606 – TOUR D’HORIZON EUROPEEN

 

La situation en Europe continue d’être extrêmement préoccupante et l’année 2016 pourrait signer le début de la fin. Nous avons déjà abordé ce sujet récemment (chronique 596), mais les graves évènements actuels nous obligent d’y revenir et à lancer un nouveau cri d’alarme.

images Comme nous l’avions annoncé, la Grande Bretagne, grâce à son chantage, a obtenu tout ce qu’elle souhaitait de ses partenaires européens et dispose dorénavant d’une position privilégiée qui lui permet d’accepter ce qui l’avantage et de refuser ce qu’elle considère contre ses intérêts (chronique 603). Pas besoin de dire que ces dispositions fragilisent encore plus la cohésion européenne ! Malgré ces avantages sur-mesure, les Anglais pourraient néanmoins voter pour la sortie de l’Union lors du prochain référendum. Les media font un psychodrame de cette hypothèse à laquelle nous ne croyons pas car les Anglais sont pragmatiques. En fait, une sortie pourrait permettre un nouvel élan pour la Communauté Européenne ainsi débarrassée de son élément le plus hostile et le moins fiable. Il est bien préférable de couper un membre pourri avant que la gangrène n’envahisse tout l’organisme. Mais il faudrait pour cela un vrai leadership franco-allemand qui fasse preuve d’autorité, mais la médiocrité du gouvernement français interdit toute initiative.

La situation en Espagne, où nous sommes actuellement, est elle aussi

Albert Rivera (Ciudadanos) Pedro Sanchez (PS)
Albert Rivera (Ciudadanos)
Pedro Sanchez (PS)

préoccupante. Après le vote du 20 Septembre l’Espagne n’a toujours pas de gouvernement car les partis politiques se déchirent entre eux et ne parviennent pas à trouver une majorité pour gouverner. Le rôle néfaste des partis politiques illustre à merveille l’impasse dans laquelle se trouvent nombre de démocraties parlementaires. Chacun se bat de façon égotique et la lutte pour le pouvoir fait rage. L’intérêt du pays est passé sous silence. Le grand danger qui guette l’Espagne serait une coalition entre les socialistes et le parti extrémiste « Podemos » dont le programme fait froid dans le dos, tant ses promesses sont démagogiques, irréalistes et dangereuses. Néanmoins, à l’heure où nous écrivons ces lignes, le parti socialiste et le nouveau parti de centre droit « Ciudadanos » viennent de conclure un accord de gouvernement de type social-démocrate. Ensemble, ces deux partis ne disposent pas de majorité au parlement, mais ils sont dirigés par deux jeunes loups de la politique qui peuvent apporter du sang neuf et des idées nouvelles. Néanmoins ce gouvernement sera bien fragile et sous la coupe des autres partis qui resteront dans l’opposition et joueront le rôle d’arbitre, prêt à le renverser.

Le cas espagnol se complique aussi de l’obsession nationaliste du gouvernement provincial Catalan. La province est désormais dirigée par les indépendantistes qui veulent organiser un référendum d’autodétermination. Cette situation qui frise le ridicule empeste toutes les relations entre les partis politiques. Autant dire que l’Espagne est à la croisée des chemins. Les choix qu’elle fera lors des prochains mois peuvent la conduire vers la renaissance ou la chute. Cela serait dommage, à un moment où l’espoir renait avec une nette amélioration de l’économie, en particulier du secteur immobilier qui fut à l’origine de la crise qui la frappa.

Une bombe à retardement
Une bombe à retardement

 En France, le débat est surréaliste. Les Politiques se battent sur des sujets annexes, comme la déchéance de la nationalité pour les criminels, et occupent les media avec des problèmes subalternes pour éviter de parler des vrais problèmes autrement plus graves comme la perte de compétitivité de la France et la démotivation généralisée de la population qui ne croit plus en elle-même et voit l’avenir sombre. La situation de la France illustre, une nouvelle fois, la faillite totale de l’idéologie socialiste qui mène les pays à la ruine. Le gouvernement actuel tente de sauver les meubles en amorçant, tardivement, un semblant de politique libérale, mais se heurte à l’hostilité des idéologues du parti qui pensent encore comme au XIXème siècle ! Les réformes essentielles ne sont pas faites et la France s’enfonce inexorablement vers le déclin. Son endettement qui s’aggrave chaque année est intenable et hypothèque son avenir. Les prédictions, à moyen terme, demeurent donc extrêmement sombres et nous renouvelons notre conseil aux jeunes diplômés qui rêvent d’un avenir meilleur et ne veulent pas vivre dans un pays décadent: émigrez ! Il existe de nombreuses opportunités de par le monde, dans des pays qui ne sont pas rongés par le socialisme, en particulier en Amérique du Nord.

En Italie, Mateo Renzi semble prendre le taureau par les cornes pour réformer le pays, miné lui aussi par un socialisme rampant qui ne dit pas son nom mais qui imprègne la mentalité de toute la société. Pour l’instant, on ne voit aucun signe sérieux de reprise économique car les mesures mises en œuvre ont été effectuées tardivement et à doses homéopathiques. Comme tous les pays du Sud, de la Grèce au Portugal, en passant par la France, l’Italie est gangrenée par les lourdeurs administratives d’une armée de fonctionnaires inorganisés et démotivés. Comme ailleurs, l’Etat Providence est à bout de souffle à force d’assistanat généralisé et conduit le pays, pas à pas, vers la précarité. De son côté, le problème Grec resurgira à un moment ou à un autre, lorsqu’il faudra à nouveau donner des milliards pour « sauver » le pays. Là encore, le manque de courage politique des dirigeants européens est flagrant.

Le plus grave, sans doute, au-delà même du problème de la dette, c’est l’incapacité de l’Europe à établir une stratégie globale face à l’arrivée massive de migrants de toutes sortes qui risque de la submerger. S’il existait un vrai gouvernement européen, capable de définir une politique globale et de la faire respecter, il serait possible de déterminer des critères d’acceptation et d’élaborer des plans d’intégration. Au lieu de cela, l’Europe est tétanisée et chaque pays établit ses propres normes, sans concertation. Ce « chacun pour soi » génère des animosités entre les nations qui rappellent de mauvais souvenirs. Par ailleurs, si demain les taux d’intérêts montent, de nombreux pays seront pris à la gorge et les pays prêteurs demanderont des comptes aux emprunteurs. Le chaos sera total et l’animosité se traduira en confrontation.

Ce panorama tragique peut paraître excessif et trop pessimiste. Il se peut qu’il soit simplement réaliste ! D’année en année, nous voyons l’Europe se déliter et aujourd’hui, quelque soit la direction vers laquelle se porte notre regard, l’horizon est sombre. L’Europe pourrait sombrer dans la pauvreté et la guerre si les peuples ne réagissent pas en reprenant le pouvoir confié à des politiciens démagogues. L’année en cours sera sans doute décisive pour son destin et 2017 sera l’année où l’on règlera les comptes. L’Europe existera peut-être encore sur le papier, mais dans la réalité elle pourrait être mort-née…

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