50 milliards de perte pour la France ! Tandis que sans défaut de paiement la même somme reste inscrite dans le poste « dettes à recevoir », c’est-à-dire sous forme de créance. Cet artifice est tout à fait hypocrite car chacun sait que la Grèce ne remboursera jamais ! Comme à l’habitude les politiciens repoussent le problème à plus tard, ils l’aggravent et pour cela choisissent d ‘augmenter encore la dette de la Grèce de 83 milliards d’euros !… Le contraire du bon sens.

La deuxième solution consistait à laisser la Grèce quitter la zone euro en ne remboursant pas ses dettes et en allégeant ainsi sa charge de plus de 300 milliards. Le pays aurait pris une nouvelle monnaie fortement dévaluée et progressivement pouvait sortir la tête hors de l’eau. Les touristes auraient afflués en masse, attirés par des prix bas, l’économie pouvait redevenir compétitive, et les budgets auraient été équilibrés puisque la Grèce n’aurait pas eu la possibilité d’emprunter sur les marchés. C’était la voie de la sagesse et du bon sens, la seule chance pour le pays de s’en sortir économiquement et un lourd fardeau de moins pour le reste de l’Europe qui aurait pu repartir de l’avant.

  • Quel avenir et quelles leçons à retenir?

La solution choisie est probablement la pire de ce que l’on pouvait imaginer. La Grèce va continuer à creuser ses déficits et à vivre au-dessus de ses moyens. En effet la Grèce n’a pas les moyens de rester dans la zone euro. C’est une aberration économique, comme celui qui côtoie les riches et qui se ruine en voulant vivre sur le même pied, par pure prétention. De la même façon, il y a quelques années, l’Argentine avait voulu arrimer le Peso au dollar US… la faillite et la ruine totale les attendaient au bout du chemin.

La tragédie Grecque n’est donc pas terminée, elle va se poursuivre, à chaque fois plus dramatique. Il faudra à nouveau la renflouer, dans six mois, dans un an, jusqu’à ce qu’elle soit ruinée totalement et finisse par quitter l’euro, s’il existe encore. Cet acharnement thérapeutique rendra l’agonie encore plus douloureuse !

Comme l’écrivait Bill Bonner sur la Chronique Agora  depuis Athènes: « On ne peut pas accuser les Grecs d’être idiots. Ils sont parfaitement contents de prendre l’argent des Européens du nord — qu’il s’agisse de touristes ou de banquiers. Pour eux, c’est la même chose. Ils ont un système de retraite en Grèce qui fait que si l’on occupe un emploi considéré comme ‘dangereux’, on peut prendre sa retraite complète lorsqu’on a seulement 53 ans. Et devinez ce qui est considéré comme ‘dangereux’ ? Toutes sortes de choses… y compris être coiffeur. En plus, ils reçoivent tant d’argent qu’on a déjà vu trois générations d’une même famille vivant toutes sur une seule pension de retraite”.

Avant-hier, les coiffeurs au chômage et les petits zombies locaux se sont rassemblés sur la place Syntagma pour montrer leur insatisfaction vis-à-vis de Tsipras et de son gouvernement. Ils disaient qu’il les avait vendus à Bruxelles ».

Ceux qui croient encore que l’on peut sortir du désendettement sans douleur, ceux qui écoutent les promesses mensongères des politiciens qui veulent être élus, ceux qui refusent l’austérité, peuvent méditer longuement sur le cas Grec. Quel sera le prochain pays sur la liste des faillites ? L’Italie ou la France ? Ils sont au coude à coude. On peut seulement espérer que cette leçon éloigne les électeurs des idéologues extrémistes comme « Podemos » aux prochaines élections générales à la fin de l’année en Espagne.

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