594 – PLAIDOYER POUR LES VALEURS EUROPEENNES

 

Malgré ses débuts prometteurs, près de 60 ans après sa fondation, l’Europe ne parvient pas à fleurir et elle risque aujourd’hui de se flétrir avant que d’éclore, comme nous l’avons vu dans notre précédente chronique.

images Comme une fleur mal nourrie ou manquant de soleil, l’Europe a végété, il lui a manqué l’énergie pour traverser les couches stratifiées de son histoire, pour grandir malgré son douloureux passé et s’élancer vers le ciel. Quel élan, quel dynamisme, quelle énergie lui a fait défaut ? Ses fondations n’étaient-elles pas assez solides ? Son dessein était-il utopique ou indécis ? Lors d’une conférence à Berne en 1949, le prix Nobel Eugenio Montale s’interrogeait en ces termes : « Où est l’esprit européen ? Dans le rationalisme ? Dans le christianisme ? Dans la démocratie parlementaire ? Dans l’humanisme ? Dans la technique ? Dans un certain mélange des sensibilités latine et germanique ? Il est difficile de le dire aujourd’hui. L’Europe vit encore comme une saveur, saveur que connaissent bien ceux qui l’ont quittée, plus que comme une synthèse unitaire de caractéristiques. Et vit naturellement comme un immense marché, comme un grand terrain de conquête ». Hélas, ce questionnement est toujours d’actualité et l’Europe se résume toujours à un marché et un terrain de conquête, c’est-à-dire une entité dont chacun veut tirer profit !

Récemment, une politicienne française, dont j’ai oublié le nom, s’est attiré les foudres de la meute médiatique pour avoir dit : « L’origine de la France est judéo-chrétienne et de race blanche ». Je regarde la France depuis l’étranger et c’est sans doute cet éloignement qui m’empêche de comprendre cette lapidation médiatique, face à une phrase que je trouve d’une banalité et d’une vérité difficilement discutable. Il m’avait toujours paru évident que la France a toujours été très majoritairement constituée d’un mélange de peuples européens de race blanche, celtes, gaulois, francs, alamans, normands, ibères, et sans doute quelque autres… J’ai dû manquer un épisode, et je ne sais pas ce qui pourrait m’arriver si, en France, j’affirmais que les japonais ont les yeux bridés ou que le Mali est musulman et de race noire ! Non seulement la France puise ses racines dans le judéo-christianisme, mais l’Europe entière, l’Europe de Charlemagne dont nous sommes les fiers héritiers. Je ne sais pas si je pourrais également mentionner que l’Europe est aussi l’héritière de la civilisation gréco-romaine, sans laquelle nous ne serions pas grand-chose.

La république laïque m’interdit sans doute de dire que la chrétienté, malgré ses excès et parfois ses exactions, porta pendant des siècles l’art et la culture ? C’est elle qui façonna la France, défricha les forêts, démocratisa les méthodes modernes d’agriculture et éduqua les citoyens. Toute notre culture, nos coutumes, nos fêtes et nos lois sont imbibées par le judéo-christianisme, que cela plaise ou que cela déplaise. Non seulement cette constatation n’enlève rien aux nouveaux arrivants, qu’ils viennent d’Afrique ou d’ailleurs, mais c’est pour cela qu’ils viennent et ils s’en réjouissent. Je crois qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans cette douce France. Je la savais sur le déclin, décalée et en perte de vitesse, mais je ne la savais pas gâteuse !…

images-1 « Let Europe arise ! » s’est exclamé Winston Churchill à l’université de Zurich en 1946. Il ajoutait, « ce continent est le berceau du christianisme, mais aussi de la plus grande partie de la culture, des arts, de la philosophie et de la science ». Il poursuivit en ajoutant : « Il faut recréer la famille européenne de telle sorte qu’elle puisse se développer dans la paix, la sécurité et la liberté. Pourquoi n’y aurait-il pas un groupement européen qui donnerait, à des peuples éloignés les uns des autres, le sentiment d’un patriotisme plus large et d’une sorte de nationalité commune ? ».

Il est clair maintenant que ce qui a le plus handicapé l’Union Européenne, c’est précisément d’avoir gommé ses racines, ses origines, ses valeurs fondatrices, son histoire. Oui, l’Europe est à la fois celle des Lumières, celle des croisades, celle de la Renaissance, celle du colonialisme, celle de la démocratie, celle des horreurs des guerres, celle d’une culture millénaire qui a rayonné sur tous les continents, celle de l’inquisition et du totalitarisme, celle de la chrétienté, pour le meilleur et pour le pire ! Lors de ses fondements, en 1957, l’Europe n’a pas voulu mentionner ses valeurs chrétiennes, dont elle est pourtant issue, et qui furent le terreau qui l’a nourrie pendant 20 siècles. Elles furent aussi la lumière qui lui a permis de ne pas perdre courage lors des heures sombres qu’elle a traversé. Il n’y a pas besoin d’être chrétien pour le reconnaître, pas plus qu’il n’est nécessaire d’être musulman pour reconnaître que cette religion a façonné et nourri le monde arabe.

