Nous disons souvent que les peuples européens ont trop pris l’habitude de l’assistanat, de la prise en charge et de l’irresponsabilité. Les systèmes de santé en vigueur dans certains pays illustrent parfaitement ce propos. Et tout se passe comme si les européens étaient devenus un peuple d’hypochondriaques frileux !
Une vraie politique de santé doit être basée avant tout sur la prévention, à ne pas confondre avec le dépistage qui n’est qu’une recherche de nouveaux clients pour le plus grand bienfait des professionnels de santé. Dans une société saine, la maladie doit être une exception et le recours aux médecins devrait être exceptionnel au cours d’une vie ! J’ai déjà expliqué dans divers livres et chroniques qu’il serait très facile d’éviter au minimum les trois quarts de nos maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’hypertension et le cancer.
La première étape d’une politique de prévention passe par l’information. Une telle politique s’est révélée extrêmement efficace dans le domaine de la prévention routière, il suffit d’utiliser la même technique pour la prévention de la santé, mais elle se heurte aux lobbies médicaux qui ne veulent pas que qui que ce soit mette son nez dans un business aussi lucratif. Aujourd’hui, les budgets de santé sont supérieurs aux budgets des Etats ! Ainsi en France les prestations sociales sont supérieures aux recettes de l’Etat à hauteur de 100 milliards d’euros ! C’est tout à fait extravagant !
Il faut viser en priorité l’utilisation de substances nocives comme les drogues, l’alcool et le tabac. Un récent rapport vient de montrer qu’en France cette consommation génère une dépense de 250 milliards d’euros ! Ainsi, les taxes sur l’alcool ne couvrent que le tiers des frais de santé occasionnés par la consommation abusive d’alcool. Il est aberrant que des pays qui se prétendent civilisés laissent les jeunes fumer quand on connaît les effets dramatiques à long terme. Comment des adultes qui se prétendent éduqués peuvent-ils continuer à fumer ? Il est donc nécessaire d’agir sur trois fronts : informer des dangers de façon plus intense, augmenter les taxes sur le tabac de façon drastique, et il convient aussi que la société soit moins permissive sur la consommation d’alcool et de tabac chez les jeunes.
Dans un autre volet, il est nécessaire de faire de larges campagnes d’information pour éduquer le public vers une meilleure alimentation qui se trouve à la base d’une bonne santé. A chaque repas nous construisons et réparons notre corps, notre nourriture a une influence prépondérante sur notre santé. Il est pratiquement impossible de rester durablement en bonne santé en conservant une mauvaise hygiène de vie. Les bases d’une alimentation saine sont bien connues et très faciles à mettre en œuvre : globalement il faut manger moins, peu de viande et de graisses animales, beaucoup de légumes de culture biologique, du poisson, du soja sous forme de tofu, du pain complet bio, de l’huile d’olive, des fruits. Par ailleurs il faut proscrire les boissons récréatives qui contiennent du sucre (genre coca ou autres) et éviter toutes les viennoiseries et tout ce qui est sucré en général. Le sucre est l’ennemi numéro un ! Regardez attentivement les étiquettes avant d’acheter et refusez tout ce qui contient plus de 10% de glucose, dextrose, saccharose, fructose, sucre de maïs, amidon modifié…
La pratique régulière d’une heure quotidienne d’activité physique adaptée à son âge constitue le dernier volet d’une prévention efficace. L’application de ce qui précède, faite avec bon sens, éloignera le risque de maladie pour la grande majorité de la population, y compris les maladies dégénératives liées à l’âge comme la maladie d’Alzheimer qui est un fléau tout à fait possible d’éviter. Pour vous en persuader, vous pourrez tirer profit du livre que j’ai écrit et intitulé : «Rester jeune et en bonne santé ».
La dernière étape d’une politique de santé doit reposer sur une refonte totale des systèmes d’assurance maladie. A l’origine, ces systèmes de protection sociale ont été conçus pour permettre à chacun de faire face à des dépenses de santé extraordinaires qu’un budget de ménage ne peut pas supporter. C’est le cas des maladies graves et invalidantes, des opérations chirurgicales et autres incapacités. Mais au fil des années, les gouvernements ont fait des promesses démagogiques de remboursement tout azimut, pour tout et n’importe quoi. La palme en la matière revient à la France où les budgets de santé sont hors de tout contrôle avec un déficit de l’ordre de 13 milliards d’euros par an. En France, il est possible de consulter un médecin une ou plusieurs fois par semaine, c’est devenu le passe temps favori des retraités qui s’ennuient, il est aussi possible de collectionner les ordonnances et de fréquenter assidument le pharmacien sans qu’il soit même nécessaire de débourser un centime. Ce système fou ne peut pas durer et va s’écrouler…
Il convient donc de remettre bon ordre dans les critères de remboursement et surtout commencer à responsabiliser les patients et les médecins. Le plus facile est de responsabiliser les patients. Pour cela il suffit de prévoir, d’une part, une franchise annuelle au de ça de laquelle il n’y a pas de remboursement et, d’autre part, un pourcentage incompressible qui reste à la charge du patient. Ces mesures qui ont déjà cours en Suisse ont pour effet de dissuader les soins et consultations inutiles.
Afin d’éviter les doublons dans les analyses et examens, ainsi que les ordonnances qui émanent de plusieurs prescripteurs à la fois, il est impératif que chacun dispose de son propre dossier médical informatisé et que chaque médecin doit consulter avant de recevoir un patient. Ces mesures sont simples à mettre en œuvre et permettront à la fois de faire d’énormes économies et aussi de mieux protéger la santé des patients.
En résumé, une bonne politique de santé passe d’abord par de vastes campagnes d’informations, par une prévention active au niveau de l’hygiène de vie des citoyens et, enfin, par une grande responsabilité au niveau des dépenses de santé. Ces trois volets sont aujourd’hui presque complètement absents des politiques de santé de nombreux pays. Il n’est plus possible que les dépenses de santé continuent d’augmenter plus vite que le revenu national !… La maladie n’est pas inéluctable, il faut apprendre à s’en prémunir.
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La semaine prochaine nous aborderons « La politique Fiscale ».