L’agriculture européenne a besoin d’être protégée car elle symbolise la terre qui nous porte, parce qu’elle nous nourrit et parce qu’elle fait partie de notre environnement.

L’agriculture européenne se caractérise par de petites exploitations familiales qui pratiquent une agriculture intensive, très technique, très fine, de qualité, avec un minimum de respect pour l’environnement. Malgré des rendements élevés, cette agriculture là a des difficultés à affronter la concurrence d’une agriculture extensive, de plus faible qualité et qui exploitent des superficies énormes, de type industriel, comme aux USA. Si l’Europe veut conserver un minimum de sa qualité de vie et de ses aliments, si elle veut continuer à préserver et à entretenir son environnement rural, et en même temps protéger sa santé, elle doit impérativement se protéger vis à vis des produits émanant de l’agriculture extensive. Sinon, dans une génération, l’Europe sera en friche, dépendant de l’extérieur pour se nourrir, avec des produits industriels.
Les pays européens ont déjà fort à faire avec la concurrence intra-
communautaire, sans avoir besoin d’être soumis aux aléas des spéculations financières sur les prix des matières premières agricoles au niveau mondial. Ils doivent pour cela moderniser les exploitations, envisager des regroupements, des mises en commun de certains matériels, etc. Mais la survie de l’agriculture européenne nécessite, d’une part, la création de valeur ajoutée et, d’autre part, le développement de labels spécifiques sur le terroir, sur la qualité, sur le mode de production. La sauvegarde que nous envisageons ne doit pas être passive, comme un camp retranché, mais dynamique, active, tournée vers l’extérieur.
La valeur ajoutée repose sur une politique de transformation des produits agricoles en produits prêts à consommer. C’est bien d’élever des porcs, mais c’est mieux d’en faire du jambon et du saucisson. C’est bien de produire du blé, mais c’est mieux d’en faire du pain ou des biscuits. C’est bien de produire du lait, mais c’est mieux d’en faire des yaourts ou des desserts. Actuellement, cette valeur ajoutée est réalisée par de grands groupes de l’industrie agro-alimentaire, mais les paysans n’y sont pas associés. De ce fait, les paysans sont sous la pression des industriels dans des négociations déséquilibrées et doivent vendre à des prix trop bas pour survivre convenablement.
Il est donc nécessaire d’imaginer des groupements d’agriculteurs qui développent des produits alimentaires innovants à partir de leur production agricole. Ceci pourrait se faire par l’intermédiaire de coopératives qui reversent aux agriculteurs actionnaires une partie des bénéfices sous forme de dividendes. De telles structures nécessitent au démarrage des investissements importants qui peuvent provenir du gouvernement ou des fonds européens. Mais il s’agirait d’investissements d’avenir et rentables et non pas de subventions à fond perdu, comme actuellement, pour venir en aide ponctuellement aux agriculteurs.
Le deuxième volet proposé repose sur le développement de labels de qualité, comme il en existe déjà quelques uns : les poulets fermiers de Loué ou le boeuf du charolais. Mais c’est l’exemple du vin qui donne la meilleure idée de ce qu’il faudrait faire. Si l’on prend cet exemple français, il pourrait être décliné pour la totalité de l’agriculture française qui est bien placée pour développer cette notion fondamentale de qualité et de spécificité. Pour atteindre ce but il faut définir des critères de qualité et les mettre en avant par de vastes campagnes de marketing associant agriculture et gastronomie fine.

Nous proposons, par exemple, que l’agriculture française dans son ensemble se spécialise dans la petite exploitation à taille humaine, dans l’agriculture biologique, dans la permaculture pour les maraichers, c’est-à-dire dans une agriculture de main d’œuvre hautement qualifiée (Relire chronique 536 “la nouvelle révolution agricole). Ce type d’agriculture est capable de produire des produits de haute qualité gustative et nutritionnelle, sans pesticides et herbicides. En outre, elle nécessite une main d’œuvre importante susceptible de résorber une partie du chômage et même d’employer un certain nombre de réfugiés qui vont affluer dans les années qui viennent. Bien sûr, c’est une agriculture de pays riche pour une clientèle éduquée à laquelle il faut expliquer les bienfaits pour la santé.
Il existe un marché grandissant pour des produits de qualité et certains sont prêts à mettre cher pour de tels produits, encore que la différence n’est actuellement pas si grande entre le prix des légumes de haute qualité, achetés dans une Coop bio, et des légumes standards qui, après avoir été aspergés de conservateurs, ont voyagé deux jours et deux nuits avant d’être sur une étale. Comment se fait-il, par exemple, que la France soit obligée d’importer la majorité de ses légumes et fruits bios qui sont produits en quantité très insuffisante sur son territoire ?
Du point de vue marketing, il faut prendre modèle sur l’industrie

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