L’Europe est orpheline de ses valeurs, elle ne parvient pas à grandir et n’y parviendra sans doute jamais si elle n’accepte pas de puiser ses forces dans cette lumière et cet humus fécondants. Elle s’est mise à l’ombre de l’Amérique et ce n’est pas en s’abritant derrière la notion stérile de république laïque qu’elle trouvera les forces pour s’épanouir et pour fleurir.

Quel est le dessein de ceux qui, aujourd’hui, combattent avec tant d’acharnement et de haine les valeurs qui sont le terreau de l’Europe ? Ils confisquent la parole de ceux qui respectent ces valeurs fondatrices et les pourchassent de leurs diatribes cyniques.

L’Europe est malade parce qu’elle a perdu la foi en elle-même et en son peuple. Elle est en perte de sens et n’avance plus parce qu’elle ne sait plus où aller. Une Europe sans valeur est une Europe sans vision et donc sans avenir. Elle n’est plus qu’un « marché et un terrain de conquête », objet de toutes les convoitises…

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2 commentaires

  1. Les peuples de l’Europe ne sont plus ou pas suffisament écoutés par ses élus, la sève ne passe plus: pour jouïr de la fleur il faut semer la graine et cultiver le bourgeon

  2. Bonjour Yves;

    Autant je n’étais pas d’accord avec ton article du 23 novembre intitulé” Terrorisme « made in France »”, autant je suis parfaitement d’accord avec ton article d’aujourd’hui intitulé “Plaidoyer pour les valeurs européennes.”

    En effet ton premier article rend responsable la classe politique française des horribles événements du 13 novembre en parlant de guerre civile, alors qu’il s’agit à mon sens d’un phénomène beaucoup plus large qui est loin de ne concerner que la France et qui, par conséquent, n’a pas grand-chose à voir avec les défauts au demeurant bien réels de notre monde politique français; d’autre part, tu reproches au gouvernement français de ne pas avoir décidé d’embargo sur le pétrole de l’État islamique: mais comment diable, sauf à être redondant, veux-tu déclarer illicite un trafic qui l’est déjà? En effet on ne peut déclarer un embargo que sur un commerce régulier.

    Mais ce n’est pas le propos d’aujourd’hui. En effet,ce que tu écris dans ton article sur l’Europe me parait incontestable sur le fond: on ne peut en effet nier que les origines de la France sont judéo-chrétiennes , que notre pays a subi plus d’influence de ses voisins limitrophes que de la Chine ou du Moyen-Orient, et que la pigmentation de la peau des autochtones est blanches. Tout ceci étant indéniable il convient à mon sens davantage de s’appesantir non pas là-dessus ,mais sur le simple fait que de communiquer une affirmation incontestable provoque néanmoins une émotion proche de l’hystérie. Pourquoi ?

    Tout simplement parce que la valeur d’une affirmation dépend beaucoup plus de la façon dont est perçu celui qui la donne, ainsi que du contexte dans lequel elle est effectuée, que de sa pertinence. En effet l’inénarrable Nadine M*** (comme on disait dans les romans libertins du XVIIIe siècle) dit ,dans un style lapidaire très personnel, à peu près la même chose que le vieux Winston; seulement voilà:

    Ce dernier dans le discours auquel tu fais allusion : – Venais de gagner une guerre mondiale ; – Parlait devant les Nations unies ; – Et surtout,était Winston Churchill. Bref il aurait pu dire que les poules avaient des dents, tout le monde aurait applaudi…. dans l’occurrence qui nous intéresse, en plus il disait la vérité!

    Alors qu’on est bien obligés de reconnaître, que notre malheureuse M***, et ce sans vouloir le moins du monde être désagréable à son endroit: – tenait ces propos dans un bistrot, au fond d’une obscure permanence d’un parti politique, ou dans une réunion de gens (presque tous ) convaincus; – avec la volonté d’être polémique et non pas rassembleuse; – Enfin et surtout, elle n’est que M***. En effet, au milieu du Panthéon que tu évoques, à savoir Charlemagne et Winston Churchill, le moins qu’on puisse dire est tout de même qu’elle dépare un peu, même si ses propos ,pris à la lettre, sont parfaitement incontestables.

    Ceci constitue, par nature même ,la limite du discours politique et un des grands drames de la démocratie; elle est même la limite du discours en général. Les experts en communication qui sévissent dans les entreprises nous enseignent en effet que notre posture, le ton et le débit de notre parole, ainsi que notre gestuelle ont beaucoup plus d’importance que le discours lui-même ; le contexte prime sur le texte et dans” contexte” il n’y a pas que texte!

    Bref ,le problème est culturel , et peut-être même plus, car universel ; si on ajoute à cela la mode , déjà ancienne, du politiquement correct, il est insoluble!

    Bon Noël quand même!

    Dominique BRIANCHON.

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