L’arrivée massive d’immigrés d’origine musulmane en Europe pose le problème du choc des cultures. Les risques d’incompréhension mutuelle sont nombreux, en particulier sur le plan de la religion, fondement culturel des civilisations. Mais l’image de la femme dans les deux cultures peut conduire à des débordements graves, comme ce qui s’est passé au début de l’année à Cologne.
Il serait naïf de croire que l’intégration de centaines de milliers de réfugiés, en provenance du Moyen-Orient ou d’Afrique du nord, pourrait se faire aussi naturellement que l’insertion des populations du sud de l’Europe lorsqu’elles ont migré vers le nord, aux alentours des années 70 ! Les populations européennes, malgré une diversité de langues et une diversité économique, partagent les mêmes valeurs fondamentales dont le socle est la religion chrétienne.
N’en déplaise aux bonnes âmes, la bureaucratie et les bonnes intentions ne suffiront donc pas, il ne suffira pas de donner des papiers, un foyer d’accueil collectif, voire même un travail, ce qui est plus improbable, pour que l’accueil soit réussi. Il faut bien se mettre dans la tête que le réfugié a tout perdu, qu’il est un traumatisé, et que la seule chose qui lui reste c’est sa culture, son âme, qu’il défendra avec la détermination du désespoir.
« Le rapport à la femme est le nœud gordien dans le monde d’Allah » écrit Kamel Daoud, écrivain d’origine algérienne qui ajoute : « La femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée… A qui appartint le corps de la femme ? A sa nation, sa famille, son mari, son frère ainé, son père et à l’Etat… à tous et à tout le monde, sauf à elle-même ». Puis, Kamel Daoud enfonce le clou avec ces paroles fortes: « Le corps de la femme est le lieu où elle perd sa possession et son identité… une femme est femme pour tous sauf pour elle-même ». Telle serait l’image de la femme musulmane dans l’inconscient collectif de l’homme musulman, à la fois sacralité, mais sans respect de la personne.

La femme occidentale, au contraire, revendique la pleine possession de son corps, parfois même de façon outrancière et provocatrice, à la manière des féministes ou des femen. « Mon corps m’appartient », ce slogan des années 70 en faveur de l’avortement traduisait une revendication fondamentale d’émancipation et de liberté sexuelle. Ce mouvement s’est amplifié au point que le corps de la femme s’est exposé, urbi et orbi, dans les media, au cinéma, à la télévision, dans la publicité et dans la mode, comme l’objet des désirs et des fantasmes masculins. La femme est devenue exhibitionniste et sexy, érotisée à l’extrême, objet érotique, au point que parfois elle ne s’appartient plus en tant que sujet. Telle est en tout cas l’image que cela véhicule dans l’imaginaire du monde musulman. La femme est perçue pour ce que l’on en voit au cinéma ou dans la publicité, un objet sexuel que l’on peut posséder à sa guise.

Merci pour ce propos nuancé, capable de recul à la fois sur notre civilisation occidentale et la civilisation musulmane. Je ne lis que trop peu ces efforts de nuance pour tracer une voie robuste du bien vivre ensemble.